I.2.2- Les résultats de la démarche gestion
des terroirs
L'adoption de cette approche par la plupart des projets de
gestion des ressources naturelles intervenant dans le Sahel, a contribué
à la réalisation d'un certain nombre d'acquis parmi lesquels
Serigne M.T et Bara. G citent :
> le déplacement de l'échelle de planification
et de mise en oeuvre des
programmes de développement du niveau central vers le
niveau local ;
> l'implication plus forte des populations locales dans les
actions de
développement ;
> le renforcement de la concertation interne entre les acteurs
;
> la prise en compte plus affirmée de la dimension
organisationnelle et
méthodologique à la place des «paquets
technologiques» ;
> le développement d'une vision globale du concept de
développement ;
~ l'éveil ou la résurgence de la conscience
écologique des populations locales,
etc.
I.2.3- Les limites de la démarche gestion des
terroirs
Toujours par rapport aux explications de la coopération
française, la démarche gestion des terroirs a connu trop de
limites; limites au nombre desquelles on peut citer :
- l'application de la démarche parfois trop
mécaniste : La volonté de structurer la démarche et de lui
donner une cohérence théorique a dans certains cas, nui au
réalisme de l'approche et au souci de responsabiliser les
populations.
- les difficultés à déboucher sur des
réalisations concrètes : En l'absence de procédures fixant
les marches à suivre pour l'instruction, le financement et
l'exécution des plans, certaines initiatives ont
été mal conçues ou mal réalisées ; d'autres
ont été abusivement subventionnées.
- les structures d'intervention mal adaptées : Les
structures d'intervention adaptées ne sont pas exemptes de reproches. La
gestion des personnels et des financements des projets, qui obéit en
fait au cadre administratif général, rend l'autonomie des projets
souvent fictive. Les équipes de terrain disposent rarement de la
souplesse d'intervention nécessaire.
- un contexte économique et institutionnel contraignant
: Diverses contraintes d'ordre économique et institutionnel ont
également pesé sur la mise en place des actions de gestion de
terroirs (Ministère de la coopération Française, 1994).
Par rapport à toutes ces limites, les différents
pays se voient donc obligés de progresser vers une approche de
développement local
I.2.4- Vers le développement local
Selon toujours cette coopération, la démarche
« gestion des terroirs » en posant en préalable à toute
intervention l'acquisition d'une connaissance approfondie du milieu, a permis
une meilleure identification avec les populations rurales des véritables
contraintes à une mise en valeur durable des espaces ruraux. Elle a fait
ressortir la prééminence des facteurs sociaux, législatifs
et économiques sur les seules contraintes techniques.
Elle a également montré qu'il s'agissait moins
de sensibiliser les populations que de leur donner les moyens de s'organiser,
de concevoir de nouvelles pratiques et d'en gérer elles-mêmes la
mise en oeuvre en tant que maîtres d'ouvrage.
Compte tenu de l'expérience acquise sur le terrain,
l'approche a progressivement évolué. Elle aboutit aujourd'hui
à ce que l'on appelle une « approche de développement local
» qui se différencie de l'approche gestion des terroirs sur les
points suivants :
Un diagnostic plus global : les projets ont aujourd'hui pour
premier souci de porter leur zone d'intervention un diagnostic global. L'Etat
veut ainsi se donner les
moyens de mieux soutenir les initiatives des populations et
d'identifier les axes d'intervention complémentaires qui
dépassent l'échelle des terroirs, mais conditionnent
néanmoins leur mise en valeur durable.
La GT n'est plus une fin en soi, mais la composante d'un
développement local durable.
Des communautés actrices et responsables : les projets
ne désignent plus eux- mêmes les communautés- cibles, mais
interviennent à la demande auprès des communautés qui,
après une campagne d'information, sollicitent leur appui en exprimant
des problèmes précis. Un contrat sommaire confirmant l'accord des
communautés sur les conditions d'intervention générales du
projet doit être établi.
Des procédures transparentes : un second souci est
d'instruire et de financer les initiatives des communautés d'une
façon qui garantisse au mieux leur caractère pertinent et
responsable (idem).
Aussi, des procédures claires et transparentes doivent
être conçues avec des représentants villageois, qui
définissent la marche à suivre pour l'instruction, le financement
et la mise en oeuvre des initiatives locales ; ainsi que les tâches de
chacun des partenaires et leurs relations de collaboration. L'implication
directe des villageois dans la formulation de ces règles et
mécanismes d'intervention est actuellement favorisée à
travers l'instauration de commissions paysannes. (Ministère de la
Coopération Française, 1994)
Les différentes voies explorées au cours de ces
vingt dernières années pour promouvoir une production agricole
soutenue dans les pays du sahel ont en partie déçu. La recherche
systématique d'un accroissement de la productivité à
travers l'introduction raisonnée de techniques d'intensification a
quelque peu occulté la prise en compte des autres contraintes du monde
rural. Dans un contexte de baisse des revenus agricoles, la conjugaison d'une
évolution climatique défavorable et d'une pression
démographique croissante a induit une dégradation
accélérée des ressources naturelles et du capital
productif.
Devant l'impuissance des projets sectoriels à juguler
ces problèmes selon cette coopération française, et tenant
compte des nouvelles politiques de
libéralisation de l'économie et de
décentralisation des pouvoirs de l'Etat, beaucoup de pays africains ont
tenté de promouvoir des modes d'intervention plus participatifs et plus
globaux, dits de « développement local », qui visent à
:
- Appuyer les initiatives de développement à la
base en renforçant la
responsabilisation des populations dans l'aménagement et
la gestion durable de l'espace et des ressources naturelles ;
- Favoriser la redéfinition des rôles de
l'administration ;
- Appuyer la structuration de la société civile et
l'émergence d'opérateurs locaux
de développement.
Le concept de développement local se
révèle de plus en plus donc comme une panacée pour de
nombreux projets intervenant en Afrique. Il s'inscrit dans le cadre d'une
recherche de développement le plus approprié dans un contexte de
décentralisation affichée comme option dans ces pays africains,
qui prend le relais des formules de développement participatif ou
d'autopromotion connues jusqu'ici à travers des projets localisés
et limités dans leurs actions. Nécessité donc s'impose
à nous de présenter les origines de ce processus de
décentralisation qui défraie la chronique dans nos
contrées africaines.
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