Analyse du système de commercialisation des noix de cajou produites dans les départements de l'Atacora et de la Donga( Télécharger le fichier original )par Mohamed SALIFOU ISSAKA Université de Parakou - Diplôme d'Ingénieur Agronome 2008 |
5.3. La formation des prix
Le prix de vente des noix de cajou au niveau local dépend de la période. Mais également, il tient compte du prix plancher fixé par le gouvernement en début de campagne. Dans les conditions normales, aucune transaction ne devrait être acceptée en dessous de ce prix plancher. Mais la réalité est que peu d'acteurs respectent ce principe. Toutefois, les variations des prix réels d'achat aux producteurs sont dues non seulement au rythme de demande des noix par les exportateurs, mais aux variations du marché mondial (Pompidou et Gockouski, 2004). La demande de ces derniers est elle-même déterminée par la demande des usines de transformation en Inde et au Pakistan (Singbo et al., 2004). Les variations des prix sur le marché international sont illustrées par la figure 5.1. Le prix des noix de cajou dépend très largement de la taille, de la classe et de la composition des noix. Le standard international est la noix entière W 3202(*). Figure 5.1. : Courbe de variation des prix des noix de cajou sur le marché international (en dollars) Source : Secrétariat de la CNUCED L'analyse de cette courbe montre une augmentation des prix des noix de cajou échangés sur le marché international, entre 1970 et 1981, de plus de 300% en l'espace d'une décennie. Entre 1981 et 2004, la moyenne des prix de ce produit a été de 2,49 dollars. En 1999, il atteint un plafond de 3,18 dollars avant de rechuter en 2001 à 1,45 dollars. Aujourd'hui, le prix est croissant avec 2,25 dollars sur le marché international. On pourrait donc dire que ce prix est encore intéressant et pourrait motiver les différents acteurs lorsqu'on le compare aux prix des autres produits comme le coton. Mais sur le terrain on note une variation des prix moyens au cours de la même campagne. Par exemple lorsqu'un exportateur se trouve dans le besoin de livrer des noix dans un délai très court, il augmente sensiblement le prix d'achat au producteur. Avant que d'autres exportateurs réagissent et ajustent leur prix par rapport aux prix en vigueur, l'exportateur en question aura déjà rassemblé la quasi-totalité de sa demande. Sur le terrain les grossistes et courtiers mandataires de cet exportateur informent les producteurs que c'est le prix plafond de l'année et les incitent à vite livrer leurs produits afin d'éviter la mévente. Au cours de l'étude les paysans ont affirmé que généralement le prix plafond est observé vers fin avril et début mai. Le producteur doit donc jouer sur son expérience pour vendre à bonne période. Certains producteurs conservent leurs noix et attendent la fin de la campagne pour les livrer à un prix rémunérateur. Ils revendent le produit un peu plus cher pour avoir une marge bénéficiaire plus grande. Certaines campagnes sont mauvaises et ils en sortent perdant car au lieu que le prix monte, au contraire il baisse considérablement. La figure 5.2. montre les variations des différents prix sur le marché local durant une période de sept ans. Figure 5.2. : Courbes de variation des prix sur le marché local Source : CeRPA Atacora-Donga Le prix plancher est le prix minimum au producteur (dans les conditions normales). L'évolution de ces courbes montre que le prix plancher est toujours en dessous du prix moyen et du prix plafond pratiqués sur le terrain. On pourrait dire que le prix plancher contribue à la formation du prix moyen observé sur le terrain. Il serait donc intéressant que le prix plancher soit connu très tôt par les producteurs afin qu'ils puissent estimer le prix moyen auquel ils pourraient livrer leurs produits aux acheteurs. Ceci contribuerait un temps soit peu à lever la désinformation dont ils sont victime. La baisse du prix des noix brutes sur le marché mondial ces dernières années a poussé le Viêt-Nam deuxième producteur a transformé 90% de sa production et exporté 10% vers l'extérieur la campagne 2005 (FAO, 2005). L'unique alternative durable aujourd'hui pour les pays africains serait donc la transformation sur place des noix de cajou. Car le prix des amandes est trois fois meilleur à celui des noix de cajou sur le marché international (FAO, 2005). * 2 Les autres calibers de noix qu'on peut rencontrer sont : W 210 ; W 240 ; W280 ; W 400 ; W 450 et W 500. |
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