V.3.2 La notion du fanatisme chez les Ewondo de
Nkolndongo
Du mot anglais fan, qui signifie ventilateur ou de fan en
français signifiant admirateur, le fanatisme entendu ici comme une
surexcitation des sentiments de l'esprit est d'une importance capitale dans
tout sport en général et dans le football en particulier.
Constitué de personnes individuelles et groupales dont l'objectif est
d'apporter du soutien tous azimut aux admirables, le fanatisme dans le CSY est
tout de même individuel via les membres, qui s'acquittent de leur
cotisation et groupale par le même fait. C'est le cas d'Oyili
club de Nkolndongo qui par son statut de membre supporteurs, verse une somme au
club afin de jouir des droits tels que l'entrée au stade, l'assistance
au congrès et assemblée générale du club. A travers
divers objets traditionnels tels que nnom nkul, ngal nkul, mwan nkul,
mezzegle, mbè, nkàn, elon, bigan bi nkul et nyass,
ajouté à cela des vêtements au couleur du drapeau du CSY,
ce fan club chante des épopées et danse au rythme ewondo afin de
motiver, de nourrir et de renforcer l'énergie des joueurs en action sur
le stade.
Ce fan club est distinct du supporteur ordinaire qui paie son
ticket et s'assied sur les gradins pour supporter son équipe ; et
ce dernier, aussi distinct du spectateur dont la présence au stade est
essentiellement distractive. Il faudrait surtout noter que le fan club peut
bénéficier d'un sponsoring pour le renforcement de ses effectifs
et des outils. Par contre un individu ne saurait bénéficier d'un
tel don encore moins un spectateur. Fans et supporteurs sont donc
appelés douzième joueur puisqu'ils peuvent
bénéficier d'une réduction lors d'un match.
Il faut également signaler que les supporteurs du CSY
ont une influence sur le recrutement des joueurs en début d'année
car ceux-ci s'opposent au recrutement de certains joueurs, coaches en refusant
de venir au stade, par aussi le non paiement de leur carte de membre. Ils sont
aussi à l'origine de la sacralisation et de la désacralisation
des joueurs de par leur nature à bavarder. Dans la culture béti
en général, il existe un adage qui dit que l'homme béti a
cinq minutes de folie. Selon les travaux de Léopold Sédar SENGHOR
(1939 : 295), pour comprendre le nègre, il faut l'étudier
dans sa sphère culturelle. C'est pour cette raison qu'il que
« l'émotion est nègre comme la raison est
hellène ». Il voudrait ainsi montrer que la raison est
souple et n'est pas l'apanage du Blanc parce qu'en Afrique, l'on comprend avec
les organes de sens. Ces minutes de folie faisant partie du vécu
quotidien, nous permettent de dire avec fondement que la notion de fanatisme
est un sentiment tout à fait naturel non seulement parce qu'il s'agit
d'un type de solidarité mécanique ou par similitude, régi
soit par un lien de famille, de village ou de religion, mais surtout d'un lien
culturel parce qu'il est question de soutenir un club, une association et viser
un intérêt collectif voire une fin qui est celle de la victoire.
Lors d'une défaite, les supporteurs du CSY se sont
généralement éteints. Cela était le cas pendant
les saisons 2011-2012 et même la saison 2012-2013. Par contre, lors d'un
match nul n'ayant pas d'effet sur le classement entre Renaissance en 2012 et
Tonnerre en 2013, les supporteurs chantaient au même titre que lors de la
victoire des chants parmi lesquels
O liga na wa ke lagba ai
« Union »
Wa na osu lagba Canon nga me lagba
Lag lag lag nga me lagba
O soa ya e e e nga me lagba
Criant de joie, ils expriment leur suprématie sur
d'autres clubs de division d'élite one tels que Union de Douala, Sable
de Batié, Coton Sport de Garoua, Tiko United etc. C'est la raison pour
laquelle lorsqu'ils transcrivent ce chant, ils mettent le nom des clubs entre
guillemets, ce qui signifie l'interchangeabilité.
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