I.B. LES RISQUES LIES A L'USAGE DES DROGUES INJECTABLES
A travers le monde, la majorité des nouveaux
injecteurs de drogues sont des jeunes. Certaines sous populations comme les
jeunes de la rue, les jeunes détenus et les jeunes sans protection sont
particulièrement à risques de s'initier à l'injection.
L'âge moyen de l'initiation à l'injection varie d'une population
à une autre mais la majorité s'initie à la fin de
l'adolescence. Dans plusieurs études, la précocité de
l'initiation est associée à plus de comportement à risques
pour la transmission du VIH.
Chez les IDU, le partage de matériel
d'injection est l'un des principaux comportements à
risque pour la transmission du VIH. Des études ont
démontré que 27 à 66 % des jeunes injecteurs avaient
emprunté ou prêté une seringue au moins une fois dans leur
vie (Hien, 2001; Mullen & Barry, 2001 ; Louie et al., 1996 ; Hahn et al.,
2001 ; Cassin et al., 1998) et qu'entre 34 et 54 % avaient partagé des
seringues récemment, soit au cours du dernier mois ou des six derniers
mois (Fennema et al., 1997 ; Roy et al., 2000). Le partage des autres
matériels d'injection, soit la cuillère, le filtre ou l'eau,
était également très fréquent. En effet, selon les
études, de 67 à 87 % des jeunes rapportaient en avoir
partagé au moins une fois, dans leur vie (Hah et al., 2001 ; Smyth et
al., 2001) et 64 à 87 % récemment (Cassin et al.,1998 ; Smyth et
al., 2001 ; Roy et al. 2000).
Les conditions sociales et environnementales dans lesquelles
les jeunes s'injectent des drogues peuvent avoir un impact négatif sur
leurs pratiques d'injection. Par exemple, dans plusieurs pays, une grande
proportion des jeunes rapporte s'être injectée des drogues
à l'extérieur, ce qui peut mener à des conditions
d'injection dangereuses et non hygiéniques et augmenter les risques
d'infection. Comme le montre le schéma ci-dessous, les risques
sociaux se traduisent par l'absence d'activité
professionnelle ainsi que toutes les conséquences comme
l'instabilité du logement, l'exclusion sociale, etc...
Fig2.
Bien qu'une large proportion des recherches sur les
comportements à risque des jeunes injecteurs menées au cours de
la dernière décennie se soient penchées sur leurs
comportements d'injection, leurs comportements sexuels doivent également
être pris en considération. Malgré le fait que ces jeunes
aient grandi à une époque où la promotion du
préservatif était largement répandue, une grande
proportion d'entre eux ne l'utilisent pas de façon constante. Les jeunes
injecteurs rapportent également divers autres comportements sexuels
à risque (multiplicité des partenaires, expérimentation
sexuelle y compris expériences homosexuelles et bisexuelles). À
la lumière de ces multiples comportements sexuels à risque, il
n'est pas surprenant de constater une fréquence élevée des
maladies sexuellement transmissibles (MST). En plus de causer des MST, les
comportements sexuels non protégés sont aussi sources de
grossesses imprévues. Ces grossesses présentent un potentiel
important de transmission du VIH de la mère à l'enfant. La
présence combinée de comportements sexuels à risque et de
comportements d'injection à risque, combinaison qui semble
caractériser les jeunes UDI, serait particulièrement importante
chez ceux qui sont polytoxicomanes. En effet, la polytoxicomanie, très
présente notamment chez les jeunes injecteurs, serait associée
à la fois à un risque accru de pratiques d'injection non
sécuritaires et de comportements sexuels non protégés.
Il est particulièrement important de tenir compte des
contraintes légales dans le développement d'interventions pour
les IDU. L'environnement juridique, politique, socio-économique, le
contexte culturel variant d'un pays à l'autre peuvent par la
gravité des sanctions, rendre difficile la faisabilité des
interventions préventives et ainsi priver les IDU d'un accès
à l'information nécessaire pour la protection contre l'infection
à VIH.
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