3.4 LES OBSTACLES A L'INTEGRATION DES TIG
3.4.1 Entre coopération, conflits et entraves
autour de l'information
3.4.1.1 Le « secret statistique »
Le problème du secret statistique peut être
perçu plus par la force de l'habitude que par la culture. H. Pornon
nomme cette situation de cloisonnement des services de la collectivité
« la balkanisation des services »105. Comme
nous l'avons vu, les TIG ont pour vocation d'entrer dans tous les services et
de mettre en place une véritable politique transversale basée sur
une mutualisation et un échange permanent des données, des
informations.
Pour cela, il est nécessaire pour la
collectivité de rechercher une entente interne par la discussion et la
communication entre services, mais dans les faits, la réalité est
plus délicate. En effet, les géomaticiens se retrouvent vite face
aux limites de la transversalité de leur organisation. Cela se traduit
par un accès aux données difficile et une faible participation
des agents à la vie du SIG. Si les agents fournissent des données
au service SIG, ce n'est pas dans le but de l'alimenter, mais c'est une
démarche intéressée comme la réalisation d'une
carte.
La géomaticienne en charge de l'observatoire de
l'habitat déclare :
« C'est un vrai parcours du combattant pour
récolter les informations. On nous demande d'observer un territoire mais
on ne nous donne pas les moyens nécessaires. Au sein de la
collectivité, je n 'ai pas la possibilité d'avoir accès au
taux de chômage communal car cette information est jugée trop
sensible et ce n 'est pas le moment. Il existe des chiffres..., mais au sein du
service Emploi, ils ne l 'ont pas, ils n 'en ont pas besoin... »
Cette situation, illustre bien la difficulté
d'accès aux données pour les services SIG, qui renvoie à
des problèmes de rétention d'information. Le fond du
problème est lié à la question de la possession de
l'information, nous faisons référence ici à l'idée
de captation de l'information et de la donnée par les services SIG que
peuvent ressentir les agents.
Les agents quels qu'ils soient, doivent dans leur mission
quotidienne créer de l'information sous diverses formes (texte,
numérique et alphanumérique sous forme de tableaux). A. Turlan
explique que lorsque la BDT veut récupérer des informations afin
de les structurer, les stocker et les diffuser, les agents qui ont
ajouté une valeur à l'information brute par des processus
d'analyse, de traitement et de mise en forme ont l'impression que le service
SIG les « dépossède » de leur résultat et plus
généralement de la valeur ajoutée qu'ils ont
apporté.
105 PORNON H., 1998, Système d'information
géographique, pouvoir et organisations, Ed. L'Harmattan, 255 p.
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