des enjeux tarn-et-garonnais
La méthodologie mise en place pour mesurer la
capacité des bourgs à structurer leur espace environnant s'appuie
sur plusieurs entrées thématiques. Ces sujets d'analyse ont
été choisis à partir des enjeux du département et
en fonction des leviers de développement des bourgs.
Par ailleurs, la méthodologie s'inspire
d'études antérieures. Ainsi la DDE du Gers a mené une
étude semblable sur le département gersois. L'objectif de cette
étude : « Quelle place pour les bourgs-centres dans la
structuration de l'espace rural ? Analyses et perspectives : le cas
gersois »1 a été de dresser une typologie
permettant une lecture stratégique du territoire. Ce travail s'est
basé sur une méthode, créée par M.COHOU, ancien
maître de conférences de l'Université du Mirail, pour
mesurer la capacité de structuration des bourgs par l'emploi et
l'économie.
Cette étude constitue un apport intéressant pour
la présente démarche, qui se développe néanmoins
dans un nouveau contexte territorial et institutionnel.
L'organisation des différentes entrées
thématiques au sein d'une méthodologie a été
ensuite nécessaire pour assurer la cohérence de
l'étude.
A) Choix des thématiques de recherche à
partir d'anciennes études et des spécificités
territoriales
1) L'importance des bassins d'emploi et du rapport
emplois/actifs
M. COHOU a travaillé sur les bourgs de
Midi-Pyrénées et a développé une méthode
fondée sur l'activité et les mobilités qui donne
l'aperçu du niveau d'attractivité des bourgs sur leur espace
environnant.
Ce procédé d'analyse s'appuie sur les
indicateurs statistiques de l'INSEE issus des recensements
généraux de la population. Pour évaluer la capacité
du bourg à structurer l'espace en tant que centre économique
local, M. COHOU a travaillé sur deux indicateurs inter-reliés
:
1 CANTIN T. Quelle place pour les bourgs-centres
dans la structuration de l'espace rural ? Analyses et perspectives : le cas
gersois, Mémoire de maîtrise IUP, septembre 2003
Schéma de la méthode de M.
COHOU
Source : DDE du Gers
· Un indicateur économique :
l'étude du rapport emploi/actif et de son évolution dans le
temps. Un bourg bénéficiant d'un rapport emploi/actif faible est
généralement dépendant d'un pôle d'emploi voisin
puisqu'il compte plus d'actifs que d'emplois. A l'inverse, un rapport
emploi/actif élevé est un indicateur clé pour
caractériser les bourgs pôles d'emplois.
· Indicateur de mobilité :
l'analyse des migrations domicile-travail des actifs. En identifiant les lieux
de résidence et de travail des actifs, les recensements de l'INSEE
donnent la possibilité de délimiter les bassins d'emplois des
bourgs. La prise en compte des flux d'échanges domicile-travail entre
les communes permet d'analyser les rôles respectifs des pôles et
des autres bourgs et d'identifier les différents niveaux de
dépendance.
Par conséquent, en mesurant le nombre d'emplois
disponibles sur un bourg et l'origine résidentielle de ceux qui
l'occupent, M.COHOU compare le nombre d'actifs travaillant sur le
bourg provenant de l'espace environnant, les actifs
résidant et travaillant sur le bourg et enfin les actifs résidant
dans le bourg mais travaillant dans les pôles urbains proches.
Cette méthode appliquée dans le Gers doit
être adaptée au département du Tarn-et-Garonne. En effet
pour être pertinents, ces indicateurs doivent être récents
et coller au plus près des réalités territoriales. Or
l'INSEE depuis 1999 ne publie plus la donnée des migrations
domicile-travail. Ainsi l'approche développée par M.COHOU ne peut
être reprise que partiellement pour analyser la capacité de
structuration des bourgs en Tarn-et-Garonne. Le rapport emploi/actif peut
être réutilisé mais l'indicateur de mobilité, faute
de données récentes, doit être adapté.
De ce fait, nous avons choisi d'observer les flux
d'échanges 1999 en tant que tendance mais pas en valeur absolu. A
l'échelle régionale, le nombre d'actifs exerçant des
migrations pendulaires entre leur domicile et leur lieu de travail a
augmenté ces dernières années ; cependant, nous
émettons l'hypothèse que les limites des zones d'influences
préférentielles de chaque bourg n'ont que peu
évolué depuis 1999.
L'étude des bassins d'emplois se base sur les liaisons
domicile-travail (recensement 1999). Ces données sont
bipolarisées : pour une commune A, on connaît le nombre d'actifs
sortant avec le lieu de destination (communes B,C,D...) et le nombre d'actifs
entrants originaires des différentes communes. Ce fichier nous renseigne
également sur le nombre d'actifs travaillant sur leur propre commune.
Le département tarn-et-garonnais est globalement
influencé par les deux pôles urbains que sont Montauban et
Toulouse. En effet, à l'image de la carte des aires urbaines, une
majorité des communes du sud du département envoie plus de 40 %
de leurs actifs sur ces deux pôles d'emplois. On note également
une frange de communes multipolarisées « communes situées
hors des aires urbaines, dont au moins 40 % de la population résidente
ayant un emploi travaille dans plusieurs aires urbaines, sans atteindre ce
seuil avec une seule d'entre elles, et qui forment avec elles un ensemble d'un
seul tenant »1, qui sert de frontière entre ces deux
aires urbaines géographiquement très proches.
1 Définition INSEE commune
multipolarisée
Le couloir Toulouse-Montauban : un territoire
métropolitain
Source : INSEE 1999
L'approche par aires urbaines explicite de façon claire
le phénomène de métropolisation. Cependant nous avons
délibérément souhaité analyser les bassins
d'emplois à échelle plus petite afin d'avoir des indicateurs sur
le niveau de structuration des bourgs sur leur environnement proche.
Ainsi pour toutes les communes du département nous
avons regardé le lieu de destination dominant des actifs sortants sur
les bourgs de notre échantillon. Les flux d'actifs les plus importants
à destination des bourgs sélectionnés ont
été matérialisés par un lien.
Cette analyse des bassins d'emplois des bourgs doit cependant
être maniée avec prudence, puisqu'on ne perçoit pas
l'attractivité de Montauban ni des pôles d'emplois qui se trouvent
en dehors du département. Toutefois l'influence de Montauban est
indirectement perceptible, comme le montre la densité importante de
bourgs sans attractivité autour de cette ville-centre.
Les sous-bassins d'emplois du Tarn-et-Garonne
Réalisation DDE 82, Source : INSEE 99
La carte des sous-bassins d'emplois du Tarn-et-Garonne,
confirme les diagnostics économiques antérieurs du
département, à savoir que les bourgs de taille
démographique importante comme Castelsarrasin, Moissac,
Beaumont-de-Lomagne, Valence et Caussade attirent de nombreux actifs sur un
large espace, alors que la majorité de bourgs proches de Montauban
n'exerce aucune attractivité sur les espaces environnants.
La localisation particulière de la commune de La
Ville-Dieu-du-Temple, située entre deux grandes villes, explique qu'elle
ne possède pas une grande capacité à attirer des actifs
extérieurs. Ce bourg envoie donc la majorité de ses actifs, sans
prise en compte de Montauban, sur la commune de Castelsarrasin.
Face à l'ancienneté des chiffres et la non
matérialisation de l'influence de Montauban, l'étude des
sous-bassins d'emplois a été enrichie d'autres indicateurs pour
rendre compte du potentiel économique et de la santé de l'emploi
sur les bourgs.
Ainsi nous avons souhaité ajouter l'examen de l'appareil
productif ou encore la prise en compte de la création de nouvelles
entreprises.
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