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Etude de l'impact des politiques de réduction des risques (rdr) des drogues injectables sur le VIH/SIDA

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par Cyicarano Solange, Lamy sophie
Université d'Auvergne - Master Economie de la Santé 2006
  

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I.C.2. PROGRAMME D'ECHANGE DE SERINGUES

Un accès facile aux seringues est une condition nécessaire de la réduction de la transmission du VIH. Une large disponibilité des seringues doit conduire à réduire encore les diverses formes de partage des seringues ou leur réutilisation même personnelle, le nombre de seringues usagées en circulation ou abandonnées sur les lieux publics et l'incitation à des pratiques sexuelles à moindre risques.

Par définition, les PES sont des projets animés par une équipe d'intervenants divers (travailleurs sociaux, médecins, infirmiers, ex-usagers de drogues) et destinés aux usagers de drogues ne fréquentant pas ou peu les lieux de soins et les circuits médico-sociaux institutionnels auxquels ils offrent un premier contact sans contrainte. Les PES oeuvrent dans des conditions variables (sur site fixe et fermé ou en milieu ouvert de façon itinérante type bus/travail de rue).

Bien que la plupart des pays d'Europe distribuent désormais du matériel d'injection stérile, la nature et l'étendue du service varient selon les pays. Le modèle le plus courant est la fourniture de ce service dans un endroit fixe, généralement une structure spécialisée, mais souvent, l'offre est complétée par des services itinérants (bus) qui tentent d'atteindre les usagers de drogue dans des lieux communautaires. L'échange de seringues et les distributeurs de seringues complètent les services PES disponibles dans huit pays, même si l'offre semble limitée à une poignée de sites, l'Allemagne et la France étant les seuls pays à faire état d'une activité importante dans ce domaine (respectivement 200 et 250 automates environ). L'Espagne est le seul pays de l'UE où des programmes d'échange de seringues sont disponibles dans les prisons, ce service existant dans 27 prisons en 2003. Le seul autre État membre de l'UE à faire état d'une activité dans ce domaine est l'Allemagne, où le service est limité à une seule prison.

La mesure de la couverture des programmes d'échange de seringues est un aspect important pour comprendre les effets probables de la distribution de seringues sur la prévention des maladies et évaluer les besoins non satisfaits. Cependant, pour interpréter ces données, il convient de tenir compte de la distribution de seringues dans le cadre des ventes en pharmacie (prix, densité du réseau de pharmacies) ainsi que des habitudes comportementales des UDI et de facteurs environnementaux. D'autre part, l'achat de seringues en officine peut constituer une source importante de contact avec le service sanitaire pour certains usagers de drogue par voie intraveineuse et il existe clairement une possibilité d'exploiter ce point de contact pour mener à d'autres services. Le travail de motivation et de soutien des pharmaciens à développer les services qu'ils offrent aux usagers de drogue pourrait être un volet important de l'extension du rôle des pharmacies mais, à ce jour, seuls la France, le Portugal et le Royaume-Uni semblent investir véritablement dans ce sens

Il est notoire que de nombreux facteurs influencent la fréquence d'injection chez les usagers de drogue, comme les habitudes de consommation, le degré de dépendance et le type de drogue consommée. Une étude récente portant sur la relation entre la prévalence du VIH et la couverture des programmes de distribution de seringues suggère que des facteurs comportementaux, par exemple la fréquence d'injection et la réutilisation personnelle de seringues, influencent fortement le niveau de distribution de seringues nécessaire pour parvenir à une diminution sensible de la prévalence du VIH (Vickerman et al., 2006). Tous les UDI ne s'exposent pas aux mêmes risques de transmission du VIH et n'ont pas la même motivation à se protéger. Aussi, les interventions en prévention du VIH peuvent cibler les UDI selon leur niveau de risque et leur motivation à adopter des comportements préventifs.

En résumé, au-delà de l'accès aux seringues stériles, d'autres mesures peuvent être adoptées pour permettre de lutter efficacement contre la transmission du VIH chez les UDI. Par exemple, des mesures visant à réduire l'exclusion sociale des UDI, des interventions visant une prise en charge personnelle et de groupe, l'accès à des locaux d'injection supervisés, à des programmes de prescription médicale d'héroïne peuvent faire toute la différence pour un UDI qui tente désespérément de rattraper le fil de sa vie. Ces expériences, qui ont été tentées avec succès (Dolan et al, 2000 ; Wood et al, 2001 ; Comité FPT, 2001), s'avèrent utiles pour la prévention du VIH, mais aussi pour limiter les autres effets néfastes liés à la consommation de drogues par injection comme la criminalisation, la marginalisation et la désorganisation sociale des individus.

Il faut cependant préciser qu'un engagement général en faveur d'une approche globale ne signifie pas que les différents services sont développés ou soutenus de la même manière au niveau national. Pourtant, un certain consensus semble se dégager. Dans une enquête menée auprès des points focaux nationaux, trois personnes interrogées sur quatre jugeaient que les programmes d'échange de seringues combinés à des conseils et une orientation étaient une priorité de la politique nationale concernant la propagation des maladies infectieuses parmi les usagers de drogue par voie intraveineuse. La reconnaissance explicite par autant de pays du rôle joué par la fourniture de matériel d'injection propre dans le cadre de leurs stratégies de prévention du VIH illustre bien le fait que ce type de service est devenu essentiel dans la majeure partie de l'Europe et n'est plus considéré comme un sujet de polémique dans la plupart des pays. Cela ne signifie pas pour autant qu'il existe un consensus général sur les avantages de ce type de service. La Grèce et la Suède, par exemple, n'en ont pas fait une priorité politique, même si, dans l'ensemble, l'image qui se dégage en Europe en termes de mise en oeuvre d'interventions dans ce domaine est relativement homogène, tous les pays, à l'exception de Chypre, ayant déclaré l'existence de programmes d'échange ou de distribution de matériel d'injection stérile

Cas de la France:

En France, l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) estime entre 170 000 et 190 000 le nombre d'usagers de drogues (UD), dont un peu plus de la moitié pourraient être des injecteurs actifs. Afin de minimiser le risque d'infections en lien avec l'usage de drogues, une politique de réduction des risques a été mise en place en France, il y a une dizaine d'années. Le premier outil de la réduction des risques est la libéralisation de la vente des seringues en pharmacie en 1987, suivie au début des années 1990 des programmes

d'échange de seringues, de la diffusion des traitements de substitution aux opiacés (le Subutex® ou Buprénorphine en 1994 et la méthadone en 1995), et de l'accès aux soins avec la création des premiers dispositifs bas seuil à partir de 1993. Implantés à titre expérimental dès 1989, les PES sont reconnus officiellement depuis 1995 dans le cadre de la politique de réduction des risques. En France, les officines fournissent la majeure partie des seringues aux usagers injecteurs (treize millions de seringues vendues en pharmacies pour deux millions distribuées par les associations).

Enfin, concernant la plupart des Pays en Développement (qui ne font partie de notre étude par manque ou absence de données) où la consommation de drogue s'est développée, des problèmes similaires à ceux que connaissent les pays industrialisés émergent. Les conditions socio-économiques et le manque de connaissances sur les risques liés à l'usage de substances psychotropes rendent les toxicomanes plus vulnérables. La consommation de drogue a pris une ampleur et des formes d'autant plus inquiétantes que ces pays sont moins armés que les pays industrialisés pour y faire face. Les études montrent que le VIH s'est développé de façon extrêmement rapide dans les populations de consommateurs de drogues. Ainsi à Bangkok, la prévalence a grimpé de 2% à 40% en moins de deux ans. Le VIH est particulièrement dangereux dans ces pays car il interagit avec des infections communes comme la tuberculose et avec la malnutrition. Le contexte ne facilite pas non plus une prise en charge nationale du problème de la toxicomanie. Enfin, l'obstacle le plus évident à une prise en charge des toxicomanes reste celui des moyens disponibles. Il existe un manque évident d'infrastructures et de compétences, la priorité n'étant souvent pas donnée aux secteurs de la santé et encore moins à ce type de besoins spécifiques.

Le but de notre travail est de produire des résultats économiques utiles pour les chercheurs et les décideurs économiques pour renforcer les politiques RdR et endiguer l'incidence du VIH chez les toxicomanes.

L'exploitation de ces résultats pourrait constituer un argument politique fort pour la mise en place de ces programmes dans les pays en développement.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius