Chapitre I- la problématique et les
hypothèses de
recherche
Dans ce chapitre, il est question dans un premier temps de
faire ressortir le problème posé dans son contexte
général ; dans un second temps, de montrer comment les
différents Etats africains sont arrivés à passer d'une
approche de développement intégré à cette approche
de développement local. Dans un troisième et dernier temps, nous
allons faire un bref historique de la décentralisation et en passant
faire l'état des lieux de celle-ci au Burkina Faso (BF).
I.1- le contexte général
La question du développement humain est si
préoccupante aujourd'hui qu'elle mobilise les acteurs à tous les
niveaux : institutionnel, administratif, associatif, etc. Pendant plusieurs
décennies, les pays africains ont été soumis à un
système de gestion dirigiste n'ayant forcément pas pris en compte
les besoins essentiels des populations à la base. Mais malgré les
immenses richesses naturelles (60% du total de la planète) dont
disposent les pays en voie de développement, les peuples sont
d'éternelles victimes des maladies endémiques, de la
sécheresse, de l'analphabétisme, de la dégradation de
l'environnement et du cadre de vie, et d'une paupérisation de plus en
plus grandissante. (PNUD, 1996).
En effet, pendant les deux décennies qui ont suivi les
indépendances (période dite du « Tout Etat «), l'effort
de développement dans les pays du sahel par la mise en oeuvre de
certains programmes d'aménagement du territoire ne s'est pas
réduit à la seule intervention de la puissance publique ;
même si elle a été forte dans tous les secteurs de
l'économie. A ces programmes ont succédé des années
plus tard l'ère des projets qui s'est affirmée au cours des
années 70. Ces projets étaient d'inspiration technocratique et
faisaient peu de place à la participation des producteurs peu ou pas
associés à la définition des objectifs et des contenus du
projet. (Ministère de l'Agriculture et des Ressources Animales, 1992).
Pendant cette
ère des projets, deux stratégies valorisant le
niveau local ont commencé à s'affirmer : Il s'agit de l'action
des ONG et de la politique de décentralisation menée par
certains
pays africains. La période des années 85
à nos jours est dominée dans tous les pays du sahel par le
désengagement des Etats qui se traduit par un ensemble de mesures. Cette
période qui pourrait être analysée comme une ère de
responsabilisation des organisations populaires, est également
marquée par la dualité des stratégies insuffisamment
concertées entre l'Etat et les populations. (Idem).
Dans le contexte par exemple du Burkina, l'Etat a
défini des priorités de développement à travers le
cadre stratégique de lutte contre la pauvreté (CSLP)
basées sur quatre points focaux que sont :
- le renforcement d'une croissance équitable ;
- la garantie de l'accès des plus pauvres aux services
sociaux de base ;
- la multiplication des opportunités d'emploi et de
production de revenu auprès des plus pauvres ;
- et la promotion de la bonne gouvernance. (MEDEV,
2004).
D'où sa lettre de politique de développement
rural décentralisé (LPDRD) qui s'appuie sur un certain
nombre de principes. A l'analyse, ces principes apparaissent aujourd'hui comme
un ensemble d'étapes vers un appui au développement local
susceptible d'apporter un éclairage nouveau sur une gestion
raisonnée et durable des ressources naturelles. (MEF, 2009).
Le concept de développement local paraît encore
insuffisamment maîtrisé et d'importants débats ont
été mené ou se mènent toujours. Sous cet angle, il
paraît nécessaire de cerner les origines de celui-ci ainsi que les
contenus que les autres lui donnent afin de mieux comprendre son
opportunité dans le contexte et les réalités de ces pays
à dominance rurale.
Ainsi, le développement local pourrait se
définir comme un processus dynamique dans lequel les acteurs
organisés et mobilisés initient et mettent en oeuvre des actions
sur un espace donné en vue de l'amélioration de leurs conditions
de vie. (Benoit Lisch, 1995). Il doit par ailleurs s'appuyer sur
certains éléments de base tels que : la gouvernance locale, une
vision commune du développement de la collectivité, une
réappropriation de l'espace collectif, une auto analyse des besoins,
la participation des populations, la prise en compte des
besoins individuels et collectifs et la mise en place d'une plateforme de
travail négociée entre partenaires (idem).
Mais comment en est-on arrivé à passer d'une
approche descendante à cette approche de développement local ?
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