I.3- L'historique de la décentralisation
La constitution de 1991 du Burkina soulignait que la
décentralisation est un élément clef pour la promotion de
développement et de la démocratie et dans la lutte contre la
pauvreté. Elle vise également à donner aux initiatives
locales, un environnement institutionnel permettant de la valider et de
pérenniser ainsi la dynamique de développement « local«
qui donne aux acteurs leurs véritables places et responsabilités
dans la prise en charge de leur propre devenir. La décentralisation
apparaît a priori comme un instrument de facilitation et de consolidation
du développement de proximité en rupture avec les pratiques d'un
développement centralisé, initié et programmé sans
implication véritable des acteurs locaux que cette
décentralisation va désormais considérer comme
organisation de la société civile (Marc Totté et al,
2003).
En effet, le discours sur le développement a beaucoup
changé au cours des vingt dernières années
parallèlement à la remise en cause du rôle de l'Etat,
à la mise en oeuvre des politiques d'ajustement structurel et de la
décentralisation. On a beaucoup vanté l'émergence d'une
démocratie locale capable de contrebalancer les tendances
hégémoniques des Etats centralisateurs.
I.3.1- Une décentralisation imposée par les
bailleurs de fonds
Si les politiques de municipalisation et de communalisation
ont été mises en oeuvre bien avant la période des
ajustements structurels y compris pendant la période coloniale, elles
ont le plus souvent été conçues par l'Etat central pour
encadrer la société. La réforme des Etats pendant la
première phase de l'ajustement structurel a perpétué cette
logique : elle se limitait à une déconcentration, les pouvoirs
publics préservant la plupart de leurs prérogatives. Au cours de
la deuxième phase, les bailleurs de fonds ont tenté d'imposer des
politiques de décentralisation complète en faisant pression sur
les Etats ; tandis que ces derniers essayaient de maîtriser au mieux ces
processus grâce notamment au contrôle des moyens budgétaires
des organisations locales ou à la « caporalisation » des
associations (Marc Totté et al, 2003)
La décentralisation en Afrique de l'ouest ne prend donc
réellement son essor que dans les années 90 par une
accélération du mouvement de démantèlement des
Etats sous les pressions des bailleurs. La transformation des institutions
nationales revêt ainsi une importance considérable dans les
politiques prônées par les institutions de Bretton Woods ;
lesquelles voient dans la décentralisation et les organisations de base
un moyen de promouvoir le « capital social » en tant que
réseau d'acteurs non institutionnels. En outre, pour les pays
francophones, l'unicité des voies empruntées tient
également au fait que les textes juridiques sont pour une grande part
calqués sur les lois françaises de décentralisation ; bien
que leur degré d'application ait été assez variable
(idem).
Pourtant, il est possible de déceler des
originalités nationales dans l'application des réformes selon
Marc totté, Tarik Dahou et René Billaz (2003) ; l'histoire
des sociétés a imprimé sa marque aux évolutions
institutionnelles et politiques de chaque pays. En effet les réformes se
caractérisent par des rythmes
différents, résultats de forces contradictoires
: Au sein de cadres historiques variés, la trajectoire des Etats qui
tentent de reproduire leur hégémonie et les stratégies des
institutions internationales qui tiennent à faire appliquer leurs
recommandations. Il est par conséquent important de présenter
l'évolution de ces réformes. Le BF est le pays retenu pour faire
l'objet d'études de cas. Ce pays a en effet été choisi
pour illustrer comment se sont manifestées les
spécificités nationales dans la mise en oeuvre de la
décentralisation.
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