Culture et football au Cameroun. le cas du canon sportif de Yaoundé dans la région du centre; une contribution à l'anthropologie du football( Télécharger le fichier original )par Mouafo Nopi ARNOUX Université de Yaoundé I - Master en Anthropologie 2014 |
V.3.3 Le regard social sur les footballeurs chez les Ewondo de nkolndongoDès le départ, Soter TSANGA (1969) signalait déjà l'impact sociologique du football au Cameroun sur l'angle du rapprochement des peuples et d'une contribution au processus de paix et stabilité nationale. Chez les Ewondo, cela n'a pas du tout changé car un rapport peut être établi entre la date de création du CSY en 1930 et sa survie jusqu'à nos jours. Cela fait 83 ans que ce club existe en dépit de quelques descentes en 2ème division de l'époque. Ce club a formé des icônes nationaux, continentaux et internationaux tels que Thomas NKONO, Emmanuel, KUNDE Pierre WOME ..., sans oublier d'autres icônes à l'instar de Joseph Antoine BELL, Géremi Sorel NJITAP ... C'est au regard de cette réussite que le football attire et passionne la jeunesse. Ainsi, tout jeune pensant faire carrière dans le football est vu comme espoir pour la réduction de la pauvreté au niveau familial ; un espoir pour la relève au niveau social et un apôtre de paix au niveau national chez certains. D'autres perçoivent ce sport comme une excuse pour les jeunes dans la mesure où quand ces jeunes parlent de football, l'on dirait qu'ils sont sur le chemin de la réussite ; par conséquent, échappent aux travaux domestiques, désertent les établissements scolaires... Pour Atangana MESSI26(*), « sur cent jeunes footballeurs, seuls cinq réussissent ». Cela signifie que la plupart des jeunes ont choisi un métier qui n'est pas porteur et y insistent. S'agirait-il d'une l'offre supérieure à la demande ? Cela pourrait justifier la persistance du fait religieux dans le football où celui joue un rôle semblable à l' « effet placebo » ou psychologique, qui boosterait les performances des joueurs et serait à l'origine d'une forte croyance. Déjà, les infrastructures telles que stades, logement sociaux et management des joueurs souffrent non seulement d'un manque de moyens mais surtout d'un manque de volonté à travers l'égocentrisme, la lutte pour l'intérêt individuel et la corruption. C'est ce que Théodore ATEBA YENE (1990), Charles NGUINI (1996) et Charles ATEBA EYENE (2011), qualifient respectivement de « dessous scandaleux », « footoir » et « braconniers », qui convergent vers ce que Jean Bruno TAGNE (2010) a appellé « programmés pour échouer ». Pour Michel CROZIER (1977), il s'agit d'une stratégie où l'acteur (dirigeant) crée des richesses pour en bénéficier au maximum afin d'abdiquer l'intérêt collectif. Le football, comme d'autres sports, est porteur de principes et de règles de vie. Il joue un rôle éducatif auprès des jeunes, il se révèle créateur de lien social, souvent vecteur d'intégration et dans certains pays facteur de développement pour les individus les plus talentueux. Les rencontres de championnat correspondent à ce que l'on appelle dans les Églises le "temps ordinaire". Les compétitions continentales deviennent des temps de fête, soigneusement amenés par les différents stades de la compétition. Néanmoins, cette activité footballistique est souvent source de multiples différends au sein des clubs. * 26 Spectateur interrogée le 20 septembre 2012 |
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