1.2 L'APPROCHE ORGANISATIONNELLE ET SOCIALE DES SIG
DANS LES COLLECTIVITES TERRITORIALES
On ne peut comprendre le fonctionnement et le devenir des SIG
dans les collectivités territoriales sans s'intéresser à
leur dimension organisationnelle et sociale. Avec les travaux pionniers de H.
Pornon dans les années 1990, il est devenu habituel d'aborder les
aspects organisationnels et institutionnels des SIG. En 1991, J.P. Cheylan
avait noté qu'un SIG était « un outil organisationnel et
social, produit d'une structure sociale et/ou d'un projet »
35.
1.2.1 Point bibliographique
Dans toute réflexion concernant les SIG, il faut touj
ours envisager un SIG comme un projet, une mobilisation de moyens qui se
déploie dans le temps. Comme l'écrit T. Joliveau « le SIG
peut et doit être simultanément abordé à la fois
comme un instrument technique, un outil intellectuel, une production
organisationnelle et une construction sociale» 36.
Au moins deux travaux francophones importants ont
déjà exploré cette dimension par l'observation et
l'analyse de situations concrètes (études de cas). H. Pornon et
S. Roche se sont attachés à comprendre la dimension
organisationnelle et sociale des SIG. Ces approches s'inscrivent dans des
cadres théoriques différents.
H. Pornon consultant spécialiste de la
géomatique et des SIG a été le premier à effectuer
des travaux sur ce sujet. Déjà dans sa thèse37,
il analysait comment les caractéristiques de ce qu'il nomme
système d'action étaient déterminantes dans la mise en
oeuvre d'un projet SIG. Fort de son expérience avec sa
société IETI consultant, il s'est imposé comme le
spécialiste de l`aspect organisationnel des SIG avec son ouvrage
Systèmes d'information géographique, pouvoir et
organisation38 sous-titré géomatique et
stratégies d'acteurs.
Dans cet ouvrage H. Pornon aborde ce thème en
étudiant une dizaine de projets de SIG au regard des concepts de la
sociologie des organisations et des concepts systémiques du nouveau
management. Cependant, cet ouvrage dépasse le cadre de la
géomatique et des systèmes d'information géographique en y
abordant les projets informatiques.
35 CHEYLAN J.P., 1991, Eléments pour la conception des
systèmes d'informations géographiques en recherche, in Gestion de
rural et SIG, INRA, p. 79-85
36 JOLIVEAU T., 2004, Parcours 1 : Les SIG de l'outil
à la construction sociale, mémoire d'habilitation à
diriger des recherches sous la direction de GUERMOND, Université de
Rouen, 58 p.
37 PORNON H., 1997, Géomatique et organisations :
contradictions et intégration des projets d'acteurs, sous la
direction de François Golay, Ecole Polytechnique Fédérale
de Lausanne, 190 p.
38 PORNON H., 1998, Système d'information
géographique, pouvoir et organisations, Ed. L'Harmattan, 255 p.
S. Roche se place quant à lui dans une
perspective plus théorique, plus conceptuelle et plus souple. Il aborde
les SIG par une entrée de géographie sociale. Il analyse les
modèles cognitifs d'adoption, d'appropriation et de diffusion des TIG.
Il envisage également les TIG comme un secteur spécifique des TI
et des plus particulièrement des TIC. L'étude39 qu'il
a menée dans les collectivités locales françaises et
québécoises en 1996 a montré que malgré le niveau
encore faible de la diffusion des TIG, ces outils occasionnent de fortes
réorganisations des services et des modes de travail dans les
collectivités. Et cela avec deux impacts majeurs : une diffusion
importante de la représentation cartographique (approche sociale des
TIG) et la mise en place d'une réflexion en interne dans les
organisations pour la réflexion et la scénarisation des actions
(logique organisationnelle).
Ses conceptions méthodologiques des SIG adoptent une
approche intégrant diverses dimensions dans le cadre d'une
véritable science de l'information géographique, appelées
Geographical Information Science (GIS). En français nous pouvons le
traduire par géomatique mais nous parlerons de géomatique
scientifique si l'on veut différencier la discipline du secteur
économique et de l'activité professionnelle40. A ce
terme de la réflexion, nous ne parlons plus simplement de nouvelles
méthodes mais véritablement de la création d'une nouvelle
discipline avec ses ouvrages, ses formations et ses spécialistes.
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