Le management des ressources humaines dans les radios privées, cas de RadioTiemeni Siantou( Télécharger le fichier original )par Crescence Irene Mbezele Universite de Yaounde II - Licence en communication,option journalisme 2005 |
IV- OBJET DE L'ETUDEParvenu au terme de cet état des lieux qui montre à suffisance le caractère instable, incertain, voire fragile et précaire de l'emploi dans les radios privées, devant la situation de ces « personnels à statut nébuleux, pigistes ou permanents taillables et corvéables à merci...au gré des circonstances et des humeurs des dirigeants et payés en monnaie de singe »7(*) nous avons voulu marquer un temps d'arrêt sur cette conjoncture dont les échos sont loin d'être élogieux. C'est la raison pour laquelle nous avons décidé d'orienter notre étude sur la situation des personnels des radios privées. Ce travail va s'intéresser de façon spécifique à la gestion des personnels de la R.T.S. au plan administratif, recouvrant les volets recrutement, promotion, contrat de travail et rémunération, les conditions de travail et enfin la nature des relations sociales qu'entretiennent hiérarchie et employés. Il s'agira de dégager les éléments qui président à la précarité de l'emploi dans les lesdites radios et aussi d'envisager des solutions concrètes pour parer sinon enrayer définitivement le phénomène. V - PROBLEMATIQUESelon Michel Beaud, la problématique peut-être définie comme « un ensemble construit autour de la question principale, des hypothèses de recherche et des lignes d'analyse qui permettent de traiter le sujet choisi ».8(*) Quand le décret du 03 avril 2000 est publié, certaines radios ci-dessus citées, impatientes d'être libérées de la « cage » du pouvoir exécutif sont déjà sur le chantier de confection de nouveaux paysages audiovisuels. De nombreuses autres leur emboîtent le pas sitôt la signature rendue publique. C'est à une « guérilla » par ondes interposées que l'auditeur est confronté. Les personnels de toutes les nouvelles chaînes rivalisent d'ingéniosité et de talent pour accrocher voire arracher les auditeurs encore indécis par des programmes musicaux, des débats, des échanges de factures et de fortunes divers. Mais après toutes ces démonstrations de force, un besoin de consolidation et de sécurisation des acquis s'est communément révélé aux personnels qui officiaient jusque-là comme de simples bénévoles. Dans ces radios centralisées où la seule voix prépondérante est celle du propriétaire, les vagues de protestation engagées ont finalement contraint certains promoteurs à renégocier les termes de recrutement et à reconsidérer le statut de leurs personnels. Pour le cas d'espèce, il va s'agir de montrer et d'analyser les paramètres de la gestion des ressources humaines. De ce qui précède, l'on est en droit de se poser la question de recherche suivante : QUESTION CENTRALEQuel est le modèle de management qu'applique la Radio Tiemeni Siantou ? Est-ce un modèle général applicable à toutes les entreprises audiovisuelles ou plutôt un modèle spécifique appliqué par cette seule radio ou encore un modèle émergeant en marge des deux premiers qui puisse permettre ou non son éclosion ? Cette question principale nous amène à nous poser un certain nombre d'autres questions. QUESTIONS SECONDAIRES· Comment ce modèle de management peut-il concourir à l'épanouissement ou non de ses ressources humaines ? En d'autres termes, qu'est-ce qui préside au recrutement, à l'évaluation, à la formation, à l'élaboration du contrat de travail et à la rémunération ? · Quelles sont les conditions de travail de ces personnels ? · Quelle est la nature des relations sociales qu'ils entretiennent entre- eux et vis- a- vis de la hiérarchie ? HYPOTHESE CENTRALERaymond Quivy et Luc Van Campenhoudt définissent l'hypothèse comme « cet esprit de découverte qui caractérise tout travail scientifique ...Elle se présente comme une présomption non gratuite portant sur le comportement des objets réels étudiés. »9(*) A la Radio Tiemeni Siantou, il n'existe pas de modèles de gestion avérés et établis. La radio obéit à un fonctionnement opportuniste au sein duquel les problèmes et autres difficultés sont résolus au quotidien. HYPOTHESES SECONDAIRES · Les conditions de recrutement, de sélection, d'évaluation, de formation et même d'élaboration du contrat de travail sont floues et contribuent à la précarité de l'emploi dans un environnement marqué par une offre abondante de service, les personnels étant contraints de s'y astreindre. · Alors que la nature des relations sociales entre le personnel et la hiérarchie est déjà en permanence conflictuelle, les travailleurs s'étripent encore au quotidien pour être les plus en vue. VI- REVUE DE LA LITTERATURE La recherche est un domaine où il existe rarement de forêt vierge. Très souvent, le champ thématique que l'on explore est déjà balisé par des études antérieures. Il n'existe pas de recherche ex nihilo, c'est- à- dire spontanée. Aussi cette étude se situe-t-elle dans le même sillage qu'un certain nombre de travaux déjà effectués entre autres, ceux de :
1. Jean-Bernard Bruneteaux, Gestion des ressources humaines et communication, PUCAC 2003. Cet ouvrage propose aux lecteurs, une panoplie d'approches possibles de la gestion des ressources humaines, l'une des bases de la réussite d'une entreprise. Il part du postulat selon lequel si les fondements et les techniques de GRH peuvent être pratiqués indépendamment des contextes avec des fortunes plus ou moins relatives, il est cependant nécessaire pour que celles-ci soient efficaces, d'intégrer les réalités de l'environnement socioculturel dans lequel l'organisation se déploie. Bruneteaux ajoute que l'expansion de l'entreprise ne doit pas passer outre les critères explicites et établis de recrutement, d'évaluation, de compétences... mais plutôt confronté à la dure réalité de la mondialisation, elle devient tributaire d'un modèle de management compatible avec l'aspiration des collaborateurs et leurs diversités. Ce document est d'un apport inestimable pour cette étude en ce sens qu'il s'adapte au contexte local camerounais. De plus, il va nous servir de guide, de repère dans la quête de la question du management d'une organisation. 2. Marcel Zadi Kessy, Culture Africaine et gestion de l'entreprise moderne, CEDA 1998. Ce livre du manager ivoirien résulte d'une expérience de plus de deux décennies à la tête de deux entreprises privées. Il est une contribution à la question du développement de l'entreprise moderne africaine à travers sa culture qui peut, tout comme le modèle japonais en Asie constituer la planche de salut de l'Afrique. Dans le cadre de cette étude, il va nous permettre de relever des éléments de la culture africaine qui constituent à la fois un frein à l'éclosion des entreprises en Afrique et un essor futur dans le management des organisations africaines. 3. Emmanuel Kamdem, dans son ouvrage, Management et interculturalité, expérience camerounaise, les Presses de l'Université de Laval, 2002, part de la remise en cause de ce qui était jusqu'au début des années quatre vingt communément admis comme le modèle de management universel pour relever ses limites quant à l'adoption indépendamment des systèmes de valeurs et des normes sociales en vigueur dans les divers pays. L'exemple du modèle américain, du modèle alternatif euro-asiatique et du modèle dit de la « culture d'entreprise ». Pour lui, le management interculturel s'impose dans un contexte de différence et de pluralisme culturel parce qu'il faut prendre en compte les singularités et les différences entre les systèmes de représentations et de rationalités sociales des hommes pour une bonne conduite des activités de l'organisation. 4. Edoa Bernadette Chantal, Les problèmes financiers et la rémunération des journalistes dans les radios privées de Yaoundé : le cas de Radio Bonne Nouvelle et Radio Télévision Siantou, ESSTIC 2002. L'auteur observe que ces journalistes sont faiblement rémunérés, et que des écarts considérables allant du simple au triple sont notables entre les différentes catégories des personnels employés. Au terme de son investigation, il ressort que cette mauvaise rétribution résulte de la faiblesse des revenus engrangés, elle-même tributaire de la désorganisation du marché publicitaire, de la dure concurrence que se livrent médias privés et ceux d'Etat, et d'autres manquements liés à la mauvaise appréciation de la notion de rémunération des journalistes qui n'est pas encore une priorité pour certains promoteurs de radio au Cameroun. Cette étude, bien que solidement ancrée au coeur de la crise financière que traversent de nombreuses chaînes privées, ne constitue qu'un pan de la nôtre qui se veut plus englobante en recherchant le réel problème, cause du déficit d'épanouissement des personnels. 5. Le rapport de stage de Théodore Benjamin Fouda Effa, La ligne éditoriale de la RTS pendant la présidentielle d'octobre 2004 au Cameroun, Institut Siantou Supérieur, 2005 est un prétexte à l'auscultation du ton de la radio et l'influence qu'exerce l'appartenance du patron au parti au pouvoir. Toutefois, comme nous l'avons évoqué plus haut, notre recherche vise un domaine sensible à savoir celui de toute la gestion des ressources humaines dans une radio privée. 6. François Pichault, Jean Nizet, Les pratiques de gestion des ressources humaines : approches contingente et politique, Paris, Seuil, 2000, 333p. L'ouvrage fait ressortir la diversité des pratiques de GRH, les tensions qui les traversent, les évolutions qu'elles connaissent et la nécessaire prise en compte des facteurs internes et externes au plan organisationnel et culturel de l'environnement des entreprises pour plus d'efficacité. Ils préconisent de partir de la théorie universaliste pour le contextualisme qui intègre la nature des organisations. Ce livre nous a permis d'examiner les différentes approches des modèles de management des PME qui ne cadrent pas forcement avec ceux des organisations confirmées qu'on calque d'habitude à ces dernières. En conclusion, nous pouvons affirmer que notre sujet tel qu'en lui-même n'a pas encore fait l'objet d'investigations. * 7 Laurent Charles Boyomo Assala, Introduction à la sociologie des journalistes camerounais, in Fréquence Sud, n°14, juin 1998, p 109. * 8 Michel Beaud, L'Art de la thèse, la Découverte, Paris, 1980, p 39 * 9 Raymond Quivy, Luc Van Campenhoudt, Manuel de recherche en sciences sociales, Dunod, Paris, 1995, p 118. |
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