5.1.1 Densification de l'agglomération
L'agglomération genevoise est mono-centrée; des
pôles secondaires existent à l'intérieur de la
première couronne, à savoir les Eaux-Vives, les Pâquis et
Carouge, ainsi que Chêne- Bourg et Thônex qui sont des pôles
résidentiels. Viennent ensuite des centres périphériques,
telles les cités-satellites de Meyrin et Onex (Cottet, entretien).
Les possibilités de construire à
l'intérieur de la zone à bâtir sont potentiellement
importantes; le plan directeur (Etat de Genève, 2001) relève en
1995 un potentiel théorique d'environ 50'000 logements en tenant compte
d'une politique de densification de la 5ème zone (zone
villa). Cependant, deux facteurs empêchent l'utilisation complète
de ce potentiel: la non désirabilité d'une densification à
saturation de certains espaces déjà fortement urbanisés,
et le fait que la plupart de ces terrains n'est pas disponible
immédiatement. Reste une capacité estimée à
l'accueil de 32'000 logements, satisfaisant les besoins prévisibles pour
les 15 à 20 prochaines années; le plan directeur
cantonal12 (PDC) précise cependant que des extensions sur la
zone agricole devront être envisagées en cas d'évolutions
démographiques ou économiques fortes. Un certain nombre de
terrains agricoles ont déjà été
sélectionnés en vue d'être classés en zone à
bâtir.
Les lignes directrices de la densification de
l'agglomération sont les suivantes: densification de la deuxième
couronne (suburbaine) selon les indices en vigueur, densification de certains
secteurs de la 5ème zone villa par modification du
régime des zones, et création de nouveaux quartiers mixtes et
relativement denses par extension sur la zone agricole, en continuité
avec la structure urbaine et sous certaines conditions strictes (notamment une
desserte efficace en transport public). Quant aux quartiers historiques, dont
la densité démographique est déjà très
importante (11 000 hab/km2),
12 Les plans directeurs cantonaux sont des documents visant
à tracer les lignes directrices de l'aménagement du territoire au
niveau cantonal. La LAT 1979 oblige chaque canton d'établir un PDC et de
le réviser tous les 10 ans. Les PDC sont les outils
d'aménagements principaux des cantons.
l'objectif est de mettre un frein à leur densification,
de développer les espaces publics et de rétablir l'habitat.
L'option choisie pour l'agglomération genevoise est donc celle d'une
densification différenciée des espaces et non celle d'un
développement concentré exclusivement à l'intérieur
de la zone à bâtir. Cette approche a été choisie
parce qu'elle [...] respecte le mieux la réalité
actuelle et préserve de meilleures marges d'évolution.
[Elle] correspond à une nouvelle façon d'envisager
l'espace urbain, plus attentive à la protection du patrimoine et aux
besoins des habitants [...] (Etat de Genève, concept)
Concrètement, la mise en oeuvre de cette politique se
traduit par deux actions principales. Tout d'abord, il s'agit d'acquérir
une vue d'ensemble détaillée du potentiel important qui se trouve
dans la deuxième couronne (Annexe 1). Elle concentre en effet la plus
grande part des terrains classés en zone de développement III (ZD
III), où l'indice usuel est de 1,2. Cette couronne fait actuellement
l'objet d'une étude qui, par orthophotos 13, permettra de
relever le potentiel existant dans cette zone, c'est-à-dire la
différence entre les indices préconisés par les plans
d'aménagement14 (PLQ) et les indices réels. D'autre
part, elle consiste en la modification du régime de zone dans certains
secteurs de la zone villa; cette politique cantonale rencontre une levée
de boucliers de la part des communes concernées (Débat «
Thônex », 6 juin 2005). Les habitants craignent que la
création de quartiers denses, doublant parfois la population actuelle de
la commune, et comprenant une part importante de logements
sociaux15, ne porte atteinte à la qualité de vie de
leur lieu résidentiel.
La politique cantonale en matière de densification est
motivée par une crise du logement importante. Des réserves en
zone à bâtir subsistent, mais ne sont pas disponibles à
court terme. L'opposition des résidents et des communes à la
politique menée par le canton montre à quel point il est
délicat de construire dense dans des espaces dont la valeur
(perçue) découle de la dispersion des constructions, autrement
dit dans des espaces périurbains. Dans ce contexte, les
possibilités de construire en milieu urbain, où la densité
est une qualité intrinsèque (« urbanité », cf
définition chapitre 2), représentent une aubaine, et ce d'autant
plus lorsqu'il s'agit de terrains mal qualifiés dont la reconversion est
largement souhaitée par les propriétaires et par la population.
La friche des Eaux- Vives constitue donc une opportunité quasiment
unique, avec la Praille, de construire des logements de manière dense
sans que cela ne rencontre d'opposition de principe.
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