1.4. LA TRADUCTION DANS LE ROYAUME BAMOUN 1.4.1. SITUATION
GÉOGRAPHIQUE DU ROYAUME BAMOUN
Le pays bamoun, actuellement Département du Noun, est
situé dans la région de l'Ouest au Cameroun et couvre environ
7700 km2. S'allongeant entre le 5e et le 7e degré
de latitude nord, puis s'étendant entre le 10e et le
12e degré de méridien est, il est limité au
nord par les Départements du Mbam, du Djerem, du Donga Mantung, du Bui,
et de la Mezam. À l'est et au sud, il est limité par le
Département du Mbam et à l'ouest et au sud-ouest par les
Départements des Bamboutos, de la Mifi et du Ndé. Le Noun est
dominé par trois massifs montagneux d'origine volcanique dont l'altitude
varie entre 2300 et 2500 mètres. Ce sont les massifs du Mbèt
Nso, de Nkùegham et le Mbètpit. Au centre
du pays bamoun se trouve la
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capitale Foumban (mfèm Mbèn ou chute
des Mbèn) qui compte plus de 300 000 âmes. La ville
présente un aspect mi-urbain mi-rural entouré par des
tranchées de fortification datant de l'époque des guerres
d'invasions et de conquêtes. Le pays bamoun se trouve à mi-chemin
entre la savane et la forêt à cause de sa situation
géographique en Afrique. On y retrouve une population
métissée issue d'un mélange entre Bantous et Soudanais.
L'élément soudanais est dominant dans la langue tandis que les
caractéristiques physiques et l'organisation politique sont de types
soudanais. C'est pourquoi certains ethnologues les qualifient de
bantoïdes.
1.4.2. QUI SONT LES BAMOUNS ?
Plusieurs auteurs se sont interrogés sur l'origine des
bamoun sans trouver des réponses très satisfaisantes. Les bamoun
viendraient d'Égypte et le culte animiste bamoun dériverait d'un
culte analogue égyptien. Mais d'après Millous cité par
Tardits (1980:07), les bamoun descendraient plutôt des Soudanais.
D'après une autre version recueillie par Eldridge Mohammadou, il semble
que le royaume bamoun ait été fondé bien longtemps avant
Nshare. Toujours selon cette source, la dynastie régnante aurait une
origine égyptienne et même syrienne. Une famille
éprouvée s'enfuit de l'Égypte. Puis pour exercer le
commerce, sa descendance ira s'installer au Bornou et plus tard chez les Mboum
de Nganha et de Mbang au centre de l'actuel Cameroun. Chaque étape de la
migration s'accompagnera de mariages avec des autochtones. Des enfants issus de
ces unions émigrèrent dans la vallée du Mbam, à
Mbankim où ils soumirent les populations trouvées sur place.
C'est de la dynastie fondée par ces fugitifs que les Mboum
nommèrent Tikar, ce qui veut dire les « errants »,
sortirent plus tard les fondateurs des royaumes bamoun et Banso. Prince Dika
Akwa (1985 :249) réaffirme cette origine égyptienne des bamoun.
Pour lui, les bamoun et les Banso (d'origine Ngala), se sont
mélangés aux Mboum et Tikar d'origine Kissara.
En bref, l'histoire du peuple bamoun commence vers le
XIVe siècle. Le royaume bamoun fut fondé par un Tikar
du nom de Nshare Yèn au XIVe siècle. Nshare serait
parti de Rifum, pays des Tikar. À cause d'une dispute qu'il eut avec ses
frères, il décida de s'exiler en prenant la direction de Foumban.
Ils seraient venus de Rifum un ancien village du pays Tikar situé
près de Mbankim, sur la route Foumban-Banyo. Par une ruse, il se serait
séparé de Mfo Mbam et Nguo Nso à proximité d'une
rivière. Mfo Mbam et Nguo Nso qui fondèrent respectivement les
peuples Bafia et Banso.
Dans tout le Département du Noun, les bamouns parlent
tous le shüpamom (shü-pa-mom) ou la langue/le parler des gens/du
peuple de Mom. Malgré cette unité linguistique, on retrouve une
diversité à l'intérieur de cette population. C'est
à cause de cette unité linguistique qu'on assimile
généralement à tort l'histoire de la population à
celle de ses rois. La famille
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royale a son histoire, la population la sienne. Il faut bien
le préciser, les rois bamouns s'installèrent dans ce qui est
aujourd'hui le Département du Noun après de rudes batailles avec
les populations locales. Les populations n'ont pas toujours été
homogènes. Les autochtones furent soumis par Nshare Yen. Beaucoup
d'autres le seront par ses successeurs. Le shüpamom fut alors
imposé comme langue coloniale au détriment de leurs langues. Les
populations vaincues ne gardèrent de leurs traditions que les danses,
les chants des sociétés secrètes et les différentes
formes de manifestations artistiques (sculpture, vannerie, teinture,
métallurgie, poterie, entre autres.)
De tout ce qui est dit sur l'origine des rois bamoun, on peut
retenir qu'ils viennent du pays des Tikar et que ce pays aurait
été habité par des gens qui émigrèrent. Il
faut aussi noter le fait que cette population a de lointaines origines
égyptiennes et que plusieurs traits de sa culture confortent des
chercheurs sur cette thèse: le culte des morts, l'écriture
hiéroglyphique Shümom et la langue shüpamom qui ont beaucoup
de traits de ressemblance avec l'égyptien ancien, de même que le
symbole royal du serpent bicéphale qui apparait dans les cultes
égyptiens.
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