SOUS SECTION II : LEGITIMITE ET EFFICACITE DES
DIFFERENTS NIVEAUX D'INTERVENTION
Nous pourrons articuler cette étude autour de deux
points : le niveau supra-national et le niveau national.
CHAPITRE PREMIER : LE NIVEAU
SUPRA-NATIONAL : ENTRE
LEGITIMITE ET GLOBALITE
Nous allons distinguer maintenant le niveau international et
le niveau communautaire qui dernièrement a pris une part de plus en plus
importante dans le secteur de la sécurité maritime.
§1 .1 : LE NIVEAU
INTERNATIONAL
De part l'aspect international du transport maritime et de
l'évolution rapide de celui-ci, il ne fait nul doute que la
compétence pour le contrôle et la réglementation de ce
milieu ne peut se faire essentiellement que de manière
internationale.
C'est à la suite du naufrage du TITANIC qu'eu lieu la
première conférence internationale sur la sécurité
maritime à Londres en 1914 .
A la fin des années 40 , chaque nation maritime
possédait sa propre législation maritime, les standards
étant ainsi très différents et parfois contradictoires
entre les Etats. Cette situation était très
dommageable à la sécurité maritime et c'est
tout logiquement qu'une institution internationale fût
créée en 1948 afin de mettre en commun les préoccupations
des états en matière de transport maritime, l'OMI était
née :
Créée par une convention internationale
adoptée le 6 Mars 1948 à Genève et entrée en
vigueur 10 ans plus tard le 17 Mars 1958.
L'OMI est l'institution spécialisée dans le domaine
de la navigation maritime de l'ONU.
Le but de cette organisation est contenu dans l'article 1(A)
de la convention : il s'agit de fournir un moyen de coopération
entre les gouvernements dans le cadre de toute chose affectant le commerce
international maritime.
Tout d'abord organisation consultative de l'ONU, comme son nom
l'indiquait , OMCI ( Organisation Maritime Consultative Internationale ), elle
profita de l'évènement du TORREY CANION en 1967 pour
s'évader de son secteur technique pour développer son action dans
des domaines juridiques. Elle s'est enfin dotée d'un comité
juridique très peu de temps après et pris le nom d'OMI en 1982
Elle compte aujourd'hui 162 Etats membres dont la France qui a
ratifié la convention en 1952 et possède son siège
à Londres.
Tous les Etats membres sont représentés au sein
de l'assemblée qui se réunit une fois tous les 2 ans. Un conseil
constitué de 32 gouvernements membres, dont la France, élus par
l'assemblée joue le rôle d'organe directeur entre les sessions de
l'assemblée.
Pour se rendre compte du travail de l'OMI en matière de
sécurité maritime, il convient de préciser qu'une
trentaine de Conventions et protocoles ont été adoptés.
Le tableau ci-dessous démontre l'étendu de la
portée des conventions de l'OMI :(16)
(16) : source IMO : www.imo.org
Convention
|
Nombres d'états signataires
|
% du tonnage mondial couvert
|
Load Lines 1966
|
140
|
98.19
|
SOLAS 1974
|
136
|
98.27
|
STCW 1978
|
130
|
97.55
|
Collision Regulations 1972
|
130
|
96.20
|
Tonnage 1969
|
118
|
97.51
|
MARPOL 73/78
|
102
|
93.48
|
Nous venons donc de voir que l'OMI est sans doute la
réponse à l'échelle mondiale pour les matières
concernant la sécurité maritime.
Sa légitimité à ce niveau est
indiscutable puisque émanent de la volonté internationale
d'harmoniser sur le plan mondial les réglementations qui étaient
d'ordre national, légitimité confortée par les
statistiques du Lloyd's register , le taux de perte total de navire continue de
diminuer : En 1995 , 3 navires sur 1000, en 2000 1.9 sur 1000
disparaissaient. Les études pour les déversements montrent la
même tendance. Mais l'on est cependant en droit de se demander si le
niveau mondial est bien le degré de pertinence adéquate: en
effet il s'agit d'une question d'échelle tout d'abord sur un plan de
l'organisation et ensuite sur le plan géographique.
Sur le plan de l'organisation interne de l'OMI, une
étape a été franchie dans les années 70 avec
l'adoption de l'amendement de l'acceptation tacite : contrairement
à ce qui se faisait précédemment une résolution est
automatiquement acceptée à une date décidée
à moins qu'elle ai été expressément rejetée
par un certain nombre d'états.
Ainsi le délais pour l'entrée en vigueur des
derniers amendements SOLAS a été réduit à 18 mois
alors qu' en comparaison les mesures en réaction au
TITANIC ne sont entrée en vigueur qu'en 1933 soit près de 20
années après la catastrophe et seulement après qu'une
deuxième convention est été adoptée en 1929.
Cependant le vrai problème du fonctionnement de l'OMI
reste le rôle que possède chaque état en son sein.
Un des points clés qui peut nous aider à comprendre
quel est le poids des différents états au sein de l'OMI concerne
la question du budget : en effet le budget de l'OMI est alimenté
par la contribution de chaque pays et ce en fonction essentiellement du tonnage
de la flotte de commerce. La France contribue à hauteur de
247 300£ par an soit 1,41% du total.(17)
Les modalités de vote au sein de l'OMI
génèrent des blocages récurrents. L'OMI ne reconnaît
pas le schéma d'expression démocratique classique «
une pays = une voix » mais au contraire évalue le poids de
chaque pays au pourcentage de leur flotte mondiale pour établir les
procédures de vote. Ainsi des pays comme la Grèce, Malte, le
Libéria et d'autres pays dont l'administration maritime est relativement
réduite pèsent d'un poids totalement disproportionné sur
toutes dispositions tendant à réglementer le transport maritime
international.
L'OMI est ainsi dominée par les pavillons de
complaisance.
Cependant les délais reste très longs pour les
victimes en premier lieu des catastrophes maritimes.
De plus en matière de règles internationales, il
n'y a pas de contrôle, pas de sanctions et il n'y a pas de tribunaux.
Ainsi Monsieur François Lamoureux, Directeur Général pour
la Direction Général Energie et Transport, commission
Européenne, de regretter :
« Les règles de l'OMI peuvent être
parfaites, mais il n'y a pas, pour le moment d'outil pour aller vérifier
si les pays respectent les règles »
(17) : source site web du Ministère
de l'Equipement, des Transports, du Logement, du Tourisme et de la Mer :
www.mer.gouv.fr
L'échelle géographique peut également
être un facteur de ralentissement : en effet il faut faire prendre
conscience à un certain nombre d'Etats membres des préoccupations
d'autres Etats membres situés à des milliers de
kilomètres ; la solidarité a des limites d'ordre
économique ; rappelons les coûts que peuvent engendrer une
résolution d'ordre technique et se sentir concerné dans ces
conditions lorsque l'on est pas impliqué physiquement reste parfois
difficile.
Ainsi donc bien que la légitimité de l'OMI n'est
pas remise en cause, le monde maritime a pu constater l'émergence d'un
nouveau pouvoir international normatif pendant ces 10 dernières
années, pouvoir qui ose se confronter à l'OMI surtout en
matière de pollution ; il s'agit de la communauté
européenne.
§1 .2 : LE NIVEAU COMMUNAUTAIRE
Bien que placée à un niveau supra-national, la
communauté européenne peut sous certain aspect être
considérée par une approche régionale. L'Europe est
maintenant en quelque sorte une région du monde et ainsi peut être
plus réactive face à une catastrophe. Les intérêts
communs sont beaucoup plus facilement appréhendés qu'à
l'échelle mondiale.
L'article 80 du traité d'Amsterdam ( 84 du
traité de Rome) précise que le titre V du traité, sur les
transports, s'applique aux transports par route, rail et voies d'eaux
intérieures, mais que le conseil devait à la majorité
qualifiée décider des dispositions appropriées pour la
navigation maritime- et aérienne.
Mais l'Union Européenne en matière maritime
était principalement préoccupée par les questions
d'ouverture des marchés et de concurrence les plus proches des objectifs
fondamentaux du traité de Rome.
En matière de sécurité maritime, l'Union
Européenne est apparue depuis peu dans le jeu institutionnel, depuis
l'accident du BRAER en 1993.
Bien avant l'évènement du BRAER , suite à
l'accident de l'AMOCO CADIZ en 1978, la Commission avait à plusieurs
reprises attiré l'attention du Conseil sur le fait que les cadres
classiques d'action internationale en matière de sécurité
maritime à travers l'OMI étaient
insuffisants pour s'attaquer aux causes des accidents.
La sécurité maritime n'a toutefois fait l'objet que
de quelques retouches ponctuelles durant cette période. L'Union
Européenne n'a compétence en matière de
sécurité maritime que depuis le traité de Maastricht, qui
attribue à l'Union Européenne une compétence sur la
sécurité des transports en général.
La commission a diffusé, le 24 Février 1993, la
communication intitulée « Pour une politique commune de la
sécurité maritime »(18). Le fondement
de cette politique commune a pour but de faire progresser la
sécurité maritime et la prévention de la pollution des
mers en Europe :
· En favorisant la concertation entre Etats membres pour
qu'ils mènent un action positive au sein de l'OMI et qu'ils en
appliquent tous les règles de manière harmonisée afin
d'éviter des distorsions de concurrence entre Etats membres ;
· En renforçant leur lutte contre les navires sous
normes de pays tiers qui n'appliquent pas correctement les règles de
l'OMI, dans l'esprit du Mémorendum de Paris ;
· En définissant des normes communes pour les
domaines non couverts par l'OMI
Ainsi l'Union Européenne s'est dotée d'une
politique commune en matière de sécurité car qu'elle a pu
s'appuyer sur les « moteurs » juridiques inscrits
dans le traité notamment :
· Le principe de l'intégration de la dimension
environnementale dans l'ensemble des politiques communautaires.
· Le nouvel objectif sécuritaire applicable au
transport affiché dans le traité Maastricht
La stratégie proposée par la Commission a
rapidement été mise en oeuvre : 12 directives et 3
règlements s'en sont suivis.
Ces textes visent à assurer dans la Communauté
une application plus stricte, voire anticipée, des règles issues
des conventions internationales dans les domaines de la sécurité
des navires, de la prévention des pollutions, des critères de
qualification et de formation des marins et des conditions de travail à
bord.
(18) : COM(93) 66 final
Cette anticipation est toutefois maintenant source de tension
entre l'OMI et la communauté européenne comme nous pourrons le
constater plus en avant dans ce chapitre.
Suite à plusieurs autres accidents, notamment celui de
l'Estonia en 1994, une attention particulière a été
portée aux navires transportant des passagers et des marchandises en
vrac.
Cette législation vise pour l'essentiel les navires de
commerce mais les bateaux de plaisance et les bateaux de pêche font
également l'objet de mesures communautaires spécifiques.
Mais pour le grand public le point de départ de la
politique commune en matière de sécurité a
été le naufrage de l'ERIKA en décembre 1999 et celui du
IEVOLI SUN en octobre 2000 qui ont remis la sécurité maritime
sous les feux de l'actualité car des intérêts
économiques étaient en jeux, essentiellement le tourisme. Ces
deux accidents ont mis en évidence l'existence de problèmes
sérieux dans la mise en oeuvre de la réglementation en
matière de sécurité maritime et au sein même de
l'industrie maritime. Les procédures actuelles de contrôle, qui
sont sous la responsabilité soit de l'Etat du port, soit des
sociétés de classification, ont été très
largement inefficaces et ne donnent aucune garantie sur la bonne
navigabilité des navires.
L'Erika a également provoqué une
considérable émotion dans l'opinion publique qui a conduit le
gouvernement français, le Parlement Européen et le Conseil a
réclamé un renforcement des mesures de sécurité
maritime dans les eaux européennes.
Dans un premier temps la Commission a donc adopté le 21
mars 2000 une Communication présentant une série d'actions
concrètes. Le paquet ERIKA (19)proposé portait
sur deux axes d'actions :
(19) : COM(2000) 142 final
· Des mesures pouvant rapidement être mises en oeuvre
:
- le renforcement des contrôles dans les ports ;
- le renforcement du contrôle des sociétés de
classification ;
- la généralisation de l'interdiction des
pétroliers à simple coque sur la base d'un
calendrier identique à celui des USA.
· Des mesures à prendre à moyen terme car
nécessitant une large concertation :
- la systématisation des échanges d'information
entre tous les acteurs du monde
maritime en s'appuyant notamment sur la base de données
EQUASIS ;
- l'amélioration de la surveillance de la navigation
maritime dans les zones les plus
fréquentées ;
- la responsabilisation des différents acteurs du
transport de pétrole par voie maritime.
Sur ce point, il faut noter que le régime de
responsabilité est actuellement dominé par des conventions
internationales. Dans ce domaine, la Commission entend :
i) oeuvrer pour l'augmentation des régimes collectifs
d'indemnisation notamment du FIPOL ;
ii) poser les principes d'une responsabilité pour
négligence grave du transporteur et du propriétaire de la
cargaison, contrairement aux Etats-Unis qui dans le cadre de l'OPA a totalement
exclu les affréteurs de toute responsabilité.
- l'éventuelle création d'une structure
européenne de la sécurité maritime dont la tâche
serait de contrôler l'organisation et l'efficacité des
contrôles nationaux dans le but d'assurer une plus grande uniformisation
des contrôles au niveau européen.
Enfin dernièrement l'affaire du Prestige, en
décembre 2002, a mis en évidence la lenteur de l'Europe à
mettre en oeuvre les mesures établies et pour lesquelles les
états membres s'étaient engagés à mettre rapidement
en oeuvre pendant le Conseil Européen de NICE. (20)
(20) : Conseil Européen de Nice du
7,8 et 9 décembre 2000
Pour Mr François Lamoureux , directeur
Général pour la DG Energie et Transport, il est clair que la voix
du règlement s'impose aujourd'hui afin de contourner cet obstacle de la
transposition par les Parlements Nationaux.
C'est cette volonté clairement établie qui a
permis au Conseil « transport » des 5-6 décembre
2002 d'avancer la date d'entrée en vigueur de la disposition sur les
ports refuges au 1 juillet 2003, alors même que la directive
imposée un date d'entrée en vigueur au 5 Février 2004.
Donc depuis 1993, l'Union Européenne a donc pris la
pleine ampleur de son rôle de relais de l'OMI en matière de
sécurité maritime, ainsi l'éveil de cette conscience
maritime européenne contribuera à mettre en valeur la place de
l'Union dans les instances internationales chargées d'organiser le
transport maritime dans le monde, d'après Mr Josselin de Rohan,
président du conseil régional de Bretagne pendant le
séminaire sur la sécurité maritime de Brest du 2/3
novembre 2000.
Cependant Mr Josselin de rohan soulève peut être
le dernier vrai problème auquel est confronter l'Union
Européenne : trouver la place de l'Union Européenne au sein
de l'organisation maritime internationale.
En effet au sein de l'OMI seules les Etats possède le
droit de vote, les organismes ou représentations n'étant
qu'observateurs. Le problème est donc tout d'abord d'obtenir un
consentius au sein de l'Europe et ensuite d'obtenir dans le futur une
représentativité et non seulement un rôle d'observateur au
sein de l'OMI.
Ce consencius est sans doute la principale difficulté que
va devoir surmonter l'UE :
Pour exemple lors des discussions sur les propositions faites
par la Commission dans sa Communication de mars 2000, lors de la
première réunion, la France s'est retrouvée seule contre
les 14 autres Etats membres à soutenir ces propositions !
En effet l'intérêt de chaque état membre de
l'Union Européenne ne correspond pas nécessairement avec celui de
ses voisins.
Pour s'en persuader constatons tout d'abord le rôle
important de la présidence de l'Union Européenne : A l'heure
de l'Erika , la France occupait la fonction de la présidence de l'Union
Européenne et sous sa présidence la France a poussé
l'Europe a prendre ses responsabilités en matière de
sécurité maritime et a adressé à l'Union
Européenne en Février 2000, un mémorendum proposant
plusieurs mesures pour un renforcement de la sécurité maritime,
la Commission Européenne proposant en réponse à cette
action, la paquet ERIKA I.
Aujourd'hui la Grèce effectue la présidence de
l'Union Européenne et contrairement à la France, manifeste son
opposition totale à tout durcissement unilatéral en Europe de la
réglementation en matière de sécurité maritime.
Les pays Européens devraient, selon la
présidence européenne, s'en remettre entièrement au bon
vouloir de l'OMI, position défendue par le ministre grec de la marine
marchande, Georges Anoméritis et le secrétaire
général de l'OMI, William O'Neil. Le ministère de la
marine grec estimant que d'éventuelles nouvelles mesures doivent
être prises dans le cadre de l'OMI.(21) Rappelons que la
Grèce est un des états possédant le plus d'armateurs
battant pavillons de complaisance.
C'est pour ces raisons que la France et l'Espagne voulait voir
leur initiative ( accord Malaga) étendue à l'ensemble des Etats
membres de l'Union Européenne lors du sommet de Copenhague, les 12 et
13 décembre 2002, redoutant que la présidence de la
Grèce ne soit une entrave.
Le 27 Mars 2003, les ministres des Transports des Quinze ont
adopté un règlement comparable à la loi américaine
sur les pollutions pétrolières (OPA) qui interdit aux gros
bâtiments à simple coque de faire escale dans leurs ports
lorsqu'ils transportent des fuels lourds, la généralisation de
cette mesure est poussée notamment par la France.
Hors de la présidence de l'Union Européenne,
reste la volonté des Etats membres a appliquer les directives
Européennes : ainsi lors du sommet Européen de NICE, de
nombreux états s'étaient engagés à transposer le
plus rapidement dans leur législation les directives Européennes
du paquet ERIKA I. Cependant la date du 22 juillet 2003 était la date
butoir pour la transposition de ces
(21) : Dépêche AFP du 12
janvier 2003, Athènes
directives et la commission s'apprête aujourd'hui
à poursuivre certains Etats membres en ouvrant une procédure
d'infraction (la Belgique, la Finlande, la Grèce, l'Irlande, l'Italie,
les Pays Bas, le Portugal, la Suède) pour non communication des
dispositions nationales de transposition, ceci pour démontrer qu'
à l'émotion suscitée par le naufrage de l'ERIKA a
succédé encore une fois une politique attentiste.
De même il existe clairement une opposition entre un
bloc formé par l'Angleterre, la Grèce, les Pays Bas et les pays
du nord, qui font prévaloir la liberté de circulation sur les
mers, et un bloc formé par la France, la Belgique, et les pays
méditerranéens, qui sont avant tout soucieux de la
sécurité maritime (22) : les premiers
prônant l'hégémonie de l'OMI, les seconds bien
décidés à prendre des mesures par l'intermédiaire
de l'Europe même de manière anticipée par rapport à
l'OMI.
L'entrée prochaine dans l'Union Européenne de
Malte et de Chypre, qui dispose respectivement de la 5ème et
6ème flotte mondiale, risque de renforcer le camp de la
liberté des mers au détriment de celui de la
sécurité maritime au sein même de l'Union
Européenne. En effet dans un premier temps cette adhésion aura
sans doute pour effet de renouveler la flotte de ces états car ils
devront dès leur entrée au sein de l'Europe appliquer les acquis
communautaire mais une fois cette étape franchie, la situation de
rapport de force telle que défini précédemment pourra
s'installer.
Il reste donc beaucoup à faire avant que l'Europe ne
puisse parler d'une seule voix au sein de la seule instance qui régit le
système mondial : l'OMI.
L'entrée prochaine de Malte et de Chypre aura sans
doute un effet bénéfique pour l'amélioration de la
politique de sécurité maritime au sein même de ses Etats,
un effort devant être réalisé pour correspondre aux
critères minimum de l'Europe et de plus l'Union Européenne
possèdera ainsi la première flotte mondiale (le tonnage
exploité par les armements communautaires passera de 15,98% à
26,16% du tonnage mondial) pouvant constituer un contre poids à l'OMI,
cependant au sein même de l'Europe il faut redouter que cet
élargissement de l'Europe ne ralentisse les futurs progrès en
matière de sécurité maritime.
(22) : Se référer au compte
rendu de la réunion de la délégation pour l'Union
Européenne au sénat le 10 décembre 2002.
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