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Potentiel des friches industrielles des secteurs de gare pour un développement urbain durable

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par Marianne Thomann
Université de Lausanne - Licence ès Lettres 2005
  

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5.1.4 Enseignements

Deux type d'enseignements peuvent être tirés de cette étude de cas: certains sont relatifs aux mesures de densification de l'agglomération dans une optique visant à freiner l'étalement urbain; d'autres sont relatifs à la mise en oeuvre d'un projet sur une friche ferroviaire et industrielle,

Tout d'abord, l'exemple du site des Eaux-Vives montre l'importance du potentiel représenté par les friches industrielles des secteurs de gare: dans le cas de Genève, ces terrains - les Eaux-Vives et La Praille - sont les seules surfaces constructibles en ville, c'est-à-dire dans le périmètre formé par le centre et la première couronne. La ré- émergence du projet CEVA, et l'attention portée à la densification des espaces autour de ses haltes et stations, montre également que la volonté fédérale de structurer les agglomérations par les transports publics se concrétise au niveau régional. La présence de friches aux deux endroits cités ci-dessus permet la création de quartiers denses et aménagés selon la conception actuelle de l'urbanisme: mixité, qualité des espaces publics, intégration dans le cadre environnant et soin des cheminements piétonniers et cyclistes.

L'étude du contexte genevois est d'autre part intéressant au vu des précédentes réflexions théoriques sur la forme urbaine. Le modèle d'une ville mono-centrique et contenue à l'intérieur de sa zone à bâtir a été jugé irréaliste par les autorités genevoises; un modèle de densification différenciée en fonction des caractéristiques des espaces (centre historique, couronnes, zones villas), avec des possibilités d'extension sur la zone agricole, a donc été choisi pour le développement futur de l'agglomération (Annexe 1). Un potentiel existe pourtant encore à l'intérieur de la zone à bâtir (densification de la 2ème couronne et de certains secteurs de la zone villa); mais la crise du logement, particulièrement forte dans la région genevoise, pousse à trouver des solutions rapides. Selon Cottet, les possibilités offertes par la deuxième couronne ne résoudront en effet pas la crise du logement: la densification possible à l'intérieur des PLQ existants se limite à des extensions (étages supplémentaires), et les PLQ non encore réalisés n'aboutiront qu'après de longues procédures (obtention des permis de construire notamment). Quant à la modification du régime de zone des quartiers villas en zone III de développement, qui permet des indices plus élevés, elle se heurte aux oppositions des propriétaires. Ce potentiel-là, qui représente 50% des possibilités de construire, ne sera donc pas disponible à court terme.

Enfin, le contexte genevois montre les difficultés auxquelles se heurte une politique de densification en terme d'acceptabilité. Le déclassement des communaux d'Ambilly, l'un des sites choisis par le canton pour l'extension de la zone à bâtir, illustre très bien les inquiétudes, justifiées ou non, qui émergent face à la densification: le type de population, la typologie des bâtiments, le financement des infrastructures nécessaires, une desserte suffisante en transport public sont dans la zone de mire. La gestion de ces questions est primordiale dans l'acceptabilité politique de ces nouveaux quartiers, dont la réalisation ne pourra être remise en question (débat Thônex, 6 juin 2005). Cet exemple rappelle à quel point il est essentiel que les projets issus d'objectifs cantonaux d'aménagement du territoire soient élaborés en concertation avec les communes, les associations et les habitants concernés. La capacité des autorités à prendre en compte, dans toute la mesure du possible, les intérêts des acteurs concernés joue un rôle prépondérant dans la perception d'un projet de densification.

Concernant le projet de réaménagement des Eaux-Vives, nous retiendrons trois enseignements. Le premier découle de l'amorcement du processus de reconversion de cette friche: sans le projet CEVA, ce site serait très probablement resté tel quel. En effet, le morcellement du périmètre par les rails rendait une tentative de valorisation du site complexe. D'ailleurs, bien qu'aujourd'hui une dynamique de projet se soit mise en place sous l'impulsion des autorités communales, la concrétisation d'un réaménagement reste dépendant de la réussite du projet CEVA, encore incertaine puisque l'engagement financier de la Confédération n'est pas encore assuré.

Le second a trait à la densité et à son acceptabilité. Les autorités ont établi une concertation des partis politiques et des associations du quartier des Eaux-Vives; il en est ressorti une volonté de densifier à plus de 1,5. Les autorités en ont été surprises (MassotBraun, entretien); cependant, elles ont souhaité s'en tenir à cet indice pour l' instant, qui découle du projet actuel (Figure 16). Ainsi, cet exemple montre que la densification ne se

heurte pas forcément à l'opposition de la population, pour le moins lorsqu'il s'agit d'un
quartier urbain situé dans une agglomération en proie à une importante crise du logement.

Enfin, ce projet nous montre plus généralement les difficultés inhérentes à la reconversion d'une friche industrielle intra-urbaine: la délocalisation d'entreprises actives, la conservation du patrimoine, l'intégration du nouvel aménagement au quartier (gestion des flux) - par exemple le souhait d'élargir le tronçon ouest de l'avenue de la Gare pour permettre le passage d'un bus se heurtant à la destruction de maisons du 19ème siècle de valeur - rendent la concrétisation d'un projet complexe. Le fait que les autorités soient propriétaires de l'ensemble des terrains facilite cependant grandement la tâche, d'une part en ce qui concerne l'expropriation des entreprises existantes, d'autre part au niveau de l'élaboration d'un projet cohérent sur l'ensemble de la surface.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus