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De la neutralité du service public de média en temps de crise de légitimité. Cas de la radio télévision congolais.


par Jonathan KENDWA
Université Libre des Pays des Grands Lacs/ULPGL Goma - Licence en Droit Public 2018
  

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B. Les structures de contrôle et de régulation

Le contrôle de la RTNC s'effectue soit de manière interne ou encore externe, ainsi, deux catégories de contrôle sont à définir. Le contrôle interne peut être entendu comme, la vérification qui est effectuée par des unités propres à un service en vue de déterminer la

145 Y. GUYON, « Droit des affaires : droit commercial général et société », Tome 1, 12e Ed, Paris,

Economica, 2003, p 336.

146 Idem, p 46.

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conformité du service et de ses agents aux dispositions juridiques, missions et programmes qui leur sont assignés.

Ce contrôle s'effectue de deux manières : par le pouvoir hiérarchique qui participe aux fonctions de commandement au sein du service, et par des organes qui sont chargés du contrôle et de la vérification. Evidemment, les dysfonctionnements constatés auprès des services compétents (inspection, service juridique ou comptable) rejaillissent sur la qualité du contrôle interne. Par exemple le commissariat aux comptes, serait un organe de contrôle qui au regard du décret portant statut de la RTNC, se charge de vérifier notamment les livres, la caisse, les portefeuilles de la RTNC et contrôle la régularité et la sincérité des inventaires et de l'état financier ainsi que de l'exactitude des informations données sur les comptes de la RTNC dans les rapports du Conseil d'Administration.147

Par contre, le contrôle externe quant à lui, accorde un droit de regard et d'évaluation à des concours externes qui, par nature, par pouvoir ou par délégation, estiment qu'il est de leur droit d'être informés et de formuler une opinion sur la gestion de la chose publique. Il s'agit du contrôle institutionnel latéral opposé au contrôle interne hiérarchique. Le contrôle externe du service public en République Démocratique du Congo est riche, du point de vue de la multiplicité d'organes, mais très peu opérationnel et efficace, car assez souvent, il intervient à posteriori et demeure aussi souvent superficiel dans ses investigations.

Pour la RTNC, deux institutions externes sont chargées d'effectuer un contrôle régulier dont la suite se doit être matérialisée par la formulation d'un rapport. Ces deux institutions sont, le Ministère de l'information et des médias, autorité tutélaire et le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel et de la Communication qui est une autorité de régulation (CSAC).Ainsi, le Ministre de la presse exerce un pouvoir assez étendu et bien effectif en qualité de l'autorité tutélaire, la RTNC ne peut rien engager sans parcourir aux avis ou à la position de l'autorité de tutelle, tandis que pour le Conseil Supérieure de l'Audiovisuel et de la Communication, le contrôle s'effectue dans un secteur d'activité spécifique, il s'agit bien en matière de communication ou d'information audiovisuelle, ce pouvoir lui est reconnu par la loi qui définit le périmètre de ses compétences et de ses attributions.

a. Le ministère de la communication et des médias 1. Les Attributions du Ministre des médias

La RTNC est placée sous la tutelle du Ministre ayant la communication et les médias dans ses attributions. Ce dernier y exerce son pouvoir de contrôle par voie d'autorisation, par voie d'approbation et par voie d'opposition.148

? Contrôle par voie d'autorisation

Par voie d'autorisation en effet, le Ministre de tutelle reçoit les convocations aux réunions du Conseil d'Administration et, dans les conditions qu'il fixe, les copies des

147 Article 19, alinéa 2 du décret portant statut de la RTNC cité supra.

148 Article 24, du décret portant statut de la RTNC, précédemment cité.

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délibérations du Conseil d'Administration. Les délibérations et les décisions qu'elles entraînent ne sont exécutoires que dix jours francs après leur réception par le Ministère de médias, sauf si celui-ci en autorise l'exécution immédiatement. Sauf exception liée à son irrégularité dans ce cas l'opposition doit pouvoir s'imposer.149Ainsi, sont soumis au régime d'autorisation préalable au regard de l'article 25 :

· les acquisitions et aliénations immobilières;

· les emprunts à plus d'un an de terme;

· les prises et cessions de participations financières;

· l'établissement d'agences et de bureaux à l'étranger;

· les marchés de travaux et de fournitures d'un montant égal ou supérieur à 500.000.000 de Francs Congolais.

+ Contrôle par voie d'approbation

Dans le but de prévenir l'arbitraire et de maintenir un bon climat des affaires, certains actes des autorités de la RTNC sont soumis à l'approbation du ministre de tutelle. Parmi ceux-ci nous pouvons citer donc :

· le budget de la RTNC : dans ce stade il se passe trois activités. Premièrement, la Direction Générale propose un budget ; deuxièmement, le Conseil d`Administration procède à son élaboration. Troisièmement et enfin, ce budget doit être approuvé par le ministre de tutelle.

Autrement dit, dès lors que la Direction Générale aura soumis la proposition d'un budget au Conseil d'Administration pour assurer son élaboration, ce budget ne pourra être exécuté qu'après son approbation par le ministre de la communication et des medias. Celui-ci est habilité à vérifier son caractère purement économique en vue de prévenir toute incohérence.

· le règlement intérieur du Conseil d'Administration;

· le rapport annuel d'activités.150

+ Contrôle par voie d'opposition

L'autorité de tutelle a la possibilité de faire opposition à l'exécution de toute délibération ou décision du Conseil d'Administration et de la Direction Générale qu'elle juge contraire à la loi, à l'intérêt général ou à l'intérêt particulier de la RTNC. Lorsqu'elle fait opposition, elle notifie celle-ci par écrit au Président du Conseil d'Administration ou au Directeur Général suivant le cas, et fait rapport au Premier Ministre. Si le Premier Ministre n'a pas rejeté l'opposition dans le délai de quinze jours francs à dater de la réception du rapport dont question à l'alinéa précédent, l'opposition devient exécutoire.151

149 Article 27 alinéa 1, du décret déjà cité

150 Article 26

151 Article 27

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b. Du Conseil Supérieur de l'Audiovisuel et de la Communication (CSAC) 1. Aperçu historique

La liberté d'expression et de la presse ont fait des médias, en tant que support de l'opinion, un véritable pouvoir. On admet même que les démocraties actuelles sont des démocraties d'opinions. Toutes les fois, la régulation et le contrôle des entreprises de média doivent pouvoir s'articuler pour permettre à ce que l'expression soit véritablement un outil fondamental de la démocratie.

La constitution de la République Démocratique du Congo, a prévu dans son chapitre cinquième, la création de deux institutions d'appuis à la démocratie. Leur mise en place a pour but de bâtir un Etat de droit et une nation puissante et prospère, fondée sur une véritable démocratie politique, sociale et culturelle. Il ressort de cette disposition, le législateur congolais aura voté une loi qui doit régir la matière. C'est le fondement de la loi organique n°11/001 du 10 janvier 2011 portant composition, attributions et fonctionnement du Conseil Supérieur de l'Audiovisuel et de la Communication. Ainsi, cette loi a été prise conformément à l'article 212 de la constitution dont l'alinéa 1er stipule qu'« Il est institué un Conseil Supérieur de l'Audiovisuel et de la Communication doté de la personnalité juridique ».

Au visa de cette loi, le CSAC a pour missions de garantir et d'assurer la liberté et la protection de la presse, ainsi que tous les moyens de communication de masse. Dans ce cadre, il veille au respect de la déontologie en matière d'information et à l'accès équitable des partis politiques, des associations et des citoyens aux moyens officiels d'information et de communication. En complément au gouvernement qui a la charge de réglementer le domaine des médias, le CSAC qui, conformément à l'article 212 de la constitution est une institution d'appui à la démocratie, et régule les contenus des médias.

Par définition, la régulation des médias est un « ensemble d'actions visant à instaurer un équilibre dans le fonctionnement du secteur de la communication, à garantir à tous un accès égalitaire et équitable aux médias publics et privés, mais aussi à concilier l'usage de la liberté d'expression ainsi que l'exercice loyal de la profession des métiers avec les missions d'intérêt général ».152Cette loi comme le démontre bien son contenu, elle consiste à expliquer et à définir en détaille la composition, les missions et le fonctionnement du Conseil Supérieur de l'Audiovisuel et de la communication, CSAC en sigle.

En effet, depuis que le vent de la démocratie a soufflé dans notre pays le 24 avril 1990, a vu le jour une nouvelle dynamique des médias congolais caractérisée par une floraison de titres de journaux et une ouverture de l'espace audiovisuel aux initiatives privées. Avec le temps, cette dynamique a pris des proportions inédites au point de provoquer la prolifération des médias, au mépris, aussi bien de la qualification des professionnels du secteur de la presse ou média que de la qualité de l'information produite ou des programmes diffusés.153

152 Article 4 point 11 de la loi organique n° 11/001 du 10 janvier 2011 portant composition, attribution et fonctionnement du Conseil Supérieur de l'Audiovisuel et de la Communication, in Journal Officiel de la RDC, Cabinet du Président de la république, Numéros spécial, 22e année, Kinshasa, 2011.

153 Exposé de motif, Idem.

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Dans une première tentative visant à remédier aux différents maux dont souffre ce secteur, la Haute Autorité de Médias a été instituée pendant la période de la Transition à la suite du Dialogue Inter-congolais pendant la transition démocratique de 2003. C'est une des cinq institutions citoyennes prévues dans l'Accord Global et Inclusif de décembre 2002 et dans la constitution de la transition d'avril 2003. Elle a joué le rôle de la première instance de régulation qui a fonctionné dans notre pays jusqu'à 2011. Cependant, elle a souffert, dans sa substance, de nombreuses interférences des opérateurs politiques l'empêchant d'accomplir sa mission. Le CSAC, vient alors s'intégrer à l'ordre du jour, dans le souci d'accomplir les tâches qui n'ont pas été accomplies ou encore ayant été inachevées par la Haute Autorité des Médias. Pour ce faire, il lui est reconnu l'autonomie et la personnalité juridique.

En RDC, comme dans la plupart des pays africains, les instances de régulation des médias ont été mises en place avec les mêmes missions, à savoir : « d'organiser la communication sociale selon les exigences de l'État démocratique ». Cette instance de régulation de la communication est actuelle et dans son organisation effective et les missions qui lui sont assignées participent au défis de la reconstruction de la RDC. Elle constitue surtout un garde-fou indispensable et équilibré du pluralisme médiatique et politique dans la perspective de la démocratisation sociale.

2. Missions et charges sociales du CSAC

Dans le cadre de ses missions sociales, le Conseil Supérieure de l'Audiovisuel et de la Communication est appelé à :

· Garantir la liberté de la presse, de l'information et de tout autre moyen de communication des masses, ainsi que assurer la protection de la presse ;

· Veiller au respect de la déontologie en matière d'information et à l'accès équitable des partis politiques, des associations et de toute autre personne aux moyens officiels d'information et de communication.154

En tant qu'acteur institutionnel, et de par sa loi organique, le CSAC est doté de plusieurs prérogatives dans la collaboration avec les autres acteurs institutionnels et non institutionnels intervenant dans le domaine de la liberté de la presse. Tout d'abord, dans le cadre de ses « missions quasi juridictionnelles », et conformément à l'article 9 de sa loi organique, il a entre autre la charge de :

· Élaborer son règlement intérieur et de garantir le droit de la population à une information pluraliste, fiable et objective ;

· Assurer la neutralité et l'équité des médias publics ainsi que privés, commerciaux, associatifs et communautaires ;

· Mener, en cas de conflit, des actions de médiation entre les différents protagonistes et intervenants dans le domaine des médias ;

· Veiller à la conformité, à l'éthique, aux lois et règlements de la République, des productions des radios, des télévisions, du cinéma, de la presse écrite et des médias en

154 Article 212 de la constitution précitée.

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ligne et aussi au respect de la loi fixant les modalités de l'exercice de la liberté de presse en République Démocratique du Congo ;

· Promouvoir le développement technique et l'accès des médias congolais aux nouvelles technologies de l'information et de la communication et de veiller à la qualité des productions des médias du secteur tant public que privé et en promouvoir l'excellence ;

· Donner des avis techniques « a priori » ou « a posteriori » sur toutes les matières concernant les médias audiovisuels, la presse écrite et électronique et un avis conforme avant toute attribution de fréquences et avant toute délivrance du récépissé de la presse audiovisuelle, écrite et électronique aux impétrants du secteur;

· S'assurer du respect du cahier des charges par les opérateurs de l'audiovisuel ;

· Veiller à la diffusion de la culture de la paix, de la démocratie, des droits de l'homme et des libertés fondamentales ainsi que des informations favorisant le développement socioéconomique ;

· OEuvrer pour la production des émissions, des programmes, des documentaires éducatifs et d'articles de journaux respectueux des valeurs humaines, notamment la dignité de la femme ainsi que de la jeunesse et des groupes vulnérables ;

· amener les organisations à faire observer le code d'éthique et de déontologie par les professionnels des médias;

· Encourager l'implantation des médias dans les milieux ruraux : la radiodiffusion sonore, la télévision, la presse écrite, les nouvelles technologies de l'information et de la communication et l'internet ;

· Encourager les médias à assurer la formation continue, le recyclage et le professionnalisme de leurs membres ;

· Veiller à la valorisation de la culture nationale à travers les médias ;

· Prendre des décisions et/ou des directives applicables à tout intervenant sur les médias, notamment en période électorale ;

· Veiller au respect des normes sur la publicité et le sondage d'opinions ;

· Prendre toutes les mesures nécessaires en vue de protéger les enfants des effets néfastes et pervers de l'Internet ;

· Déposer son rapport périodique et annuel à l'Assemblée nationale et au Sénat.

Et donc institution voulue indépendante du gouvernement et dotée de la personnalité juridique, le CSAC est un autre acteur incontournable dans la protection, la promotion et la défense de la liberté de presse. C'est un véritable organisme de droit de l'homme, il assure les fonctions arbitrales et est doté du pouvoir de châtier et de coercition. Dans le même cadre de ses attributions quasi juridictionnelles, en application des dispositions de l'article 58 de sa loi organique, le CSAC constate et/ou sanctionne aussi :

· L'exercice illégal de la profession journalistique ou de tout autre métier lié à la presse et à la communication audiovisuelle ;

· Le prêt illicite de la raison sociale ou pratique illégale de prête-nom et le refus de fournir les informations exigées par lui dans le cadre d'une enquête ;

· La diffusion illicite des programmes de radiodiffusion sonore ou de télévision ou la perturbation des fréquences attribuées aux tiers ;

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? La non-communication des tarifs à ses utilisateurs et la diffusion frauduleuse des programmes d'autres stations de radios et chaînes de télévision ;

? La non observance de sanctions prononcées par lui ainsi que la diffusion frauduleuse des programmes, films, documentaires et émissions protégées par la législation relative aux droits d'auteurs.

Toujours dans le cadre de la coercition, le conseil peut donc infliger des sanctions administratives aux entreprises de média en rapport avec les violations des règles d'éthique et de déontologie et peut requérir la saisie des documents, films, vidéocassettes ou tout autre support se rapportant aux médias ; suspendre une station de radiodiffusion et de télévision ou un organe de presse écrite pour une période n'excédant pas trois mois ou et décider de la suspension ou de la suppression d'une émission, d'un programme, d'une chaîne de télévision ou d'une station de radio publique ou privée ou d'une rubrique d'un organe de presse, il requiert auprès des juridictions compétentes le retrait provisoire ou définitif de la fréquence attribuée.155 Ce qui voudrait alors signifier la forte collaboration qu'il entretient avec les autres pouvoirs, notamment, le pouvoir judiciaire.

En résumé, en garantissant la liberté et la protection de la presse, la déontologie de professionnels des médias et l'égal ou l'équitable accès des partis politiques, des associations et des citoyens aux moyens officiels d'information et de communication, le CSAC est le défenseur du pluralisme politique ou idéologique dans l'information et de ce fait, un contrepouvoir face à ceux qui voudraient imposer la pensée unique.156

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard