3.3.2. Les éléments culturels
La traduction exige une maîtrise de la culture des
langues sur lesquelles on travaille en vue de saisir les subtilités et
les nuances stylistiques de chaque langue. Chaque langue a une manière
propre pour exprimer ses réalités culturelles. La traduction
entre deux langues hétérogènes se heurte beaucoup plus aux
problèmes relatifs à la culture parce que les deux langues sont
issues de civilisations différentes.
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Exemple 3 : les éléments
culturels
Texte original
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Traduction
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(1 ) Non, ta loi n'est point pénible Pour quiconque
est né de toi;
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Yésu Kristo ka tûme a
Nda kpên ûe n'ka pe ntùm a,
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(2) Le signal de la victoire
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Pùen-pî, pe ténî ntû
ntâ pit!
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(3) Oh ! viens, Esprit de Dieu !
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Ya kù Yîéne Nyinyi,
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(4) Suivons, amis, la bannière Du Sauveur en
croix,
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Pue pe nyi mbumme tùtùwén Mfon upue
Yésu !
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Dans (1) l'adjectif pénible est rendu en shüpamom
par nda kpên qui signifie littéralement maison
d'esclavage. L'idée de la libération du statut d'esclave est
plus susceptible de marquer le chrétien qui doit être affranchi de
toute forme de souffrance.
En (2) ntâ pit (cor de guerre) en shüpamom
est un instrument à vent que les guerriers bamoums utilisaient pour
donner l'alerte ou le signal d'attaquer. Dans (3) Dieu est appelé en
shüpamom Nyinyi (celui qui marche sans cesse) pour sans doute
représenter son omniprésence et par conséquent celui qui
est partout est omniscient. Ce nom représentait une divinité
avant la christianisation du peuple bamoun.
La bannière qui représente l'enseigne
d'un seigneur à la guerre est rendue par le calque
tùtùwén (tùtù- bâton + wâm-
étoffe) en shüpamom. Le terme mfon qui veut dire roi, est
une marque de soumission.
3.4. LES PARAMÈTRES RELIGIEUX ET BIBLIQUES
La terminologie utilisée dans la traduction des chants
est essentielle, car elle doit prendre en compte l'audience-cible. A chaque
confession religieuse ses préférences. Catholiques, protestants
et Témoins de Jéhovah, par exemple, n'auront pas les mêmes
choix linguistiques en ce qui concerne les chants. C'est la raison pour
laquelle un chant de
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vénération de la Vierge Marie ne peut être
proposé à des fidèles protestants et produire le
même effet que celui qu'il aurait sur des catholiques, du fait que la
place accordée à Marie diffère dans les deux religions.
Par ailleurs, il est important que le traducteur se
réfère aux livres et documents religieux qui sont traduits dans
la langue qu'il utilise. Si le chant à traduire est un cantique
protestant, le traducteur pourrait se référer à La
Bible du culte protestant. Il peut arriver qu'un chant ne soit pas
inspiré d'un texte biblique en particulier ou d'un texte biblique tout
court. Le texte du chant peut émaner d'un désir de l'auteur
d'exprimer un sentiment pieux en ses propres termes. Dans ce cas, le traducteur
est libre de traduire le texte sans tenir particulièrement compte d'une
référence biblique précise. Néanmoins, il devra
s'assurer que la terminologie à laquelle il aura recours est bien celle
consacrée par les instances autorisées de la religion
d'appartenance du chant.
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