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Potentiel des friches industrielles des secteurs de gare pour un développement urbain durable

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par Marianne Thomann
Université de Lausanne - Licence ès Lettres 2005
  

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2.3.3 Durabilité économique:

Par durabilité économique, on se rapporte à la santé économique d'une ville sur le long terme: d'une part au niveau du coût de construction et d'exploitation des infrastructures (transport, électricité, égouts etc.), d'autre part à la vitalité de l'économie locale et à la situation de l'emploi.

La forme urbaine influence ces critères plus ou moins directement.

4 Naess P, (1991) « Environment protection by urban concentration », paper presented at Conference on Housing Policy as a Strategy for Change, Oslo, copy available from Norwegian Institute for Urban and Regional Research, Oslo

En ce qui concerne les coûts des infrastructures, plusieurs recherches ont tenté de déterminer quelle forme urbaine était la plus efficace, mais la complexité des facteurs influents à cet égard empêche de se prononcer clairement pour l'une ou l'autre forme. Pour le moins, il semblerait qu'il existe un consensus que la forme étalée est coûteuse pour la plupart des services publics, en particulier pour les services de transport (Bussière et Bonnafous, 1993: 26), pour autant bien évidemment que la densification se fasse de manière qualifiée (cf. conditions ci-dessus) et n'engendre pas des nuisances qui coûteraient aux collectivités publiques.

Les coûts d'infrastructures du développement urbain ont été évalués en Suisse pour différents type de constructions selon le type de localité (ville, commune rurale etc.) et selon qu'il s'agissait de quartiers existants ou de nouveaux développements (ARE/ECOPLAN, 2000). La synthèse des résultats montre que les coûts d'infrastructures sont d'autant plus faibles lorsque la densité du quartier est élevée (dans l'ordre décroissant: immeubles de plus de trois niveaux, maisons en rangée, villas). Elle montre également que ces coûts sont plus élevés, dans chacun de ces trois types de quartier, avec un mode d'implantation dispersé des construction qu'avec un développement en prolongement des zones construites ou, mieux encore, à l'intérieur de périmètres largement construits.

Les collectivités ont donc un intérêt financier à voir leur territoire s'urbaniser de manière plus dense.

Certains auteurs s'interrogent cependant sur la faisabilité économique d'une ville plus compacte compte tenu d'une tendance à la décentralisation des activités économiques non dépendantes de la centralité (Thomas et Cousins, 1996) La disponibilité de sites vierges, bien accessibles en voiture, à prix compétitifs, poussent les entreprises à s'installer en périphérie plutôt qu'au centre, d'autant plus que les coûts liés au transport sont plutôt faibles comparativement à leur budget total. L'attrait d'un meilleur environnement en périphérie joue un rôle également, de même que la présence d'une main-d'oeuvre qualifiée en périurbain (ibid.). Dès lors, il est à craindre que in the case of the private sector, it is evident that there will be some resistance to policies that run conunter to the logic of the property market (Breheny, 1996: 27).

Cependant, les avantages liés à une localisation centrale - économies d'agglomération, visibilité, infrastructures déjà en place, proximité des facilités - sont attractifs pour les activités tertiaires et pour certaines activités industrielle à haute valeur ajoutée. La concentration des activité économiques à l'intérieur de la zone à bâtir ne semble donc pas aller à l'encontre de à la logique de marché pour ce type d'entreprise. Tout comme pour l'habitat, il s'agit de prendre conscience que certaines tendances ne sont pas inévitables et que l'aménagement du territoire, en offrant des alternatives aux localisations périphériques, peut oeuvrer en la faveur d'une urbanisation plus dense.

Un autre aspect de la durabilité économique de la densification est le suivant: une ville plus compacte nécessite la régénération urbaine de certains espaces (friches notamment) et la densification des espaces déjà construits. Pour que cette densification mène à une plus grande qualité de vie, un certain nombre de conditions ont été énoncées plus haut. La question est des savoir si le milieu immobilier a un intérêt financier à investir dans des processus de densification qualifiée, à savoir des processus de régénération urbaine visant

notamment une mixité d'activités, une mixité sociale ou la création d'espaces publics. La densification qualifiée est-elle financièrement viable ?

La question mérite d'être posée, car si la densification est clairement source de profit pour les promoteurs, la densification qualifiée, investie de préoccupations sur la qualité architecturale et urbanistique du projet, n'impliquant pas toujours la maximisation de l'utilisation des indices de densité (IUS), pourrait aller à l'encontre des volontés des propriétaires.

Or, il semble qu'une tendance relativement récente soit à la reconnaissance de a valeur économique indirecte de l' « urbanité ». Selon Thiébaud, chef du service de l'aménagement urbain à Neuchâtel, la valeur indirecte des espaces publics commence à être reconnue aujourd'hui (Vivre la Ville, 15 décembre 04)

L'expérience montre que des opérations de régénération urbaine, notamment de reconversion de friches industrielles, issues de partenariats privé-public, ont abouti à des quartiers de bonne qualité de vie, socialement et fonctionnellement mixtes, avec des espaces publics de qualité. Il semble donc que la volonté publique d'urbaniser le tissu bâti de manière qualifiée peut, dans certains cas qui tendent à se généraliser, rencontrer l'intérêt du secteur privé.

La densification est désirable par les collectivités publiques en termes économique (coûts des infrastructures, vitalité de l'économie locale); elle semble d'autre part qu'une densification qualifiée puisse être économiquement viable pour le secteur privé. Les trois conditions que nous relevons pour la concrétisation d'une densification qualifiée des espaces urbaines sont:

1. les processus de densification doivent être contrôlée par les pouvoirs publics pour éviter tout processus de tertiairisation ou de gentrification

2. la régénération urbaine doit être financièrement attractive pour le secteur privé

3. la densification du tissu bâti doit donc résulter de partenariats public - privé

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