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Historicité et traduction musicale dans yà¹opnke pà¹en kristo me shà¼pamom : essai d'évaluation

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par Christophe Dumas Ngampeyou
Université de Yaoundé 1 - Master en Traduction 2016
  

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1.4.3. L'IMPACT CULTUREL ET RELIGIEUX DE LA TRADUCTION DANS LE

ROYAUME BAMOUN

Avant l'arrivée des Européens, les bamoun pratiquaient déjà la traduction ou plus précisément l'interprétation. Le royaume bamoun actuel était, à l'origine, constitué de plusieurs chefferies qui parlaient des langues différentes. Par conséquent, il était important d'apprendre la langue du voisin ou d'avoir un interprète pour entretenir des échanges. Il est fort possible que Nchare Yèn, le fondateur du royaume bamoun, ait eu besoin d'interprètes pour communiquer avec les chefs autochtones au cours de sa grande conquête. Après leurs soumissions, le shüpamom, parlé de nos jours, fut imposé à tout le royaume. Dans cette logique, l'histoire de la traduction, en ce qui concerne ce peuple, date de l'époque de leurs contacts et multiples échanges avec leurs voisins. D'autre part, c'est avec l'accession de Njoya au trône et à l'arrivée des Européens que le pays bamoun va marquer l'histoire dans plusieurs domaines, y compris la traduction.

Né vers 1875, le roi Njoya est le XVIIe de la dynastie de Nchare Yèn. Il règne de 1895 à 1933. Il est resté célèbre pour ses idées révolutionnaires qui poussèrent les Français à l'exiler d'abord à Dschang et par la suite à Yaoundé en 1930 où il mourut le 30 mai 1933.

La première révolution dans la destinée des peuples bamoun fut l'ouverture aux autres civilisations camerounaises et européennes. Grand admirateur des Allemands, Njoya placera son royaume sous leur protection. Par ailleurs, il inventera une écriture pour le peuple bamoun

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du nom d'A-KA-U-KU. L'invention de l'écriture alla de pair avec la création d'une nouvelle langue. Jusqu'alors, les conquérants bamoun avaient utilisé les langues de leurs vassaux, le Shü Pashom tout d'abord, et ensuite le shü pa Mbèn. Il créa le shü Mom, langue destinée à être utilisée par tout son peuple. Celle-ci fut employée en particulier par la cour et les notables, mais ne put se diffuser complètement en raison de l'occupation allemande, puis française. Le sultan Njoya rédigea et traduisit plusieurs ouvrages en langue shü Mom entre 1896 et 1930. Le plus connu concerne l'histoire de son peuple. Il s'intitule Histoire et coutumes des bamoun, ouvrage dont une première traduction fut réalisée en juin 1949 par le pasteur Henri Martin. Elle était utilisée pour la correspondance et même des portions de La Bible avaient été traduites dans ces caractères. Le pasteur réalisera aussi la traduction des textes historiques réunis par le roi Njoya et qui seront publiés en 1950 grâce à l'ethnologue Idellete Allier-Dugast.

Mosé Yéyap, prince de la famille royale, est né vers 1895. Il est celui que beaucoup considèrent comme le tombeur du roi Njoya. Il sera envoyé en 1906 à la mission protestante pour être éduqué à l'européenne, puis à Buéa, où il sera aussi formé par les Allemands. Très brillant, il sera recruté à la fin de ses études comme maître à la mission protestante et aidera les missionnaires à traduire les textes bibliques en shüpamom. Après le départ des Allemands, le roi Njoya fait appel à lui. Leur collaboration dure jusqu'en 1917, c'est-à-dire à l'arrivée de M. Allégret. Mosé Yéyap quitte définitivement le palais et un conflit ouvert éclate entre le roi et lui. Après un séjour à Douala où il va apprendre le français, il entre dans l'administration comme interprète et devient l'intermédiaire officiel entre cette dernière et le roi. Marqué par l'éducation qu'il reçut à la mission protestante, il informa ses chefs européens des pratiques illégales qui avaient cours en pays bamoun, à savoir l'esclavage, les travaux forcés, les impôts royaux, et les éliminations physiques.

Njoya fut progressivement évincé du pouvoir. Très subtilement, Mosé Yéyap aida à mettre fin au règne de Njoya. Et même s'il nourrissait le rêve de devenir, lui aussi, un monarque, il faut reconnaître que par son action l'esclavage fut aboli, les tributs royaux , les travaux forcés, ainsi que les tributs en femmes au roi et aux Nji furent supprimés. Mosé Yéyap a, entre autres, réalisé la traduction manuscrite quoiqu'incomplète de certains textes historiques bamoun. Il meurt à Baïgom le 3 mai 1941.

Par ailleurs, la Mission de Bâle, société missionnaire suisse travaillant pour le compte de l'Allemagne, s'installe à Foumban le 10 avril 1906, sous la direction du pasteur Martin Göhring. De ce fait, beaucoup d'enfants reçoivent une formation chrétienne et plusieurs rejoindront le ministère de l'évangélisation. La traduction de la Bible en langue bamoun a été l'initiative de l'église bamoun, elle-même. Le Nouveau Testament fut traduit par Josué

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Muishe et l'Ancien Testament en grande partie, par le pasteur Rudolphe Peshandon, assisté par Mosé Lamere, Pierre Wah, Pierre Njuenwet et bien d'autres. C'est en 1968 que les exemplaires imprimés du Nouveau Testament arrivent à Foumban. Environ mille exemplaires furent vendus à cent francs l'unité, le dimanche de dédicace. La Bible sera totalement traduite en bamoun en 1989.

Dans la même lancée, la première édition de Yùopnké pùen kristo me shüpamom, le cantique de chants chrétiens utilisé par les protestants bamoun, a été traduit dans les années 1940. Les artisans de cette traduction sont les premiers catéchistes et pasteurs à l'instar de Josué Muishe, Philippe Jean Pepuere, Njimonya, Moïse Munbéket. Il faut aussi évoquer le soutien des missionnaires Dortsh, Ernst, Lembasher, Ghoring, Allégret, Vernert et Wurhman dans cette tâche. Le cantique 343 de Yùopnké pùen kristo leur rend d'ailleurs hommage pour le travail réalisé. La cinquième édition qui en est la plus récente date de 2005. Elle est constituée de 409 chants. La plupart sont des traductions de cantiques français (Sur les ailes de la foi) anglais ( Sacred songs and solos) et de quelques autres recueils chrétiens. Il y existe aussi des compositions originales en bamoun, desormais adoptées par Nda'mbasié, la ligue de toutes les chorales bamoun. Mais aussi de pures adaptations, à l'exemple du cantique 105 (pe pua' mée ma Betfagé), adapté à partir de la mélodie d'une chansonnette populaire française le bon roi Dagobert qui met sa culotte à l'envers.

En 2010, le Collège des Oulémas du Noun (CON) présidé par Cheik Nsangou Mama Awoulou et le Conseil Supérieur Islamique du Noun (Cosin) ont mis sur pied le Cercle islamique de traduction du noble Coran en langue bamoun (CITNCLB). Les présidents de commissions et les membres tels que El Hadj Ibrahim Fochivé, El Hadj Nji Njitari Njoya , Cheik Nji Mbombo Mfekam, Israël Yoh Momah et plusieurs autres se sont concertés pour ce travail titanesque. Durant trois ans, les commissions de traduction, de révision, d'adoption et les séminaires de validation ont travaillé d'arrache-pied avec toutes les tendances islamiques dans le Noun - Koulkounou, sunnites et Tidjanites , mais aussi avec des chrétiens pour produire un Coran en langue bamoun. C'est un document de 675 pages, fruit d'un travail acharné, qui a été présenté le 6 juillet 2013 pendant une cérémonie solennelle présidée par le sultan des bamoun Ibrahim Mboumbouo Njoya, par ailleurs président du Conseil Supérieur Islamique du Noun (Cosin).

Dans le domaine de la littérature, plusieurs écrivains bamoun ont contribué à la vulgarisation de leur culture à travers leurs oeuvres. Il s'agit d'Emmanuel Matateyou dans Les Sociétés secrètes dans la littérature camerounais: le cas des bamoun(1990), Les Merveilleux récits de Tita Ki(2001), Parlons bamoun (2001), Palabres au Cameroun (oeuvre bilingue français-shüpamom), Momafon Rabiatou Njoya dans La Porteuse d'eau, A young girl's

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diary, La Dernière aimée, Joseph Ngoupou avec ses recueils de poèmes, A l'Aurore de la vie (1993), Du Micro au Macro(1999), Les Larmes du Paradis(2009), Serge Ngounga dans Au fil du voyage ( 2008).

En somme, dans ce chapitre, il était question de dresser un aperçu historique de l'évolution de la traduction dans le contexte camerounais en général et dans le pays bamoun, en particulier. Nous avons présenté la situation de la traduction dans la période précoloniale, la période coloniale et la période postcoloniale au Cameroun. Nous avons aussi parlé de la traduction dans le royaume bamoun. Notre approche était chronologique. Nous pouvons dire que la traduction a évolué à travers le temps. Il est cependant difficile de déterminer de façon précise à quel moment cette science est apparue dans le monde. Dans le cas du Cameroun, l'histoire de la traduction est assez longue et complexe. Elle s'étale sur différentes périodes clés de l'histoire du pays. Avant la colonisation, la traduction existait déjà dans la pure culture africaine. Bien que l'histoire de la traduction en pays bamoun soit un peu floue, son patrimoine culturel reste l'un des plus importants en Afrique et au Cameroun. Il est bien évident que l'on ne peut pas présenter de façon détaillée en quelques pages seulement, cette richesse historique qui s'étend sur des siècles. Toutefois, il s'agit d'une histoire marquée par des influences internes et externes. Une connaissance de l'évolution historique et culturelle de la traduction permet au traducteur de se situer dans son époque. Il s'agira maintenant pour nous de définir quelques concepts concernant le chant religieux et la musique da

bamoun, puis de faire le point sur les travaux menés avant nous.

CHAPITRE 2 :

CONCEPTION THÉORIQUE DE LA TRADUCTION MUSICALE ET REVUE DE LA LITTÉRATURE

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La musique est un art essentiel de par son impact à tous les niveaux de la vie sociale, culturelle et cultuelle. Dans le contexte religieux, elle est incontournable. Selon les confessions religieuses, les chants diffèrent par l'appellation, le contenu et la manière d'exécution. L'intérêt porté à la traduction des chants en général, et à la traduction des cantiques, en particulier, est relativement récent. C'est pourquoi il faudrait au préalable comprendre des concepts de base autour de la musique.

Il sera question, dans ce chapitre, de définir le type de chant religieux qui fait l'objet de notre étude, et de présenter les caractéristiques principales de la musique, en général, ainsi que l'influence culturelle qu'elle subit chez les chrétiens bamoun. De plus, c'est le lieu pour nous de présenter l'économie des travaux déjà menés en matière de traduction des chants.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote