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Potentiel des friches industrielles des secteurs de gare pour un développement urbain durable

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par Marianne Thomann
Université de Lausanne - Licence ès Lettres 2005
  

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3.3 Obstacles à la mise en valeur des friches industrielles

La réhabilitation des friches industrielles est un processus complexe; malgré leur potentiel en terme de développement urbain, elles restent massivement inutilisées pour toute une série de raisons que nous allons aborder ici. Il est important de connaître les freins qui entravent une réhabilitation systématique de ces sites, afin de pouvoir développer des moyens d'action à même de les dépasser. Quatre éléments paraissent être déterminants

dans la lenteur des processus de régénération et de densification du tissu urbain par le biais des friches: le déficit d'attractivité dont elles font l'objet auprès des investisseurs, la participation des pouvoirs publics, le manque de données précises et actualisées au sein des autorités compétentes en matière de développement urbain, ainsi que certains aspects du cadre légal. Ces obstacles sont inhérents à ce type de terrains parce qu'ils sont en friche et parce qu'ils sont en milieu urbain, deux caractéristiques qui entraînent un certain nombre de coûts et de complications.

3.3.1 Déficit d'attractivité

La synthèse de l'étude récente sur les friches industrielles en Suisse (Valda et Westermann, 2004), grâce aux réponses détaillées de 221 propriétaires, indique les obstacles suivants (Figure 9):

Figure 9. Entraves à la reconversion en pourcentage total

(Valda et Westermann, 2004)

La manque d'usagers, la difficulté de reclasser le terrain et le manque de coup de pouce financier semblent être les trois critères déterminants dans les difficultés rencontrées par les propriétaires pour la reconversion de leurs terrains. Si les coûts d'assainissement ne sont pas cités comme entrave, c'est, selon les auteurs, qu'ils sont probablement ressentis soit comme obstacle administratif (ralentissement des travaux), soit comme manque d'usagers (les coûts sont ressentis comme un obstacle par les investisseurs), soit qu'ils ont été intégrés dans le calcul d'investissement, soit encore que les propriétaires pour lesquels ces coûts représentent un obstacle important n'ont pas participé à l'enquête. En effet, ces coûts existent et il serait surprenant qu'ils ne constituent pas un obstacle à la mise en valeur des friches. La réponse « manque d'usagers », citée par 57% des participants, indique le déficit d'attractivité dont pâtissent les friches industrielles. Ceci dit, ce déficit d'attractivité touche différemment les friches selon qu'elles sont situées au centre ou en

périphérie de grandes ou de petites agglomérations. Les situations centrales, où la pression foncière est forte, restent attractives pour les investisseurs comparativement aux friches de la périphérie qui subissent la concurrence de surfaces vierges plus rapidement disponibles et à meilleur prix (Valda et Westermann, 2004).

L'OFAT, dans son dossier consacré à l'aménagement du territoire et des friches industrielles (1/1999), mentionne cinq obstacles qui peuvent empêcher les projets de se concrétiser sur ces terrains: le morcellement des propriétés et la multiplicité des visions pour un même site, l'incertitude face à la contamination, le prix du sol, des lacunes dans l'observation des principes de l'aménagement du territoire ainsi qu'une mauvaise gestion (instruments, procédures) et enfin une passivité des autorités responsables.

Les trois premiers obstacles sont liés aux caractéristiques du site en tant que friche urbaine et participent à son déficit d'attractivité. Les deux derniers sont liés à l'attitude des pouvoirs publics et à leur capacité d'élaborer des outils adaptés à la complexité des projets de réhabilitation de friches urbaines. Nous y reviendrons au point 3.3.2.

L'état et l'environnement peu attractif des bâtiments, leur classement en zone industrielle, ainsi que les risques, avérés ou non, de contamination, rendent difficile la recherche d'investisseurs. Les friches des secteurs de gare impliquent également un certain nombre de nuisances qui paraissent de prime abord incompatibles avec des activités de logement notamment. D'autre part, la concrétisation de projets en site urbain est rendue complexe par le nombre de propriétaires et d'acteurs aux objectifs parfois divergents qu'elle implique et du fait qu'il est toujours plus délicat d'intervenir sur de l'existant plutôt que sur des terrains vierges. Les projets sont imbriqués les uns dans les autres, mêlant technique et politique (Rey, 1993), et les investisseurs privés craignent, à tort ou à raison, les tracasseries administratives.

Le fait friche et le fait urbain, par la complexité qu'ils entraînent, portent atteinte à l'attractivité de ces sites, et ce malgré leurs qualités. Les friches industrielles des secteurs de gare peuvent donc être attractives pour les investisseurs, mais leur reconversion représente un risque, car il s'agit de composer avec l'existence d'inerties et de contraintes spécifiques de terrains qui, pour être vacants, (sont) loin d'être immédiatement disponibles (Chaline, 1999: 35).

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