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De la neutralité du service public de média en temps de crise de légitimité. Cas de la radio télévision congolais.


par Jonathan KENDWA
Université Libre des Pays des Grands Lacs/ULPGL Goma - Licence en Droit Public 2018
  

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B. Cause de l'inapplicabilité des principes de la gouvernance de la RTNC

L'inapplicabilité des principes qui régissent le fonctionnement de la RTNC ont divers sources. Certains estiment que cela est le fait de différents changements politiques que le pays a connu, d'autres par contre estiment que c'est à cause évidemment de l'histoire plus ancienne de l'Afrique. L'influence que ces fléaux exercent sur le fonctionnement des institutions administrative congolaise en générale et de la RTNC en particulier est de grande taille. L'histoire politique de l'Afrique et de RDC sont des grandes références sur l'administration publique. Si l'Afrique a été déchirée par les luttes colonialistes, il apparait évident que ces luttes ont aussi conduit les Etats à des situations chaotiques. L'implication des puissances étrangères dans les affaires des Etats, et les soutiens massifs aux politiques de prédation des ressources naturelles des Etats africains débouchant aux guerres et aux coups d'Etat politiques ne sont donc pas à ignorer.

Dans cette partie de notre analyse nous allons présenter de manière très brève les maux qui frappent l'administration ou les services publics congolais.

a. Les enjeux actuels de l'administration publique congolaise

Les crises multiformes et multidimensionnelles qui ont secoué la République Démocratique du Congo pendant plusieurs années, depuis le régime Mobutiste, en passant par ceux de Kabila père jusqu'à celui de Kabila fils qui s'en est davantage empiré et jusqu'à ce jour, exercent des grandes répercussions sensibles sur des institutions publiques.175Les enjeux qui frappent l'administration publique congolaise aujourd'hui sont de deux ordres considérables :

- D'une part, le problème de la gouvernance, c'est-à-dire, la problématique de mauvaise gestion des services publics ;

- D'autre part, on observe la crise liée à l'inefficacité de contrôle dans des institutions, c'est-à-dire il y a absence d'un véritable cadre légal ou mieux la crise de légalité et de l'impunité observée dans les organismes qui doivent sanctionner ou contrôler le fonctionnement desdits services.

Eradiquer ces fléaux nécessite l'apport des acteurs de gestion des services publics et aussi, des personnes qui en appréhendent de loin, il faut donc dans ce cas envisager des très bonnes stratégies et politiques de gestion assez adéquates. La mise oeuvre des politiques de gestion institutionnelle en Afrique comme partout ailleurs estime Judith HOUEJISSIM, reste un problème fondamental à cause essentiellement du non-respect de certains principes de l'Etat de droit, de la référence politique et d'une politisation excessive des institutions administratives.176 Dans cet ordre d'idée il sied de développer séparément ces aspects de choses.

175 JETHRO KOMBO YETILO, « L'administration publique congolaise aux prises avec les technologies de l'information et de la communication : innovation, défis et perspectives, cas de la publication des résultats des examens d'Etat », in TELESCOP, Vol n°18, n° 1, Kinshasa, p 89.

176J. HOUEJISSIM, Op.cit. p.17.

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1. De la mauvaise gestion des institutions administratives et problématique de la mise en place des politiques adaptées

? De la mauvaise gestion des services publics

L'administration publique congolaise est affectée par des problèmes institutionnels et de mal gouvernance. Ces problèmes tirent leurs racines du fait de l'ignorance des instruments juridiques qui gouvernent les institutions. Cette gestion ne se conforme pas aux dispositions légales édictées.

? De l'ignorance des mécanismes juridiques

L'ignorance des lois et des normes qui organisent la vie administrative des institutions est un grand enjeu de l'ère qui affecte les services publics congolais. Les personnes habilitées à assurer la gestion des institutions administratives ont tendance à confondre l'intérêt général de l'intérêt privé. Leur façon de gérer les services, ne donne aucun espoir à la notion d'intérêt général. Dans cette perspective, les lois et les autres instruments juridiques qui constituent le droit congolais exigent de l'animateur d'un service public de se laisser guider par les principes qui gouvernent l'administration. Il s'agit notamment de la continuité, neutralité, besoin d'intérêt général comme principal finalité de toute activité. Ces principes comme démontrés ci-haut ne sont point respectés, et les confusions existent dans les organes de gestion sur le secteur et le périmètre interventionniste, le conflit de compétence demeure statique, l'ignorance des missions du service se génèrent du jour le jour.

En résumé, le non-respect de l'éthique et déontologie professionnelle bat record et contribue massivement au progrès des multiples crises qui affectent l'administration publique congolaise. Cette mauvaise gestion conduit à multiples divers conséquences dont :

? L'insatisfaction des besoins d'intérêt général

La satisfaction des besoins d'intérêt général correspond à la dimension finaliste de toute action administrative et relève en cela le ciment fondamental du pacte citoyen-état.

Tout le monde est persuadé que le service public n'a pour raison d'être que de répondre aux intérêts de la société pour laquelle il a été créé. Cette dimension fait état d'innombrables critiques aujourd'hui au regard de mode d'organisation et de fonctionnement des services publics en République Démocratique du Congo, comme partout dans les pays africains en voie du développement.

L'intérêt général est donc l'un des aspects justifiant la portée de la réforme administrative des entreprises publiques issue de la vague très poussée de la loi de 07 juillet 2008 portant transformation des entreprises publiques et bien d'autres instruments juridiques régissant spécifiquement le secteur touché en RDC.

Disposant et dénonçant dans son entête, la non satisfaction ou le non accomplissement des missions étant assignées aux entreprises publiques par la loi cadre de 1978 et que cette réforme de 2008 dérive d'un véritable instrument de redressement contre ces fléaux

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institutionnels.177 Ainsi donc, l'administration publique se trouvait dans l'obligation à se conformer ou alors à se tracer dans des nouvelles orientations et s'ouvrir à l'évolution de ses missions traditionnelles. Aussi, cette réforme relevait d'un dispositif relatif à l'adaptabilité de l'administration publique. En outre, l'incapacité de répondre à la mission traditionnelle est liée notamment à :

- L'absence des ressources nécessaires (ressources matérielles et financières) ;

- Absence des ressources humaines dans le cadre du professionnalisme administratif.

Ces irrégularités ont pour effet, la propagation de multiples et pluridimensionnelles pratiques illicites et antivaleurs, destructrices de la démocratie et violant les bons principes de l'Etat de droit. Ces pratiques sont entre autre la corruption, le favoritisme, la discrimination, la haine politique, l'usage abusif et incontrôlé des ressources matérielles et financières (parfois rudimentaires) de l'administration, le détournement de deniers publics pouvant faciliter le fonctionnement de l'administration, etc.

? De la problématique de l'application des bonnes politiques de gestion

Les stratégies du marché, les bonnes politiques pour satisfaire l'intérêt général, sont les stratégies les plus quotidiennes que tout animateur du service public doit quasiment adopter. L'inefficacité de satisfaire aux besoins publics constitue sous d'autres sieurs la conséquence de cette irrégularité et favorise la dégradation et le déclin des services publics. Plusieurs causes sont à la base de cette incohérence, nous pouvons citer :

? De l'absence du professionnalisme dans les services publics

Le professionnalisme est la capacité de performance qui permet à une personne d'agir en conformité aux attentes préétablies. C'est donc un art, un talent que possède une personne en exercice d'une activité professionnelle.

Le professionnalisme dans la fonction publique est assis sur la méritocratie, la capacité d'accomplir avec fermeté, avec droiture et avec adaptation le boulot qui lui est confié. Parmi les crises qui affectent les institutions administratives congolaises, le manque du professionnalisme s'inscrit au sommet. Le mérite dans la fonction publique constitue un atout pour le service public, il facilite l'accomplissement de ce à quoi on s'attend.

? L'inefficacité du contrôle et la politisation excessive de l'administration

L'administration publique aux dires de Théo BARUTI, constitue un maillon important pour l'Etat. Elle se conçoit comme l'ensemble des personnes étant sous la disposition des gouvernants pour faire fonctionner les services publics.178 Par les prestations qu'elle assure,

177 Exposé de motif de la loi n° 08/007 du 07 juillet 2008 portant dispositions générales relatives à la transformation des entreprises publiques en RDC in Journal Officiel de République Démocratique du Congo, Cabinet du Président de la République, N° spécial, 49e Année, Kinshasa 2008.

178 T. BARUTI AMISI, Le déclin de la fonction publique en République Démocratique du Congo : un problème d'homme, Kinshasa, Ed MES, MediasPaul, p 32.

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l'administration publique est un véritable instrument de cohésion sociale. De cette définition découlent deux énoncés :

Il y'a d'un côté les relations de subordination qui placent les gouvernants au sommet des animateurs de l'administration et de l'autre la dépendance des gestionnaires des services publics vis-à-vis des gouvernants par le fait que leur rôle est donc de mettre en pratique les décisions de ceux-ci.

? Les relations de subordination

Les relations entre gouvernants ou les pouvoirs politiques et les animateurs de services publics sont régies par une forte subordination afin que les gouvernants puissent mener à bon élan leur politique. Cela n'exclut une autonomie au fonctionnaire de n'est pas être soumis à des pressions excessives dans l'exercice de ses missions. Les relations de subordination qui se nouent entre les pouvoirs politiques et les services publics, exigent de fonctionnaire, c'est-à-dire des agents de services publics un devoir de loyauté et non du loyalisme. Par loyauté on sous-entend, la ferme fidélité et le dévouement envers une cause ou un principe. Il découle de la mise en pratique des lois ; c'est le désir de vivre d'une manière vraie, pure, sincère et honnête.179

La loi portant statut des agents de carrière des services publics de l'Etat en République Démocratique du Congo, dispose que l'agent a le devoir de servir l'Etat avec fidélité, dévouement, dignité et intégrité. Il fait donc montre en toute circonstance d'un engagement sans faille envers l'Etat. Il témoigne de son esprit civique par l'effort soutenu qu'il consent en vue de s'améliorer en se soumettant à un perfectionnement permanent.

Toutes les fois, il veuille en toute occasion, à la sauvegarde des intérêts de la collectivité publique et le devoir d'accomplir personnellement et consciencieusement toutes les obligations qui, en vertu de ses fonctions lui sont imposées par les lois et règlements. Il est soumis aux obligations y étant apportées, aussi, ces modifications ne peuvent porter aucune atteinte aux droits acquis. Par ce motif, l'agent ne peut suspendre le boulot sans l'autorisation préalable de sa hiérarchie.180Et donc il découle de ce libellé que la loyauté à laquelle est soumis l'agent ou le fonctionnaire implique :

La sincérité, droiture et fiabilité

L'agent doit être sincère, droit et fiable au long de ses attributions. Le fonctionnaire est ténu d'agir sans défaillance, ses actes doivent tirer pour source les lois, il doit à tout prix veiller au respect des consignes. Le trinôme ici signifie en outre que, le fonctionnaire a l'obligation de faire en sorte que, ce à quoi l'Etat attend de lui dans sa fonction soit effectivement atteint, il doit éviter la médiocrité professionnelle et qu'il ne peut agir qu'en vertu du principe de la légalité et de la primauté du droit.

179 G. CORNU, Vocabulaire juridique, 8e Ed, Paris, PUF, 2007, p.563.

180 Article 107 de la loi portant statut des agents de carrière des services publics de l'Etat, précitée supra.

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De l'honnêteté, vérité et franchise de l'agent

L'agent doit tout d'abord se rendre compte de l'utilité et de l'importance du service qu'il rend de et son bénéficiaire qui est donc l'usager ou les citoyens dans toute leur diversité. Sur ce, il doit se soumettre aux exigences de la franchise et de la vérité.

L'expression tri nominale dont question demande de l'agent de rendre compte à ses autorités hiérarchiques et aux organes de contrôle et qui représentent les usagers du service, du résultat des activités pour lesquelles il est chargé. Il doit le leur annoncer tel qu'il est et leur présenter les imperfections qu'il a pu retenir au cours de ses missions.

La fidélité, régularité et la consistance

Le fonctionnaire est appelé à respecter intégralement ses engagements ; il doit travailler au dépend de la durée du travail prescrite et convenue et qu'il doit aussi être permanent dans son lieu de travail. L'agent doit pouvoir travailler de sorte que la continuité et la célérité des activités du service soient assurées. La loi soulève dans cette échelle d'idée que, l'obligation pour l'agent de rejoindre son lieu de travail partout où il est affecté et au temps prévu c'est-à-dire au-delà de temps prévu sauf autre disposition décidée par l'autorité hiérarchique.181

Sécurité et responsabilité de l'agent

La loi dispose que l'agent est personnellement responsable à l'égard de son supérieur hiérarchique pour l'exécution de l'ordre qu'il a donné.182 Toutefois, un agent qui agit en dehors de l'exécution de ses services et que ses actes violent le droit et sont attachés de préjudices, évidemment, l'auteur engagera sa responsabilité en vertu du droit commun de la responsabilité civile et pénale.

Il faut ici préciser que, l'agent est soumis à deux régimes séparément contraignants, ce sont le régime disciplinaire qui est invoqué en cas de manquement aux obligations professionnelles ou mieux à l'éthique et déontologie professionnelle, tandis que en cas d'inobservance de prescrits légaux, l'agent ou le fonctionnaire sera jugé en vertu de la législation nationale.

Le devoir d'obéissance, confiance et dévouement

La loi souligne que l'agent est ténu à la politesse vis-à-vis de ses supérieurs hiérarchiques. En outre, ce rapport de politesse doit s'étendre même à l'égard de ses collaborateurs et des tiers qui se rapprochent du service.183 Il est tenu d'éviter dans le service tout comme dans sa vie privée tout ce qui peut intenter la confiance du public ou compromettre l'honneur ou la dignité de ses fonctions.184

181 Article 109, de la loi portant statut des agents de carrière des services publics de l'Etat, précitée supra.

182 Article 108, idem.

183Article 108 alinéa 2, idem. 184Article 1O8 alinéa 3, idem.

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On peut aisément observer que la fonction publique étant bâtie sur une structure hiérarchisée, l'obligation d'obéissance, de confiance et de dévouement touchent l'ensemble de fonctionnaire dans la mesure où chacun est à la fois chef hiérarchique et subordonné. A travers cette analyse, l'obéissance constitue une obligation à laquelle tous les agents sont tenus de respecter. Ce principe d'obéissance n'est pas en fait absolu, il connait de plus en plus des limites, lesquelles sont liées d'une part au principe de la suprématie ou de la primauté de la loi et les exigences du service public. Et d'autre part, l'obéissance n'est valable que par rapport à l'évolution de régime politique et à la transformation du statut des fonctionnaires.185

Ainsi, lorsque l'ordre donné n'est pas conforme à la loi ou mieux, l'ordre donné est manifestement illégal, l'agent est tenu de refuser. Les exceptions touchent aussi, à certains secteurs de l'administration, c'est le cas notamment des services décentralisés dont les agents ne sont soumis au contrôle de tutelle que dans les cas particuliers et suivant les conditions fixées par la loi. C'est aussi, le cas des agents qui se trouvent dans une situation juridique très particulière à cause de la nature même de leur fonction (l'obéissance hiérarchique s'exerce modérément sur le magistrat du parquet).186

? De la dépendance du service public vis-à-vis de pouvoirs politiques

De nos jours, dire que l'Administration publique est indépendante, serait la pire d'hypocrisie qu'on a pu manifester. Beaucoup de critiques tournent autour de cette question, malgré un nombre excédant de réponses, l'administration ne trouve jamais une indépendance à l'égard des pouvoirs politiques.

En effet, l'indépendance de l'administration vis-à-vis des pouvoirs politiques est anesthésiée par le fait du pouvoir qui est reconnu aux politiques de gérer l'administration publique. La constitution de la République Démocratique du Congo dispose en son article 91, alinéa 2 que le gouvernement conduit la politique de la nation. A cet effet, il dispose de l'administration publique renchérit l'alinéa 4. Il se dégage de cette disposition que, le gouvernement crée des services publics, qu'il gère et qu'il contrôle.

En d'autres termes nous voulons signifier que l'indépendance de l'administration est mise en cause par le fait que l'exécutif est doté du pouvoir de création, parfois de gestion (il nomme et investit ses animateurs) et de contrôle du service public (il crée d'autres organismes de contrôle dont il nomme et investit également les animateurs). Et tout compte fait, l'inefficacité du contrôle de service public là son bassement ; elle est issue du pouvoir de créateur ou de concepteur de service public, de gestionnaire et de contrôleur reconnu au gouvernement par le biais du pouvoir exécutif.

Il est toujours difficile d'envisager l'efficacité du contrôle à l'endroit d'un pouvoir qui accumule toutes les responsabilités surtout dans le contexte du Congo où la notion de neutralité est transgressée par le progrès des structures dites « majorité présidentielle ». Jouir à la fois, du pouvoir de création, gestion et de contrôle, c'est un cercle vicieux qui s'annonce.

185T. BARUTI AMISI, Op.cit., p.122. 186 Idem., p.123.

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2. De la politisation excessive de l'administration

La politisation de l'administration publique peut être comprise comme un mécanisme par lequel l'administration publique qui devra servir d'intérêt général se voit être soumise à l'idéologie d'une seule classe, d'une tendance politique, tribale ou ethnique en place ou au pouvoir au mépris de la loi et de l'intérêt de la population toute entière. Cela implique que, ses dirigeants sont désignés en dehors de toute méritocratie, mais en fonction de leur appartenance à telle ou telle autre obédience et aussi, les activités de l'administration sont subordonnées à la politique imposante de cette tendance.

Cette politisation ne devient plus excessive que lorsqu'elle envahit toutes les institutions étatiques et que l'espoir sur leur avenir demeure obscure. Généralement elle se découvre très souvent par de pratiques telles que la couverture politique, le culte de personnalité etc.

? La politique coloniale comme source de politisation administrative

Dans les sociétés africaines toute entière, il est difficile d'observer la disparité entre les activités politiques et les activités administratives proprement dites de sorte que, la frontière entre le politique et l'administratif n'était pas très étanche. Cette situation s'expliquait par le fait que les sociétés africaines traditionnelles relevant de la pratique coutumière ne connaissaient pas de la notion de la séparation du pouvoir et que le concept administration tel que connu en ces jours était dépourvu de toute signification. C'est autant dire que l'administration publique dans ses pouvoirs et son organisation actuelle est un fait d'importation en Afrique.

En fait, pour réaliser sa colonisation au Congo comme partout en Afrique, l'occident avait besoin d'un véritable instrument pouvant lui faciliter cette tâche. En cela, il recourut à l'église, les entreprises et les grandes sociétés d'exploitation. Comme le souligne le Prof WASSO MISONA Joseph, le Roi détenait tous les pouvoirs ou il s'occupait des affaires politiques et administratives en totalité. Toutes les fois ; il confie à l'église et les grandes entreprises des taches les plus dures pour pouvoir faire son règne. L'église de ce fait, avait pour rôle de reconvertir les moeurs et de faire en sorte que la révolte soit supprimée dans l'esprit des noirs et qu'ils deviennent le plus vite possible moins rebelles aussi, qu'ils renoncent à leurs dieux ancestraux ou traditionnels. Ce qui a progressivement facilité une forte domination de l'homme blanc sur le noir.187

Les grandes entreprises quant à elles, relevaient d'un instrument de la mise en oeuvre des travaux forcés institutionnalisés par l'administration coloniale.188 De tout ce qui précède, il en naitra le concept trilogie ou trinité coloniale. Les lois néanmoins, étaient au centre de tout, l'église et les grandes entreprises rendaient compte de leurs activités au Roi qui devrait le faire autant à la métropole.

187 J. WASSO MISONA, Droit Constitutionnel II : constitution de l'Etat de droit en RDC , Notes de cours de droit constitutionnel dispensé en Deuxième année de graduat de l'ULPGL/ Goma, 20152016, inédit p.13

188Idem, p.14.

189 J. WASSO MISONA, Droit Constitutionnel II : constitution de l'Etat de droit en RDC, op.cit., p 31.

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En outre, l'Eglise et ces mêmes entreprises furent obligées de se conformer aux instructions du Roi, il y avait donc une forte politisation des activités administratives mais qui était très obscure et moins visible. Jusqu'à la veuille de l'indépendance du Congo, le pouvoir politique et administratif étaient l'apanage de seul colon. Mais la politisation de l'administration publique au vrai sens du terme va alors commencé avec l'avènement de la deuxième république en 1965 et avec la création du Mouvement Populaire de la Révolution en 1967.

? La deuxième République et la problématique du Parti-Etat

Après le coup d'Etat politique de 1965, Joseph MOBUTU succède à Joseph KASAVUBU et devient le deuxième président de la République au lendemain de l'indépendance de la RDC. Il créa son parti politique dénommé Mouvement Populaire de la Révolution qui avait reçu l'appui intellectuel de la grande majorité de l'Elite congolaise de l'époque. En 1970 le MPR est élevé au rang d'institution suprême et que tous les congolais en deviennent membres et sont appelés à soutenir son action. Dans ce nouveau contexte, les fonctionnaires sont les nouveaux agents de l'action de rénovation entreprise par le MPR, à en croire le prof WASSO MISONA Joseph, il s'agit donc du dédoublement fonctionnel qui s'opère au-delà de la distinction que l'on établissait entre l'Etat et le parti et aussi entre les agents de l'état et les membres du Parti.189 Ainsi, les obligations fonctionnelles qu'imposait l'ancien statut de la fonction publique aux agents de l'Etat ne se justifiaient plus, au contraire, il leur est demandé d'être des agents militants fortement engagés et convaincus.

De 1967 à 1990, le Congo a vécu sous l'emprise du monopartisme et de la politisation de la fonction publique dont la fin est consacrée par le discours du 24 Avril 1990 annonçant alors le multipartisme politique. Dès lors, l'administration commence partiellement à se détacher du politique par le fait qu'on ne saurait être à la fois membre du MPR et à la fois agent à titre obligatoire , donc cela devient ainsi, un choix libre et non plus une contrainte. Plusieurs instruments juridiques ont été adoptés pour concrétiser cette nécessité, mais le gouvernement KABILA Désiré va essayer de redonner l'image de l'administration publique.

Trop courte mais efficace, le gouvernement KABILA Désiré ne va pas durer et son fils lui succèdera après son assassinat en 2001 et la politisation va alors se redonner un nouvel élan avec la constitution de 2006 qui au travers de son article 91 attribue au pouvoir politique le droit de disposer de l'administration publique.

Cette constitution ne démontre pas expressément la mise au pied du politique sur le service public, mais elle tentera de l'expliquer autrement avec le libellé des alinéas 2 et 3 de l'article 91. En outre, nulle part où il est dit que l'administration dépend des pouvoirs politiques, mais dans la pratique, la politisation s'observe. Le choix ou la désignation des fonctionnaires et des agents devant faire fonctionner les services publics est beaucoup plus orientée non vers la méritocratie ou la capacité et la performance professionnelle, plutôt en vertu de l'appartenance politique.

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En résumé, nous sommes d'avis que la question de la politisation de l'administration publique ou du service public en RDC n'est pas un mythe, c'est une réalité qui sévit et qui se pratique contrairement à l'expression du peuple matérialisée par la constitution. Elle se développe du jour au lendemain malheureusement par l'ignorance dont certains individus se nourrissent sur la séparation du pouvoir, sur la théorie de l'intérêt général et sur les prescriptions légales.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams