Sous-section 2. Le premier pas vers une
considération du peuple andorran comme une entité « une et
indivisble » ou la création de la septième paroisse
Faisant volontairement appel à l'expression si bien
connue de l'article 1er de la Constitution française de 1958, nous
allons montrer dans cette partie que la création de la septième
paroisse ex-nihilo d'Escaldes-Engordany, au dépend de
celle d'Andorra-la-Vella, est le signe d'une volonté des
Coprinces de considérer de manière appuyée l'accroissement
de la popualtion andorrane dans les Vallées comme un fait social qui a
toute sa part dans l'évolution institutionnelle du pays.
Le décret faisant état de la création de
la septième paroisse est daté du 14 juin 197854. Il
s'agit d'une vraie révolution institutionnelle qu'a
expérimenté l'Andorre. En effet, le découpage
traditionnelle en six paroisses, déjà reconnu officiellement au
IXème siècle dans un acte éclésiastique de la Seu
d'Urgell, a perduré pendant plus de 11 siècles55.
Outre cette révolution institutionnelle sur le plan du
découpage territoriale, ce décret marque aussi un moment
important dans l'esprit fédéraliste andorran. En effet,
officiellement créée pour palier à l'acroissement de la
population dans la haute vallée du Valira, l'émergence
d'Esclades-Engordany comme entité administrative de base fait augmenter
le nombre de Conseillers à 28 (donc: 4 conseillers pour cette nouvelle
Comù, à égalité des autres).
Néanmoins, ceci peut être
interprété de deux façons différentes. Tout
d'abord, le souhait sans doût avoué de vouloir adapter le
modèle fédéral andorran aux réalités
sociales contemporaines, et donc de légitimer ce modèle. Dans un
autre sens, cette nouvelle paroisse a
54 Décret conjoint des Délégués
Permanents des Coprinces
55 Dans l'ordre protocolaire et traditionnel andorran, les six
paroisses administratives et religieuses sont classées comme suit:
Canillo, Encamp, Ordino, la Massana, Andorra la Vella et Sant Julià de
Loria. Deux théories se font fassent quant à l'origine de cet
ordre: l'une défend la thèse qu'elle furent classées ainsi
selon leur situation géographique et un axe 'Nord-Sud', l'autre
émet l'idée que l'ordre provient d'une classification
décroissante de l'importance des chéptels de bovins et d'ovins
(cf. l'entrevue et l'ouvrage cité précédemment d'Antoni
Pol i Solé)
des répercussions sur ce même modèle: il
s'agit de la reconnaissance du peuple et non d'une entité en particulier
qui souhaitait obtenir une certaine autonomie de gestion. C'est-à-dire
que pour la première fois, on reconnaît au peuple, en tout cas
à une partie de ce peuple, la capacité d'être
représenté au niveau national, en se basant sur critère
purement démographique.
Voilà la spécificité de cette
évolution institutionnelle. Dans la pratique juridique,
l'égalité politique paroissiale est maintenue. Dans
l'analyse politique, on se rend compte de la particularité innovente de
cette création.
Ce processus possède une histoire assez
mouvementé56. Dès 1934, des
véléités de séparation entre Andorra-la-Vella et
l'ensemble territorial que formaient les deux Quarts d'Escaldes et
d'Engordany avaient déjà été énoncées
dans les débats du Conseil Général.
Fait marquant: le 16 août 1968, un décret des
Délégués Permanents souhaitait porter à huit (8) le
nombre de Conseillers de la Paroisse-Capitale. Cependant, cette décision
amena à une crise institutionnelle d'une dizaine d'années, ayant
pour raison première le déséquilibre représentatif
qu'allait créer une telle pratique.
56 Historique de la création de la paroisse s'appuyant sur
l'étude qui en fut faite par Pere Pastor Vilanova (op. cit.)
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