WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Relation entreprise-clients et performance : le cas des établissements de micro-finance au Cameroun

( Télécharger le fichier original )
par Odette CKOUEKAM
Université de Yaoundé II-SOA - Diplôme d'Etudes Approfondies en sciences de gestion, option finance 2008
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

I-1-1. Prise de décision et propriété comme stimulus de la performance dans les EMF

La grille d'analyse

CERISE s'est attaché à définir une grille d'analyse qui permet de prendre en compte l'ensemble des dimensions de la gouvernance : notions de propriété et de pouvoir, ensemble des moyens à la disposition de la gouvernance, analyse des crises et des dysfonctionnements.

La grille peut être résumée par le tableau suivant :

Tableau 1 : Analyse de la Gouvernance

Analyse de la Gouvernance

1 - La typologie => qui a le pouvoir de décision ?

1. Grille juridique : qui est propriétaire ?

2. Grille des prises de décisions : qui a le pouvoir formel de décision ?

La typologie cherche à comprendre la place et le rôle de chacun des acteurs et distingue essentiellement les formes d'exercice du pouvoir selon les axes suivants :

- pouvoir « majoritaire » ou pouvoir « minoritaire » des acteurs,

- pouvoir « extérieur » (opérateur, bailleur, Etat, etc.) ou « interne » (salariés, clients).

2 - L'analyse des moyens => Comment s'exerce le pouvoir ?

1. La stratégie et la prévision (perspectives, moyens mis en oeuvre, prise en compte des intérêts divergents, prise en compte des risques, cohérence d'ensemble, etc.)

2. L'information (nature, opérationnalité, qualité, diffusion et utilisation de l'information)

3. La prise de décision (niveau réel d'élaboration, efficacité, responsabilités)

4. La mise en oeuvre (formation, gestion des compétences, incitations et motivations)

5. Le contrôle (dispositif et qualité du contrôle)

a) L'apport de la théorie des droits de propriété pour la gestion d'un EMF

Source : La Gouvernance en microfinance : Grille d'analyse et perspectives de recherche

Cécile Lapenu (CERISE)

C'est donc la propriété qui se trouve à la base de la prise de décision, et à cet effet il est judicieux que nous fassions un tour d'horizon de la théorie des droits de propriété.

I-1-1-1. Théorie des droits de propriété et performance de l'entreprise

La théorie des droits de propriété maintient l'hypothèse que les agents économiques maximisent leur fonction d'utilité et poursuivent de manière exclusive leur intérêt personnel. Mais, contrairement à la théorie néoclassique « standard », elle relâche les hypothèses d'information parfaite et de coûts de transaction nuls. Nous allons voir que le relâchement de ces hypothèses conduit les partisans de cette théorie à reconnaître que le marché, avec son mode de coordination par les prix, n'est pas, en toutes circonstances, le lieu idéal de l'activité économique mais, que la firme peut être une meilleure alternative. Parmi les écrits à l'origine de la théorie des droits de propriété, il nous faut citer plus particulièrement ALCHIAN, 1969 ; DEMSETZ, 1967 ; FURUBOTN & PEJOVITCH, 1972 et de ALESSI, 1983. La théorie des coûts de transaction est également parfois reprise sous le vocable des théories contractualistes.

A. Définition des droits de propriété

Les définitions des droits de propriété retenues par les théoriciens néoclassiques sont nombreuses dans la littérature. Une façon de les définir qui nous semble pertinente pour comprendre les fondements de cette théorie et qui s'inscrit dans la droite ligne de la définition donnée par FURUBOTN & PEJOVITCH20(*), 1972 est de les envisager selon les pratiques qu'ils autorisent sur les objets. Depuis le droit romain, ces droits sont considérés au nombre de trois : le droit d'utiliser un actif (droit d'usus), le droit d'en retirer un revenu (droit de fructus) et enfin, le droit de le céder définitivement à une tierce personne (droit d'abusus). Dans cette optique, avoir la propriété d'un actif, c'est détenir un certain nombre de droits sur celui-ci.

La théorie des droits de propriété reconnaît que les droits sont partitionnables, séparables et aliénables (CORIAT & WEINSTEIN, 1995). Le propriétaire est donc libre de confier la gestion (l'usage) d'un (ou de plusieurs) de ces droits à une (ou plusieurs) autre(s) personne(s). Dans le contexte qui nous concerne, c'est le cas par exemple du propriétaire qui décide de confier la gestion d'actifs productifs à un entrepreneur ou plus spécifiquement le cas d'un EMF qui octroie le crédit (son argent) à un investisseur(ou un emprunteur). Il renonce en conséquence au droit d'usus. Comme nous le verrons par la suite, cet acte ne sera pas sans conséquence.

B. Justification de l'existence de la firme

COASE21(*), 1960, a démontré que si les coûts de transaction sont suffisamment bas et les droits de propriété clairement attribués, protégés et cessibles, en l'absence d'effet de richesse, peu importe la façon dont les droits de propriété ont été partagés initialement, l'allocation des ressources est optimale car il est toujours possible pour les parties de s'échanger leurs droits sur le marché jusqu'au seuil de l'efficacité collective. Si par contre ces conditions ne sont pas respectées, la force allocative du marché est atténuée et il peut être préférable de recourir à des organisations dites `entreprises' si celles-ci permettent de minimiser les coûts de production. La théorie des droits de propriété postule en effet que l'information n'est pas parfaite et que les individus poursuivent leurs intérêts personnels. Les individus doivent donc tenir compte de ces facteurs avant d'opter pour un mode de coordination plutôt qu'un autre. La firme est envisagée comme « un ensemble de contrats qui établissent une certaine structure de droits de propriété » (CORIAT & WEINSTEIN, 1995, p.84). Selon la façon dont les droits de propriété sont délimités et affectés par le contrat (propriété privée (individuelle) ou collective, séparation ou non du travail et de la propriété, il est possible de distinguer différentes formes organisationnelles (capitaliste, managériale, coopérative, publique, etc.).

Pour certains auteurs, ces droits revêtent une conception plus large et englobent l'ensemble des coutumes, des règles et des normes qui définissent et délimitent les usages autorisés ou légitimes des actifs. Sans quoi, les agents seront réticents à investir dans un actif de peur de ne pas pouvoir bénéficier pleinement des ressources auxquelles ils ont droit. Pour une cartographie des organisations, se référer à GOMEZ, 1996.

La première de ces formes organisationnelles qui a retenu l'attention des économistes est la firme néoclassique traditionnelle dans laquelle l'actionnaire unique est à la fois le dirigeant de l'organisation. Les travaux d'ALCHIAN & DEMSETZ parus en 1972 ont montré que ce mode institutionnel s'avère particulièrement efficace pour remédier aux problèmes engendrés par le travail en équipe, notamment ceux posés par la mesure et le contrôle de la productivité individuelle, car il attribue de manière privative les droits de propriété. Par définition, la production en équipe est en effet le résultat de la contribution de différents agents sans qu'il ne soit possible de mesurer la contribution individuelle des agents (problème d'asymétries d'information). La situation est donc propice aux comportements de « passager clandestin » (`free rider'). L'argumentation d'ALCHIAN & DEMSETZ repose sur le rôle central joué par le dirigeant-propriétaire de la firme. La propriété confère selon ces auteurs une motivation évidente à l'optimisation des ressources car elle reconnaît au dirigeant propriétaire le droit au « rendement ou surplus résiduel » résultant de la production (droit de recevoir la différence entre les revenus aléatoires de l'organisation et les rémunérations des autres apporteurs de ressources, fixées par les contrats). Le dirigeant-propriétaire est dès lors incité à veiller à l'optimisation des ressources par les membres de son équipe et donc au contrôle de ceux-ci puisqu'il en tirera directement des bénéfices. La maximisation de la valeur de la firme est ainsi assurée. Par ailleurs, la théorie des droits de propriété postule également que la maximisation des utilités individuelles conduit à l'accroissement de l'efficacité collective (CHARREAUX & al, 1987).

I-1-1-2. Contribution positive de la théorie des parties prenantes à la pérennité des EMF

Dans une relation de crédit, la règle d'or est la satisfaction de toutes les parties prenantes. Les parties prenantes sont « l'ensemble des agents pour lesquels le développement et la santé de l'entreprise constituent des enjeux importants » (Mercier, 1999). Loin de se limiter à la vision centrée sur la relation entre propriétaires et dirigeants que la « Corporate Gouvernance » a été érigé en champ d'analyse spécifique, mais limité au regard des défis à relever. Les nouvelles approches développent l'analyse au niveau de l'ensemble des acteurs concernés que l'on appelle parties prenantes. On peut en avoir une bonne illustration dans les « poupées russes » schématisant l'emboîtement des différents niveaux considérés (Perez, 2003). Le Comité CERISE (Lapenu C. & Pierret D., 2005) élargit l'analyse de la gouvernance à l'ensemble des acteurs en jeu : salariés, dirigeants, clients, investisseurs, partenaires financiers, organisations professionnelles, pouvoirs publics, etc.- et des dispositifs ou formes d'organisations destinés à « gouverner » - systèmes comptables et d'information, processus de décision et modes de coordination, systèmes de contrôle internes et externes, etc.-.. A travers cette approche, il est proposé une mise en évidence du rôle des acteurs notamment en terme de pouvoir à travers une analyse croisée des différentes décisions prises au sein de l'institution (opérationnelles et stratégiques) et des acteurs internes ou externes à l'institution. Il convient donc de faire la Cartographie des parties prenantes pour permettre leur intégration efficace dans la gestion de l'EMF

La cartographie des acteurs est un outil permettant de repérer et de recenser l'ensemble des acteurs impliqués directement ou indirectement dans l'institution pour d'une part identifier leur rôle au sein de l'institution et notamment dans les prises de décision ; mais aussi pour apprécier leurs motivations, leurs positions, leurs marges de liberté. Cette visualisation constitue un support pour l'animation des discussions (D. Pierret, F.Doligez, Gouvernail (2005)). Elle concerne dans le cadre de notre étude le client/associé.

Le débat sur le directoire nous amène à nous interroger sur la contribution des théories contractualistes à la gestion de l'EMF, puisque c'est le contrat qui lien l'EMF à ses clients, même les clients particuliers qui sont les « client/associés ».

I-1-2. Apport des théories contractualistes dans la gestion des EMF

Le modèle de la concurrence pure et parfaite dans la théorie micro-économique traditionnelle reconnaît une place exclusive au marché comme lieu de coordination des activités économiques des individus (dénommés « agents »). Le marché est supposé pur et parfait. Il permet aux individus de s'échanger les ressources de telle sorte qu'ils puissent maximiser leur bien-être. Les agents n'interagissent que par l'intermédiaire d'un système de prix déterminé par une instance extérieure, qualifiée souvent de « commisseur-priseur » à la suite des travaux de WALRAS22(*). La théorie néoclassique postule que cette instance extérieure va faire varier les prix par tâtonnement, sans le moindre coût, afin de les faire converger vers l'équilibre général concurrentiel. Le prix annoncé est supposé contenir toutes les informations nécessaires à la prise de décision des agents. Ces agents sont supposés doter d'une rationalité « substantielle » ou encore « omnisciente » (SIMON, 1976). Ils ont donc la capacité d'interpréter correctement l'information qu'ils reçoivent grâce à leur raison.

Ils peuvent ainsi prendre les décisions optimales en ce qui les concerne, c'est-à-dire maximiser leurs utilités respectives, et partant le bien-être collectif. En effet, le théorème fondamental de l'économie du bien-être (`welfare theorem') nous assure que, sous les conditions de la concurrence pure et parfaite, l'équilibre concurrentiel est efficace au sens de Pareto. A la condition donc que l'instance extérieure annonce le prix "adéquat" et que celui-ci contienne toute l'information pertinente à la prise de décision, le marché réalisera spontanément l'optimum d'un point de vue économique (De Briey, 2003).

Les seules contraintes dont les individus doivent tenir compte résultent du caractère limité de leurs ressources (leurs dotations) initiales et des possibilités offertes par la technologie actuelle.

Ce modèle repose sur des hypothèses très restrictives de la concurrence pure et parfaite qui furent largement critiquées (notamment l'hypothèse d'information parfaite, d'absence de coûts de fonctionnement du marché, d'absence de comportements stratégiques entre les agents, etc.). Par ailleurs, l'existence de « biens collectifs », d' « externalités », d'inégalités, de rationnement de l'offre ont été constatés. Force a été de reconnaître que dans la réalité, les « échecs » (ou les « défaillances ») du marché (`market failures') sont nombreux. C'est pourquoi, les théoriciens de l'équilibre général concurrentiel ont été contraints de revoir leurs hypothèses de base. Cette révision de la théorie de la concurrence pure et parfaite a donné naissance aux théories de la concurrence imparfaite et a justifié l'intervention de l'Etat sur les marchés défaillants. Cependant, les fondements théoriques de l'analyse de la firme restent en réalité les mêmes que dans le modèle concurrentiel : la firme est toujours considérée comme une boîte noire qui transforme d'une manière parfaitement efficiente des inputs en outputs, compte tenu de l'état de la technique et des conditions de production existantes et qui sont spécifiées par la fonction de production. Son prototype est la firme individuelle, composée d'un unique gestionnaire-propriétaire dont l'objectif est la maximisation du profit. Toute l'activité économique est ramenée à une dichotomie « Etat-Marché ». La théorie micro- économique traditionnelle ne laissait aucune place aux institutions créées par les individus. Or, de plus en plus de personnes ont commencé à être sceptiques vis-à-vis de ces approches qui considèrent l'état de la technologie comme un facteur exogène, déterminant pour l'organisation économique, et qui ne permettent en aucune manière d'appréhender le fonctionnement interne des organisations.

La recherche de nouveaux fondements à l'analyse de la firme s'est faite dans plusieurs directions. Parmi les théories alternatives qui ont été développées, les théories contractualistes des organisations ont suscité un intérêt majeur. Elles ont permis de reconnaître la firme comme un lieu de coordination alternatif au marché. Dès le moment où les hypothèses nécessaires au bon fonctionnement du marché ne sont pas vérifiées, ces théories reconnaissent que les individus peuvent recourir à d'autres mécanismes de coordination que les prix fixés sur le marché. Ces mécanismes sont les règles que les individus élaborent localement à l'intérieur d'espaces structurés qualifiés habituellement d' « organisations » (BATIFOULIER,

2001). Au mode de coordination par les prix s'oppose le mode de coordination par les règles. Ces règles vont être cristallisées dans des contrats établis librement entre deux ou plusieurs individus parce qu'ils ont jugé qu'il était dans leur intérêt de le faire. A la différence de la théorie néoclassique qui considère que les individus confrontés à une prise de décision n'avaient pour seules contraintes que celles imposées par l'environnement, la théorie contractualiste reconnaît que les individus doivent en outre tenir compte du comportement des autres individus dans leurs calculs d'optimisation. En ce sens, leur rationalité est dite « stratégique ».

Les fondements de ces théories trouvent leur source dans les articles de COASE, 1937

et 1960 qui ont donné lieu par la suite à de nombreux travaux. Les développements principaux sont dus essentiellement à ALCHIAN & DEMSETZ, 1972 ; JENSEN & MECKLING, 1976 et 1979 ; FAMA, 1980 ; JENSEN, 1983 et FAMA & JENSEN, 1983a et b. Ceux-ci peuvent être répertoriés selon deux courants : la théorie des droits de propriété et la théorie de l'agence.

Quoique les praticiens et théoriciens intéressés par la microfinance fassent référence principalement à la théorie d'agence, nous avons choisi de présenter également les fondements de la théorie des droits de propriété dans la mesure où cette théorie a largement contribué aux écrits des auteurs à l'origine de la théorie d'agence et offrira des éléments d'explication à la problématique de notre recherche. La théorie des droits de propriété étant déjà présentée, la théorie d'agence fera l'objet de la section suivante.

* 20 Cité par De Briey, 2003.

* 21 Repris par De Briey, 2003.

* 22 Lire la thèse de Briey, 2003

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon