Relation entreprise-clients et performance : le cas des établissements de micro-finance au Cameroun( Télécharger le fichier original )par Odette CKOUEKAM Université de Yaoundé II-SOA - Diplôme d'Etudes Approfondies en sciences de gestion, option finance 2008 |
I-1-2-1. Etat de l'art sur l'influence de la relation d'agence sur la relation de créditIl convient dans cette sous partie de définir la relation d'agence et son intérêt pour l'existence de la firme. Elle a été initiée par les travaux de Jensen et Meckling en 1976 suite à l'intégration de la notion de corporate gouvernance au sein de l'entreprise Les partisans de cette théorie accordent une place centrale à la « relation d'agence ». Par analogie avec le contrat de mandat (`agency'), une relation d'agence caractérise une situation dans laquelle une ou plusieurs personnes (dénommées « principal ») engage(nt) une ou plusieurs autre(s) personne(s) (dénommées « agents ») pour exécuter en leur nom une tâche qui implique la délégation à ces derniers d'un certain pouvoir de décision (JENSEN & MECKLING, 1976). Or, cette théorie reconnaît, tout comme la théorie des droits de propriété, l'existence d'asymétrie d'information et fait également l'hypothèse que les agents cherchent à maximiser leur utilité et partant leur intérêt personnel. Ils peuvent dès lors profiter de leur avantage informationnel pour poursuivre leurs intérêts personnels au détriment de ceux du principal. Deux problèmes d'agence sont susceptibles de se produire : Ø ?ex-ante : des individus peuvent ne pas révéler, avant la passation du contrat, des informations qui leur sont défavorables. Ce risque est qualifié de sélection adverse ("adverse selection"). Ø ex-post : postérieurement à la passation du contrat, une des parties à la transaction peut ne pas respecter les termes du contrat pendant la phase d'exécution, car elle sait qu'il est coûteux, voire impossible pour l'autre partie de voir si l'engagement a été complet ou non. Ce risque est qualifié d'aléa moral (`moral hasard'). En conséquence, les individus vont chercher à mettre en place des structures contractuelles qui tendent à minimiser la perte d'utilité des agents due à l'existence d'asymétrie d'information entre ceux-ci. Le principal va étudier le bénéfice qu'il pourra tirer de la mise en place de structures incitatives pour s'assurer que l'agent va agir conformément à ses intérêts et de structures de contrôle. L'établissement de ces différentes structures entraîne cependant des coûts (`monitoring costs') que le principal doit mettre en balance avec les pertes engendrées en cas d'adoption d'un comportement opportuniste de la part des agents si ces mesures n'étaient pas mises en place. De son côté, l'agent peut avoir intérêt à garantir au principal qu'il ne va pas avoir tendance à entreprendre des actions qui seraient préjudiciables à ce dernier. Les coûts supportés dans ce cas par l'agent sont qualifiés de coûts d'obligation ou de dédouanement (`bonding cost'). Malgré les mesures adoptées par l'agent et le principal, il subsistera toujours pour les partisans de cette approche une divergence d'intérêts entre les deux parties donnant lieu à un coût d'opportunité ou perte résiduelle (`residual loss'). Les coûts d'agence constituent la somme de ces trois types de coûts. Ce sont ces coûts qu'il convient de minimiser. A partir de ce constat, la théorie de l'agence s'est développée autour de deux branches: la théorie normative et la théorie positive. Pour les partisans de la théorie normative de l'agence, les structures incitatives établies par les contrats sont suffisantes pour éviter le comportement opportuniste de l'agent dans la mesure où elle maintient l'hypothèse d'une rationalité substantive des individus posée par la théorie micro-économique traditionnelle. Elle postule l'existence de contrats optimaux. Un large pan de la littérature s'est attaché à déterminer la solution qui établit un juste équilibre entre efficacité maximale et aversion au risque (HART, 1995) et qui, par conséquent, optimalise le partage des risques entre les individus. La solution trouvée constitue cependant un `second best', le `first best' étant le niveau d'utilité collective qui aurait pu être atteint en l'absence d'asymétrie d'information. La théorie positive de l'agence reconnaît, par contre, l'incomplétude des contrats du fait de la rationalité limitée23(*) des individus (CORIAT & WEINSTEIN, 1995) car ils n'ont pas à leur disposition la liste de tous les états de la nature susceptibles de se produire. Contrairement à la théorie normative de l'agence, cette deuxième branche ne va pas chercher à établir des contrats optimaux, mais utilise le cadre de raisonnement de la théorie de l'agence pour expliquer le comportement réel des organisations et notamment trouver un fondement rationnel à l'existence de formes organisationnelles différentes (CHARREAUX & al, 1987). C'est cette deuxième branche qui va nous intéresser plus particulièrement. * 23 Ce concept doit son origine à SIMON, 1976 qui entendait marquer ainsi la différence avec la rationalité supposée illimitée par la théorie néoclassique traditionnelle. Par la suite, ce même auteur a préféré recourir au terme de « rationalité procédurale » qu'il a alors opposé à la « rationalité substantielle » pour souligner que la rationalité des individus est non seulement limitée par l'information que les agents ont à leur disposition pour prendre leurs décisions, mais en outre, par leurs capacités cognitives à traiter cette information. Nous reviendrons sur le concept de rationalité procédurale dans le deuxième chapitre de notre thèse. |
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