Dans un article parut en 2004, R. Brunet s'interrogeait sur
les SIG citoyens :
« Dans ces ambitions panoptiques et un peu
naïves, comme dans les articles sur la relation avec les citoyens, on sent
bien la tentation irrésistible de techniciens glissant vers la
technocratie : discours et schéma à teinture
ésotérique sur la participation semblent être placés
là comme rituels d'autolégitimation visant à justifier une
forme d'autorité, plus que comme voeu sincère d'ouverture
démocratique. » 77
Par cette phrase et même si ce n'est pas le but de ce
travail on peut se questionner sur les aspects et les modalités des SIG
participatifs. Au milieu des années 1990, les SIG ont été
soumis à de nombreuses critiques, les détracteurs des SIG
parlaient alors de « pouvoir hégémonique » des SIG,
certains parlaient même de la nature « anti-démocratique
» de ces outils. Les SIG étaient perçus comme des outils
conçus par des techniciens pour des techniciens. Ce qui entraîna
le renforcement de certaines configurations du pouvoir par la connaissance
technique de l'outil SIG. Enfin l'approche « top down » (descendante)
des SIG fut remise en cause.
Dans le même temps les logiques participatives se
développèrent, les E-gouvernements aussi. Mais l'accès aux
informations géographiques (données, connaissance, moyens, etc.)
nécessite des engagements politiques et des processus de gestion de
l'information adaptés. Il fallut alors trouver des solutions, des
alternatives à la production, à l'accès et à
l'usage de l'information géographique. Ce fut le début des Public
Participation GIS (PPGIS), une réflexion essentiellement menée
outre Atlantique et notamment au Canada. S. Roche s'est depuis quelques
années intéressé à cette question :
« Les SIG participatifs se posent comme des
solutions géomatiques municipales. Ils reposent sur des applications,
intégrant des SIG au sein de communautés et de groupes de
voisinage locaux, visant à valoriser l 'accès aux TIG
créant ainsi des opportunités de collaborer et de participer dans
un processus d 'aménagement. »78
Nous pouvons envisager les SIG participatifs de deux grandes
façons, de l'expert vers le citoyen, c'est-à-dire un SIG
développé par une collectivité ou une institution dans le
but de supporter un processus de participation, mais aussi du citoyen vers
l'expert, un SIG développé par ou pour des citoyens afin de leur
assurer un accès facilité aux données et favoriser leur
77 BRUNET R, 2004, compte rendu du livre Aspects
organisationnels des SIG intitulé SIG et citoyenneté
pour la revue Mappemonde, n° 76 (4-2004).
78 ROCHE S., 2004, Les enjeux reliés à la
géomatisation municipale, Atelier CDG Université de Laval,
43 p.
participation aux débats locaux. Nous mettons le doigt
sur une éventuelle participation des citoyens aux projets
d'aménagement par le biais des SIG participatifs.