2.1.6.3. La structure par âge et sexe des membres du
ménage
À côté des travaux domestiques tels que la
préparation des repas, l'entretien des lieux, il y a une activité
non négligeable qui est la prise en charge des plus petits, en
l'occurrence les soins à leur accorder ainsi que leur gardiennage. Du
fait de la division sexuelle des rôles dans la sphère familiale,
qui plus est dans les économies peu développées où
les institutions s'occupant de la garde des enfants sont rares, cette
responsabilité incombe aux femmes la garde des enfants revient aux
femmes et aux jeunes enfants en particulier les filles (KOBIANE J. F., 2002).
Ainsi, l'une des hypothèses que l'on a cherché à
vérifier était de savoir si le nombre d'enfant d'âge
préscolaire (enfants de moins de 6 ans) dans le ménage
contribuait à diminuer les chances de fréquentation scolaire des
filles. Cette relation négative est observée par (CHERNICHOVSKY,
1985) au Botswana, (LlOYD & BLANC, 1996)dans l'étude portant sur les
sept pays d'Afrique subsaharienne et (GLICK et SHAHN 2000) dans une
étude portant sur la ville de Conakry en Guinée. Elle est aussi
observée dans des nombreux pays en développement. Il y aurait
cependant quelques exceptions, (MARCOUX, 1994a)observe en milieu urbain malien
que la présence des enfants de 0-4 ans dans le ménage
accroît plutôt la fréquentation scolaire des 8-14 ans.
De même (LlOYD & BLANC, 1996) trouvent que pour deux
des sept pays qu'elles ont étudié (Niger et Malawi) que la
relation même si elle n'est pas statistiquement significative, est
positive. Par ailleurs (WAKAM, 1999) dans le cas du Cameroun trouve que c'est
dans les ménages n'ayant aucun enfant de 6-14 ans que la scolarisation
est élevée, alors qu'elle est faible dans les ménages
n'ayant aucun enfant en bas âge et ceux qui en ont au moins deux que la
scolarisation des enfants de 6-14 ans est élevée alors qu'elle
est faible dans les ménages ayant un seul enfant en bas âge.
Toutefois, lorsqu'il considère la fréquentation scolaire des
15-24 ans, la relation négative s'observe quel que soit le sexe, mais
est plus forte chez les filles. Ce résultat signifierait peut-être
que c'est surtout aux adolescents et non aux enfants d'âge
intermédiaire (6-14) que revient la prise en charge des plus petits.
« Tout ceci pose la question des mobiles à la base de la
présence des membres extérieurs au noyau familial du chef de
ménage, informations absente des sources de données classiques
utilisées dans ces études. Une telle information permettrait de
mieux affiner la relation entre la composition démographique du
ménage et la scolarisation des enfants » (KOBIANE J. F.,
2002).
(MARCOUX, 1994a)a montré qu'en milieu urbain malien que
les enfants appartenant à des ménages qui ont recours à
une domestique ont des taux de fréquentation scolaire plus
élevés que les autres; les écarts étant plus
importants chez les filles. Par ailleurs, (WAKAM, 1999) et (MARCOUX, 1994a),
ont observé que plus il y a d'adultes féminins dans le
ménage, plus la fréquentation scolaire des enfants est
élevée. « Une explication plausible de cette
association positive est que la présence et le nombre d'adultes femmes
libéreraient les enfants des tâches domestiques et leurs
permettraient d'aller et de se maintenir à
l'école » (WAKAM, 1999). La présence des personnes
âgées dans le ménage aurait également une influence
sur la scolarisation des enfants. Ainsi, cité par (KOBIANE J. F., 2002),
(CHERNICHOVSKY, 1985)dans le cas du Botswana trouve que plus il y a de
personnes de 60 ans ou plus dans le ménage, plus le niveau moyen
d'éducation par enfant ainsi que le temps passé à
l'école sont important. (WAKAM, 1999)analyse aussi cette relation mais
en distinguant les femmes âgées et les hommes âgés et
trouve que : le nombre d'hommes âgés de 60 ans et plus a un
effet négatif sur la fréquentation scolaire des filles quel que
soit le milieu de résidence, alors que pour les garçons la
relation est positive, mais cependant non significative, en milieu rural. Quant
au nombre de femmes âgées de 60 ans ou plus, son effet sur la
fréquentation scolaire des filles comme des garçons en milieu
rural est positif alors qu'en milieu urbain, la relation n'est pas
significative chez les filles et est curvilinéaire chez les
garçons.
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