c) Les implications pédagogiques retenues
I L'entraînement guidé à la
pensée verbale
« Le premier travail pédagogique est donc un
entraînement à la secondarisation de la pensée (et donc
à la pensée verbale15), qui est le propre de
l'écriture et de la lecture, ces deux processus étant, par
ailleurs aussi peu différents que le sont une pente et une côte.
»16 « Il faut aider « les apprenants, qui n'en ont
pas acquis la pratique, à développer, en commençant par
utiliser ce qu'ils connaissent le mieux : parler et écouter, et en les
invitant à composer oralement, c'est à dire contrôler la
mise en forme de leurs discours et, autre volet complémentaire, à
développer une capacité de lecture des faits et des propos tenus
oralement. Car le mouvement de lecture est un mouvement de construction de sens
centripète et celui d'écriture, centrifuge. Ces mouvements
symétriques consistent essentiellement à différer la
compréhension ou l'expression, au lieu de procéder de
façon immédiate et réactionnelle. »17
15 p. 113-115, op. cité, MARANDON,
Gérard, Contribution à l'étude de
l'alphabétisation non fonctionnelle des adultes (« illettrisme
») : approche psychologique pluridimensionnelle de sujets rencontrant des
difficultés pour lire et écrire
16 p. 316, op. cité
Il s'agit donc, en fait, de se réapproprier la langue,
en reconstruisant à la fois, du lien, donc du sens dans les
échanges et à une mise en distanciation à l'aide d'une
pratique langagière à la fois vécue et vue à
distance.
II La prise de possession progressive du contrôle
de la langue
« Ensuite, le mouvement étant amorcé,
l'apprentissage de la langue écrite elle-même peut venir s'y
inscrire progressivement, dès lors qu'on a compris que lire et
écrire sont des actions contrôlées et non la mise en
correspondance immédiate de représentations et de sons, comme
l'est l'utilisation spontanément pragmatique du langage. Les apprenants
peuvent ainsi s'initier peu à peu à l'art d'articuler signifiants
et signifiés, en passant par des opérations d'analyse et de
synthèse des unités linguistiques. »18
III Evaluation et entraînement
A toutes les étapes de cette reconstruction du sens et
de prise de possession du contrôle de la langue, il est nécessaire
d'introduire des phases d'évaluation et d'entraînement de
certaines de ces procédures.
En effet, « soumettre les apprenants à des
dispositifs permettant d'évaluer leur conscience linguistique et leur
dynamisme sémantiques »19 qui sont deux indications
essentielles pour vérifier le niveau d'activité verbo-cognitive
qui a un rôle actif dans l'apprentissage de l'écrit.
Et ensuite, provoquer toutes sortes d'entraînements
favorisant des joutes, concours et défis : joutes orales, jeux de
sociétés (cartes, dames, échecs ...)
Nous avons donc retenu ces deux phases, qui nous paraissent
indispensables afin de redonner une certaine confiance, une estime de soi en
évitant de replacer les apprenants dans des situations
apparentées à des situations « scolaires » et qui ne
feraient que les rebuter.
17 p. 316, op. cité
18, p. 316, op. cité, MARANDON,
Gérard, Contribution à l'étude de
l'alphabétisation non fonctionnelle des adultes (« illettrisme
») : approche psychologique pluridimensionnelle de sujets rencontrant des
difficultés pour lire et écrire
19 p. 317, op. cité
C'est pourquoi, nos propositions et notre projet n'ont pour
ambition que de préparer les apprenants à un dispositif de
remédiation à l'illettrisme, systématique, adapté
aux conditions socio-culturelles des apprenants.
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