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Processus d'externalisation en Grande-Bretagne et privatisation de la sécurité: Quels rapports, quels enjeux ?

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par Hugues de Bonnières
Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr -  2007
  

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b) Un modèle exportable ?

La tentative britannique prend une autre dimension si on la place dans la perspective européenne. En effet, si la position de la Grande-Bretagne montre bien qu'elle partage le point de vue américain sur l'externalisation et la privatisation, elle montre aussi qu' elle n' oublie pas le rôle qu' elle veut jouer à l' échelle européenne.

Deux points attirent notre attention sur l'impossibilité pour le Royaume-Uni d'être un modèle pour l' Union Européenne : l' inefficacité de sa démarche, et les cultures particulières des pays européens.

Si le modèle britannique n'est pas recevable aux yeux de pays européens comme la France ou l'Allemagne, c'est en raison du fait que le système semble apporter plus de problèmes que de solutions. L' apparente anarchie du secteur effraie certains Etats, et les difficultés rencontrées par les britanniques ne semblent pas contribuer à donner une image positive de ce changement dans la conception de la Défense et de la sécurité.

Le rapport d'information de M. Michel Dasseux, déposé en février 2002 à la présidence de l' Assemblée Nationale, montre bien la position de la France. Cette position n' est pas celle du gouvernement, ni celle de militaires, mais bien celle de l'Assemblée. Cependant, la commission a entendu de nombreux témoins, tant militaires que civils, et a pu par là même se faire l'écho de sentiments partagés. L'idée générale de ce rapport est que « en accord avec le rapport du Comité économique de Défense, votre rapporteur [ Michel Dasseux ] considère que les expériences américaine, britannique et allemande

démontrent que l'externalisation ne peut être réalisée dans la perspective d'économies à court terme. Si l'externalisation est supposée déboucher sur des économies budgétaires à long terme, les gains paraissent plutôt faibles et, en tout état de cause, très difficiles à évaluer. >> Au delà de cette simple constatation d'ordre économique, M. Michel Dasseux estime que « déjà lourde de conséquences en raison des pertes de savoir-faire qu'elle entraîne, des enjeux financiers et de la durée des engagements contractuels, l'externalisation se heurte à des limites inhérentes aux armées de projection que l'utilisation de réservistes [ ou de personnels civils ] ne permet pas de dépasser. >>

Il s'agit donc de traiter d'une part le problème de l'externalisation, et d'autre part de créer un système permettant de contrôler le phénomène, de s' assurer qu' il ne nuise pas au bon fonctionnement des armées et à la qualité des services qu'elles produisent. La conception britannique de cette situation et la position française face à cela montrent que chaque pays possède sa propre culture de Défense, de sécurité, et que l' externalisation dans son ensemble est traitée différemment en fonction des pays, ce que nous avons vu avec les exemples britanniques, allemands et français.

L'efficacité de l'externalisation dépend donc du dépassements des problèmes intrinsèques au phénomène (surcoût, cadre légal, principe de qualité, augmentation des charges de contrôle, gestion et administration, etc.), ainsi que de la culture du pays mettant en place une telle pratique. Ce qui fonctionne aux Etats-Unis d'Amérique ne fonctionne pas de la même manière en Grande-Bretagne, et l'exemple britannique ne convient pas à l'Allemagne, et ainsi de suite. Il est donc possible de voir ici une nouvelle limite à ce phénomène : chaque pays possédant une vision différente, des attentes différentes, il est illusoire de penser à unifier le problème, à faire de l'externalisation un mécanisme commun aux armées occidentales. Au même titre que les armées sont dans l' OTAN ou dans l' Union Européenne, que les pays font partie de la PESD ou de la PESC, les implications nationales varient selon les quantités, les qualités, les objectifs.

Il n'est pas possible, selon nous, de concevoir un système unique. Chaque Etat fera de l'externalisation ce qu'il souhaite : axe d'effort comme les britanniques, à la limite du dogme (la PFI est fortement recommandée, peut être trop ?), ou source d'inspiration comme l'Allemagne. Il serait en revanche intéressant de mettre en place un organisme de contrôle au niveau supérieur. En effet, chaque Etat, concerné un tant soit peu par

l' externalisation et la privatisation de la sécurité, dispose d' organes de contrôle qui vérifient les processus et les prestations du secteur privé. Que ce soit pour l'externalisation comme pour la privatisation de l'usage de la force, une chose est certaine : il y a une nécessité réelle à coordonner les nations. Le problème n'est pas ici de faire que toutes les nations aient la même politique, mais que tous les Etats puissent disposer d'une base juridique commune, d'un répertoire commun des acteurs, etc.

Cela permettrait une meilleure transparence dans le secteur, et un travail plus sain. Reste à convaincre chaque acteur d'entamer une réflexion à ce sujet, de comprendre que ce changement dans la manière dont fonctionnent ces activités est nécessaire.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore