1.1.4 Une question de vocabulaire
1.1.4.1 Réflexion épistémologique et
essai de définitions
Le vocabulaire est un vrai problème en
géomatique, d'ailleurs, pourquoi utiliser ce terme et non pas le terme
de SIG qui serait plus commode (car plus courant), ou celui de TIG,
SIRS27 ou encore TIL28. L'ensemble de tous ces termes
renvoie à la géomatique. Pour M. Bergeron, il
s'agit d'une « discipline ayant pour objet la gestion des données
à référence spatiale et qui fait appel aux sciences et aux
technologies reliées à leur acquisition, leur stockage, leur
traitement et leur diffusion » 29.
Dans son mémoire d'habilitation à diriger des
recherches, T. Joliveau fait un point sur les questions de vocabulaire dont
voici un court extrait :
« Enfin si l'appellation SIRS qui domine au
Québec et en Suisse n 'est pas exempte d'ambiguïtés. Si H.
Pornon, lisant Y. Bédard, résume les SIG à des logiciels,
Bédard (1987) repris par Thériault (1995) voit le SIG comme un
type particulier de SIRS. Il nous semble plus réaliste dans le contexte
français, qui voit perdurer contre vents et marées le
succès de l 'appellation SIG, de conserver à celle-ci la
définition la plus large, même si elle est ambiguë, tout en
spécifiant la vue que
l 'on adopte, en parlant de logiciel SIG par exemple.
» 30
De par cet extrait, on voit bien la difficulté à
trouver un vocabulaire géomatique « commun ». Au final chaque
auteur propose, en s'appuyant sur le travail des autres, sa propre vision des
SIG car il n'existe pas actuellement de définition de
référence. De plus, les SIG ne sont plus réservés
aux spécialistes comme c'était le cas il y a encore une dizaine
d'années. Ces divergences de vocabulaire et de conception des TIG
s'expliquent par la variété des acteurs, des métiers, des
données, des contextes et des pratiques SIG.
Dans son ouvrage consacré au SIG, P. Bordin expose
l'idée suivante : « La définition du concept de SIG est
rendue difficile par les nombreuses appellations voisines qui se substituent
parfois au terme de SIG et les différents significations qui lui sont
attribuées »31.
27 Système d'Information à Référence
Spatiale, terme utilisé par H. PORNON et J. CHEVALIER.
28 Technologie de l'Information Localisée, terme
utilisé par P. BORDIN.
29 BERGERON M., 1992, Vocabulaire de la géomatique,
Québec, Office de la langue française, 41p.
30 JOLIVEAU T., 2004, Parcours 1 : Les SIG de l'outil
à la construction sociale, mémoire d'habilitation à
diriger des recherches sous la direction de GUERMOND, université de
Rouen, 58 p.
31 BORDIN P., 2004, SIG concepts, outils et données,
Ed. Hermès, 259 p.
Au final, il coexiste une large gamme d'appellations et
définitions définies par l'usage et le contenu. Et plus que de
simples variations de vocabulaire, ces différences reflètent la
grande variété des approches, des usages et des perceptions des
SIG. Pour pallier ce problème de vocabulaire, P. Bordin en propose la
définition suivante : « un SIG est un outil informatique permettant
des traitements divers sur des données à référence
spatiale »32.
Le CNIG propose définit les SIG comme: «
des bases de données complexes qui permettent d'une part de
regrouper et de structurer l'information géographique et d'autre part de
réaliser des requêtes et des analyses sur ces informations afin de
répondre à des problématiques spécifiques
».33
T. Joliveau propose comme définition, « un SIG est
l'ensemble des structures, des compétences, des méthodes, des
outils et des données numériques constitué pour raisonner
dans l'espace et répondre aux besoins d'un territoire ou d'une
organisation » 34.
Pour lui, on peut appréhender les SIG de quatre
manières différentes.
- Le produit SIG : SI, applications
informatiques, logiciels, etc.
- les outils SIG : logiciels, langages,
périphériques, etc.
- l'industrie des SIG : métiers,
branches, associations, marché des bases de données.
- les SIG en tant que discipline :
géomatique, sciences de l'information géographique avec
des colloques, des livres, des cours et des formations spécifiques.
Nous ne pouvons prétendre donner « la »
définition du concept de TIG. L'objectif étant toujours le
même, utiliser des moyens performants grâce à l'informatique
dans le but d'exploiter au mieux l'information géographique.
Mais la vision des SIG comme de simples outils est à la
fois juste mais aussi trop limitée. En effet, un SIG est un outil
technologique et informationnel visant à donner des
éléments de réponse à un problème ayant une
dimension spatiale dans un contexte organisationnel précis, ici les
collectivités territoriales. Le SIG est à la fois un
outil à dimension technique (le logiciel) mais aussi
une infrastructure à développer (projet de
l'organisation). C'est cette dimension organisationnelle que nous allons
maintenant développer.
32 BORDIN P., 2004, SIG concepts, outils et données,
Ed. Hermès, 259 p.
33 TIBERGHIEN V., 2006, L 'Information Géographique :
« Qu 'est ce que c 'est et à quoi ça sert? »,
séminaire "information géographique et aide au
développement durable", CNIG
34 JOLIVEAU T., 2004, Parcours 1 : Les SIG de l'outil
à la construction sociale, mémoire d'habilitation à
diriger des recherches sous la direction de GUERMOND, Université de
Rouen, 58 p.
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