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Le developpement local face a la politique de decentralisation

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par Yelba Patrice ILBOUDO
Ecole doctorale en dynamique des espaces et sociétés / Université de Ouagadougou - Master II R 2009
  

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I.2.2- Les résultats de la démarche gestion des terroirs

L'adoption de cette approche par la plupart des projets de gestion des ressources naturelles intervenant dans le Sahel, a contribué à la réalisation d'un certain nombre d'acquis parmi lesquels Serigne M.T et Bara. G citent :

> le déplacement de l'échelle de planification et de mise en oeuvre des

programmes de développement du niveau central vers le niveau local ;

> l'implication plus forte des populations locales dans les actions de

développement ;

> le renforcement de la concertation interne entre les acteurs ;

> la prise en compte plus affirmée de la dimension organisationnelle et

méthodologique à la place des «paquets technologiques» ;

> le développement d'une vision globale du concept de développement ;

~ l'éveil ou la résurgence de la conscience écologique des populations locales,

etc.

I.2.3- Les limites de la démarche gestion des terroirs

Toujours par rapport aux explications de la coopération française, la démarche gestion des terroirs a connu trop de limites; limites au nombre desquelles on peut citer :

- l'application de la démarche parfois trop mécaniste : La volonté de structurer la démarche et de lui donner une cohérence théorique a dans certains cas, nui au réalisme de l'approche et au souci de responsabiliser les populations.

- les difficultés à déboucher sur des réalisations concrètes : En l'absence de procédures fixant les marches à suivre pour l'instruction, le financement et

l'exécution des plans, certaines initiatives ont été mal conçues ou mal réalisées ; d'autres ont été abusivement subventionnées.

- les structures d'intervention mal adaptées : Les structures d'intervention adaptées ne sont pas exemptes de reproches. La gestion des personnels et des financements des projets, qui obéit en fait au cadre administratif général, rend l'autonomie des projets souvent fictive. Les équipes de terrain disposent rarement de la souplesse d'intervention nécessaire.

- un contexte économique et institutionnel contraignant : Diverses contraintes d'ordre économique et institutionnel ont également pesé sur la mise en place des actions de gestion de terroirs (Ministère de la coopération Française, 1994).

Par rapport à toutes ces limites, les différents pays se voient donc obligés de progresser vers une approche de développement local

I.2.4- Vers le développement local

Selon toujours cette coopération, la démarche « gestion des terroirs » en posant en préalable à toute intervention l'acquisition d'une connaissance approfondie du milieu, a permis une meilleure identification avec les populations rurales des véritables contraintes à une mise en valeur durable des espaces ruraux. Elle a fait ressortir la prééminence des facteurs sociaux, législatifs et économiques sur les seules contraintes techniques.

Elle a également montré qu'il s'agissait moins de sensibiliser les populations que de leur donner les moyens de s'organiser, de concevoir de nouvelles pratiques et d'en gérer elles-mêmes la mise en oeuvre en tant que maîtres d'ouvrage.

Compte tenu de l'expérience acquise sur le terrain, l'approche a progressivement évolué. Elle aboutit aujourd'hui à ce que l'on appelle une « approche de développement local » qui se différencie de l'approche gestion des terroirs sur les points suivants :

Un diagnostic plus global : les projets ont aujourd'hui pour premier souci de porter leur zone d'intervention un diagnostic global. L'Etat veut ainsi se donner les

moyens de mieux soutenir les initiatives des populations et d'identifier les axes d'intervention complémentaires qui dépassent l'échelle des terroirs, mais conditionnent néanmoins leur mise en valeur durable.

La GT n'est plus une fin en soi, mais la composante d'un développement local durable.

Des communautés actrices et responsables : les projets ne désignent plus eux- mêmes les communautés- cibles, mais interviennent à la demande auprès des communautés qui, après une campagne d'information, sollicitent leur appui en exprimant des problèmes précis. Un contrat sommaire confirmant l'accord des communautés sur les conditions d'intervention générales du projet doit être établi.

Des procédures transparentes : un second souci est d'instruire et de financer les initiatives des communautés d'une façon qui garantisse au mieux leur caractère pertinent et responsable (idem).

Aussi, des procédures claires et transparentes doivent être conçues avec des représentants villageois, qui définissent la marche à suivre pour l'instruction, le financement et la mise en oeuvre des initiatives locales ; ainsi que les tâches de chacun des partenaires et leurs relations de collaboration. L'implication directe des villageois dans la formulation de ces règles et mécanismes d'intervention est actuellement favorisée à travers l'instauration de commissions paysannes. (Ministère de la Coopération Française, 1994)

Les différentes voies explorées au cours de ces vingt dernières années pour promouvoir une production agricole soutenue dans les pays du sahel ont en partie déçu. La recherche systématique d'un accroissement de la productivité à travers l'introduction raisonnée de techniques d'intensification a quelque peu occulté la prise en compte des autres contraintes du monde rural. Dans un contexte de baisse des revenus agricoles, la conjugaison d'une évolution climatique défavorable et d'une pression démographique croissante a induit une dégradation accélérée des ressources naturelles et du capital productif.

Devant l'impuissance des projets sectoriels à juguler ces problèmes selon cette coopération française, et tenant compte des nouvelles politiques de

libéralisation de l'économie et de décentralisation des pouvoirs de l'Etat, beaucoup de pays africains ont tenté de promouvoir des modes d'intervention plus participatifs et plus globaux, dits de « développement local », qui visent à :

- Appuyer les initiatives de développement à la base en renforçant la

responsabilisation des populations dans l'aménagement et la gestion durable de l'espace et des ressources naturelles ;

- Favoriser la redéfinition des rôles de l'administration ;

- Appuyer la structuration de la société civile et l'émergence d'opérateurs locaux

de développement.

Le concept de développement local se révèle de plus en plus donc comme une panacée pour de nombreux projets intervenant en Afrique. Il s'inscrit dans le cadre d'une recherche de développement le plus approprié dans un contexte de décentralisation affichée comme option dans ces pays africains, qui prend le relais des formules de développement participatif ou d'autopromotion connues jusqu'ici à travers des projets localisés et limités dans leurs actions. Nécessité donc s'impose à nous de présenter les origines de ce processus de décentralisation qui défraie la chronique dans nos contrées africaines.

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