3.5.2.3 Faire participer les agents à la vie du SIG
communautaire
L'implication des utilisateurs des TIG au niveau de la
collectivité et des communes paraît indispensable pour le bon
fonctionnement du SIG communautaire. Cela passe dans un premier temps par la
participation des futurs utilisateurs dans le choix des outils et des solutions
informatiques, comme le déclare A. Turlan à propos du nouvel
intranet cartographique qui permettra la création de données par
les différents agents « il nécessaire de s 'entendre
avec les futurs utilisateurs sur l 'application métier à mettre
en place ».
Dans le cadre de la CAM, C. Michel explique :
« L 'intranet sera en consultation mais on avait
parlé de quelqu 'un à disposition à l 'environnement pour
mettre à jour les données sur les sentiers et les ordures
ménagères, pas directement par l 'intranet mais directement sur
le logiciel pour ensuite rebasculer sur la base de données, je pense que
l 'on va s 'en occuper après l 'intranet. »
Dans cette logique, les agents de l'intercommunalité
comme des mairies ne doivent pas constamment s'adresser au service SIG pour
obtenir des informations, c'est pourquoi il est nécessaire de
développer des solutions à interfaces simples d'utilisation,
adaptées aux besoins et avec des pour la diffusion des informations
géographiques (intranet, extranet e internet cartographique). Nous
pouvons considérer que les agents des collectivités participent
déjà à la vie du SIG communautaire mais d'une autre
manière car ils produisent de l'information fiable et mise à
jour. On aborde ici l'idée de la mise en place de composante SIG pour la
création et la modification de données dans la base de
données communautaire comme ce qui va être le cas très
prochainement au Sicoval avec la mise en place du nouvel intranet
cartographique et de l'extranet communal.
Au cours des entretiens, la dernière question de
l'entretien portait sur la possibilité de l'installation d'une
composante SIG sur le poste de travail des acteurs interrogés avec une
formation complémentaires. Les réponses sont assez similaires,
comme pour les autres questions, nous différencierons les
géomaticiens des non géomaticiens.
Responsable espace vert
«Ca prendrait du temps, ça serait difficile à
faire un vrai suivi des données».
«L'essentiel c'est d'avoir les informations sans y accorder
trop de temps».
Urbaniste
«Pour l'autonomie, pouvoir se débrouiller un minimum
tout seul. Pourquoi pas....mais c'est tellement plus facile comme ça.
S'il faut apprendre à être autonome c'est bien aussi ».
Urbaniste en commune
«C'est séduisant comme idée, mais il faut
beaucoup de temps pour y arriver, ça me paraît difficile
».
«Il faut beaucoup de temps pour y arriver, ça parait
pas compatible ».
Urbaniste en commune
«Pas vraiment pour, par manque de temps de plus, il y a un
service pour ça, la BDT».
«Nous sommes des utilisateurs finaux ».
«C'est un métier à part
entière».
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Géomaticienne assainissement
« C'est un challenge, ça va modifier les
façons de travailler des gens ».
Géomaticien urbanisme
«On s'est posé la question, acquisition de logiciel
et formations mais la personne intéressée est partie.
Investissement dans l'outil + formation mais ils l'ont jamais utilisé.
C'est un peu dommage de fonctionner comme ça, on pourrait aller plus
vite. Mais ça parait irréaliste par manque de temps».
Géomaticienne observatoire
« Quand on n'a pas de formation, ce n'est pas évident
».
« Quand ils viennent ici on voit bien leurs
difficultés, c'est risqué ».
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Tableau 17 : La composante SIG
modification perçue par les acteurs interrogés
Comme nous pouvons le voir, les agents communautaires ne sont
pas très favorables à l'idée de disposer d'une composante
SIG modification. De leur côté, les agents communaux non plus ne
semblent pas adhérer à cette nouvelle configuration qui
impliquerait des changements dans leur mode de travail. Les acteurs
interrogés expliquent cette réticence par le manque de temps et
de connaissance technique. Ils se considèrent comme des «
utilisateurs finaux » et sont satisfaits du fonctionnement actuel
où le service SIG s'occupe de tout.
De son côté A. Turlan explique, « si je
compare le temps investi à courir après les informations et la
disponibilité que j 'ai pour eux, ça serait un gain de temps qu
'ils aient une application métier et qu 'ils créent directement
de l 'information». Pour les géomaticiens de la BDT,
les avis sont assez divergents, certains sont pour et y croient et pour
d'autres l'idée paraît assez difficile à mettre en place
également par manque de temps et de compétences techniques.
Pour F. Pichault :
« Le conflit permanent entre ces diverses
rationalités limitées soumet toute innovation
technico-organisationnelle à un processus de socialisation dont les
résultats sont davantage le fruit d'ajustements réciproques et
d'apprentissages croisés que de l 'imposition mécanique des seuls
intérêts managériaux. »116
A partir ce cette citation concernant l'informatique, nous
pouvons penser que l'introduction des TIG dans le quotidiens des agents
s'effectuera progressivement selon les besoins et ne sera pas imposé car
le risque de rejet des TIG est très fort. C'est pourquoi il est
nécessaire pour les services SIG de rendre les futurs utilisateurs fiers
de leurs réalisations, de les valoriser en expliquant dès le
début que l'information qu'ils produisent est la leur, qu'ils en sont
responsables et qu'à aucun moment ils ne sont
dépossédés de la valeur ajoutée qu'ils ont
apportée à des informations brutes.
Il est également indispensable d'engager la
responsabilité de la diffusion, si cela ne passe pas par l'intervention
directe des agents, l'autre solution consiste à officialiser et acter
les démarches d'échanges. Par exemple il serait convenu que tous
les trois mois, les services transmettent un maximum d'informations au service
SIG.
Faire vivre un SIG au sein de l'EPCI dépend entre autre
de la question évoquée ci-dessus : la motivation des personnes en
place et l'investissement de chacun, mais également de la communication
du service SIG autour de son projet, de ses outils. Selon de multiples facteurs
(humains, politiques, organisationnels, techniques, financiers, etc.), le
projet SIG restera un simple outil à destination de spécialistes
et d'initiés ou prendra une véritable dimension organisationnelle
en entrant dans tous les services de la collectivité et en centralisant
un maximum de données. L'enjeu principal étant de
développer un projet SIG avec des TIG adaptées aux besoins de la
collectivité.
Quoiqu'il en soit, il ne faut pas oublier un autre
élément dans le cas des intercommunalités, un projet SIG
intercommunal constitue une véritable mémoire du territoire et
incarne un outil de travail commun qui peut contribuer à
légitimer et valoriser le regroupement communal et surtout participer
à l'émergence d'une véritable démarche collective
de coopération dans les futurs projets de l'EPCI et des communes.
116 PICHAULT F., 1990, Le conflit informatique : gérer
les ressources humaines dans le changement technologique, Ed De Boeck
Université, 259 p.
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