I.2- Du développement rural intégré au
développement local
L'approche dite de « gestion des terroirs »,
apparait au Burkina Faso en 1984. Cependant, dès les années 60 et
dans la décennie 70, des initiatives similaires mais relativement
isolées avaient vu le jour ; notamment au Niger, au
Sénégal et au Mali avec la mise en place d'unités
expérimentales de gestion agro-sylvo-pastorales. Elle nait de la
convergence de plusieurs démarches (animation rurale, lutte contre la
désertification, recherche-développement, organisation des
filières de production et de commercialisation etc.) et tente de
répondre à des préoccupations que les projets
antérieurs n'avaient pas su ou pu absorber : la mise en valeur durable
du patrimoine naturel, la prise en main du développement par les
communautés locales, la promotion des entreprises de service
privés ou associatives (coopération française,
1994). Ici il est question de voir comment les différents
gouvernements africains sont passés d'une approche de GT à une
approche de développement local.
I.2.1- L'émergence de la démarche gestion des
terroirs
Dans le but de mieux appréhender le sujet, nous l'avons
scindé en deux périodes.
- De 1960 à 1980 : la voie «
productiviste«
Durant cette période, selon la coopération
française, les stratégies de développement mettent
l'accent sur l'introduction et la diffusion de « paquets technologiques
» devant permettre l'augmentation de la production agricole et la
croissance économique. Dans un contexte économique relativement
favorable et un environnement naturel considéré comme stable,
cette voie du développement « productiviste » permet certains
succès tel que l'extension des cultures réservées à
l'exportation : coton, arachides ... (coopération française,
1994).
Cependant, les limites du model apparaissent rapidement. Les
techniques et matériels introduits ne bénéficient pas
systématiquement aux productions vivrières qui restent largement
extensives. L'occupation des espaces agricoles utiles s'accélère
du fait de l'expansion démographique rapide et conduit localement
à une dégradation du potentiel naturel productif (idem).
A cette situation s'ajoutent la lourdeur et le dirigisme des
structures d'encadrement et de services créées par les Etats en
amont et en aval des producteurs. Dans le courant des années 1980, avec
l'apparition de projets dits de « développement rural
intégré », ces structures paraétatiques se voient de
plus confier l'amélioration des équipements collectifs, ce qui
alourdis encore leur fonctionnement et grève leur budget. Comme
corollaire, les services aux producteurs et la maintenance des
équipements se dégradent sans que les organisations paysannes,
les collectivités locales quand elles existent ou le secteur
privé soient en mesure d'assurer le relais (ministère de la
coopération Française, 1994).
- Le milieu des années 1980 :
L'émergence de l'approche GT
L'approche se base sur le concept de terroir. Celle-ci
désigne un espace géographique de taille variable, continu ou
discontinu qui réunit l'ensemble des terres contrôlées par
une communauté rurale : terres cultivées, jachères, zone
sylvo- pastorales, brousse. Le terroir constitue à la fois un
repère (pour justifier l'appropriation des ressources ou le refus de les
partager) et une garantie de cohérence (le terroir est un lieu
d'enracinement et d'évolution de la société
villageoise).
Dans cet espace délimité par le droit coutumier,
l'objectif est d'initier par des mesures d'incitations financières et
par la fourniture de conseils, un double processus :
- De restauration et de gestion durable des ressources
naturelles,
- D'intensification des productions végétales et
animales et de diversification
des services en amont et en aval de la production agricole.
(Ministère de la coopération française, 1994)
L'idée est aussi de susciter la création
d'organisations villageoises représentatives capables de mobiliser la
population autour de ces enjeux, de
négocier et de faire respecter une règlementation
de l'utilisation des ressources naturelles par les habitants du village comme
par leurs voisins.
Toutefois, la démarche gestion des terroirs a pour
objectif principal de créer les conditions nécessaires à
l'établissement de formes d'utilisation des terres qui soient à
la fois durables, sans préjudice majeur pour l'environnement,
socialement acceptables et économiquement rentables (Simbroek et al,
1994 cité par Serigne ; M. T et Bara.G, 2002).
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