I.2.3.2 Les systèmes de croyance
Etant donné que les Ewondo se sont très
rapidement convertis à la religion chrétienne, il n'en demeure
pas moins vrai que bien avant cette conversion, ils pratiquaient leurs cultes.
Certaines formes anciennes de ces cultes religieux ont resurgi dans la
pratique religieuse actuelle. Les Ewondo, en effet, croyaient en un Dieu
unique, créateur, omnipotent et omniscient qu'ils appellent,
Ntondobe, « celui qui soutient le globe
terrestre », Zamba elo fege, « Dieu, siège
de la sagesse », Zamba esia ngul mese, «
Dieu, le Père tout Puissant », Zamba Nkom Bod,
« Dieu, le Créateur des hommes ». Mais, au
delà de ce Dieu unique, les anciens Ewondo croyaient que les
minkug, « ancêtres défunts » jouaient
le rôle d'intermédiaires entre Dieu et les hommes. C'est pour
cette raison qu'on y effectue des cultes sur les tombes des parents
défunts.
Ces cultes se justifient ici par un parent qui meurt
mécontent de son enfant ou après l'avoir maudit. Cela
mérite à cet effet un culte pour voir sa colère
apaisée et pour que ledit enfant puisse prospérer. Ce culte
participe de plein pied à la philosophie africaine qui selon Birago DIOP
(1960), stipule que les morts ne sont pas morts. C'est pour cela que des clans,
des lignages, des familles, invoquent l'esprit de leurs ancêtres
défunts en cas de manifestation importante, pour les assister tout au
long de la cérémonie. La cosmologie Ewondo présente le
monde sous trois instances en interaction dont le monde macrocosmique, monde de
Dieu et de l'univers ; le monde mésocosmique, le monde des vivants
ou de la société et le monde microcosmique, qui est le monde
de l'homme et des esprits des ancêtres défunts.
De nombreuses pratiques mystiques sont inscrites dans
les représentations des populations. Il Le phénomène de la
sorcellerie est très répandu. Il désigne la croyance
d'après laquelle certaines personnes possèdent certains pouvoirs
mystiques qu'ils utilisent pour nuire aux autres et empêcher leur
développement. Dans ce contexte, la mort chez les Ewondo est souvent
très associée aux pratiques de sorcellerie. De nombreux
scientifiques ont qualifié ces pratiques d'imaginaires ou
archaïques. Cependant, de plus en plus, on se rend compte que ce
phénomène se reproduit et se réinvente aussi bien en
milieu urbain qu'en milieu rural. Chez les Ewondo, l'expertise des sorciers est
de plus en plus utilisée pour lutter et combattre d'autres sorciers (P.
GESCHIERE et C. FISIY: 1993). Ces sorciers se dédoubleraient en animaux
tels que l'akun, « le hibou » ;
nyoe, « le serpent » ;
Ze, « la panthère » pour nuire aux
autres. Ces animaux ont des représentations très négatives
dans cette ethnie. Une autre forme de sorcellerie, a fait irruption dans cette
société : il s'agit du kong qui serait
empruntée à la région côtière du Cameroun
(ekong dans le Sud-Ouest). Il s'agit d'une pratique d'après
laquelle les uns causeraient la mort des autres pour les utiliser comme
esclaves dans le monde de l'au delà.
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