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Problématique de la gestion des marchés publics par les collectivités locales guinéennes. Cas des communes de Ratoma et de Balandougou.


par Mohamed DIALLO
Université Kofi Annan de Guinée - Master en Droit et Gestion des Collectivités Territoriales 2021
  

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Deuxième partie : Les dysfonctionnements dans la gestion des marchés publics des

communes de Ratoma et de Balandougou et les solutions pour une gestion optimale

Les collectivités de Ratoma et de Balandougou rencontrent, malgré l'existence d'une procédure formelle de passation et d'attribution des marchés, d'énormes difficultés pour l'acquisition de biens et services nécessaires au développement des communautés (chapitre1). Ces dysfonctionnement ou difficultés qui entravent leur développement peuvent être remédiés à travers des approches de solutions préconisées dans ce présent mémoire (chapitre2).

Chapitre 1 : Les dysfonctionnements relatifs à la gestion des marchés publics locaux

Les marchés publics locaux devraient être le levier incontournable pour le développement économique et social des communautés à la base. Cependant, au regard des études effectuées sur la commune urbaine de Ratoma et sur la commune rurale de Balandougou, le constat montre que ces deux collectivités sont confrontées, à la fois, à une gestion opaque de la passation des marchés (section1) et à une gestion opaque des fonds destinés à la réalisation de ces marchés qui freinent leur développement (section2).

Section 1 : La gestion opaque de la passation des marchés publics locaux

Il faut rappeler tout d'abord que l'un des principes fondamentaux de la passation des marchés publics est la transparence. Ce principe signifie que les autorités contractantes doivent, d'une part, publier toutes les phases de la procédure de passation et d'autre part, s'abstenir contre toutes formes de corruption tendant à favoriser une entreprise quelconque. A ce titre, selon qu'il soit la phase de passation ou celle de l'exécution des marchés, il est permis à tout soumissionnaire se sentant lésé ou illégalement évincé des procédures de passation d'intenter des recours administratifs ou juridictionnels contre toutes décisions illégales des autorités en charge de l'attribution des marchés. Mais, malgré l'existence de ce principe et des mécanismes qui l'encadrent, la passation des marchés des collectivités de Ratoma et de Balandougou est caractérisée par la corruption à outrance qui limite son efficacité (paragraphe 1) et dont les contentieux font l'objet d'obstruction par les cadres des différents services impliqués dans ladite procédure (paragraphe 2).

Paragraphe 1 : La corruption dans la procédure de passation des marchés publics locaux

Le processus de passation des marchés publics fait impliquer des dépenses publiques très considérables, et de manière très fulgurante, un transfert de deniers vers le secteur privé. Par

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conséquent, il n'est pas épargné par le flux du phénomène de corruption42. Aujourd'hui, pour les deux collectivités concernées par cette étude, la corruption constitue l'obstacle majeur qui freine leur développement.

La corruption dans la passation des marchés des collectivités de Ratoma et de Balandougou entraine, dans la mise en oeuvre des plans annuels d'investissement, le retard dans l'exécution de certains projets de développement et affaibli l'optimisation des ressources et des résultats. Cette situation peut, par ailleurs, favoriser le déséquilibre de l'économie du marché et saper la confiance entre les autorités locales et les différentes communautés des deux collectivités.

D'abord, la corruption, entendue dans son sens strict, désigne le fait par quiconque, de promettre, d'offrir ou d'accorder, directement ou indirectement, un avantage indu pour lui-même ou pour une autre personne ou entité afin qu'un agent public accomplisse ou s'abstienne d'accomplir un acte dans l'exercice de ses fonctions officielles et/ou le fait pour un agent public de solliciter ou d'accepter, directement ou indirectement, un avantage indu, pour lui-même ou pour une autre personne ou entité afin d'accomplir ou de s'abstenir d'accomplir un acte dans l'exercice de ses fonctions43. De même, pour l'ONG Transparency international, la corruption est le détournement à des fins privées d'un pouvoir confié en délégation44.

Il convient de noter que la corruption, défini ci-haut, est provoqué, d'une part, par des phénomènes structurels observés dans une société et d'autre part les comportements des individus ou des groupes(A) et, se manifeste de plusieurs manières dans les différentes phases de la passation(B).

A- Les causes de la corruption dans la passation des marchés publics locaux

Les collectivités de Ratoma et de Balandougou, partie intégrante de l'Etat guinéen, sont confrontées à certaines réalités structurelles liées à l'enracinement d'un système politique influencé par un niveau global de corruption. Ainsi, ces réalités se répercutent sur les décisions prises par des individus, des entreprises et des groupes qui prennent part à la passation des différents marchés.

42 Conseil d'Europe, Rendre les marchés publics transparents au niveau local et régional, décembre 2018

43 Article 771 du code pénal guinéen

44 Dictionnaire de transparency international

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La motivation pour un individu à se livrer à la corruption repose sur deux facteurs principaux45. En premier lieu, tout individu ou groupe d'individu, est tenté ou incité à exploiter le pouvoir que sa position lui confère. Ce comportement frauduleux est encouragé par plusieurs facteurs46 notamment:

- Le besoin de l'individu : dans notre pays, particulièrement les deux communes et notamment celle de Ratoma où la vie est chère, les salaires des conseillers communaux et les agents publics locaux sont très bas. Le sentiment de satisfaction des besoins entraine ces conseillers et ces agents à mettre en place des réseaux de corruption dans les différentes phases de la passation ;

- Le faible niveau de sanction : le système de gestion de l'administration centrale se répercute sur celui des collectivités locales. On constate dans les collectivités, l'absence de suivi, de contrôle et de sanction à l'égard des agents impliqués dans la procédure de passation. Par conséquent, les actes de corruption sont encouragés. Cette situation est la conséquence de l'inexistence ou de la faiblesse d'institutions locales de contrôle et de suivi des activités des agents malhonnêtes chargés de la passation. Ce qui fait que ces derniers ne courent aucun risque d'être démasqués et, lorsqu'ils font l'objet de contrôle par les structures centrales pendant certaines missions d'inspection, ils ont la possibilité d'obstruer celles-ci par des pots-de-vin.

Ces individus corrompus sont en corrélation avec des corrupteurs qui, pour l'obtention d`un marché, cherchent toujours à échapper au régime de concurrence prévu par la règlementation. Ils permettent à certains groupes politiques ou catégories sociales de bénéficier des avantages indus au détriment des entreprises ayant les qualifications requises pour la bonne réalisation des marchés.

En second lieu, les individus sont motivés par la capacité ou l'opportunité de tirer profit d'un projet de passation de marchés lorsqu'ils disposent certaines prérogatives pour influencer les prises de décisions. Ainsi, ils peuvent en abuser pour s'accorder des avantages indus47.

45 KARI K. Heggstad et MONA Froystad, les fondements de l'intégrité dans la passation des marchés, U4 Issue, N°16, décembre 2011

46 KARI K. Heggstad et MONA Froystad, les fondements de l'intégrité dans la passation des marchés, U4 Issue, N°16, décembre 2011

47 KARI K. Heggstad et MONA Froystad, les fondements de l'intégrité dans la passation des marchés, U4 Issue, N°16, décembre 2011

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