V- PROBLEMATIQUE ET HYPOTHESES
V.1. Problématique
Comme il a été vu, le vieillissement cognitif
normal est accompagné d'un déclin cognitif, observer sur les
données transversales (Salthouse, 2004 ; Salthouse, 2006) comme
longitudinales (Schaie, 1998 ; Schaie et Baltes, 1998). Il a été
explicité que les résultats observés des
différentes recherches mettent en évidence un
développement des performances cognitives (mémoire, raisonnement,
vitesse de traitement, capacités visuo-spatiales) des individus
jusqu'à l'âge de 18 ans environ et celles-ci déclinent aux
alentours de 27 ans (Salthouse, 2009). Par contre, toutes les fonctions
cognitives ne sont pas affectées au cours du vieillissement. Il a
été observée, effectivement, que les connaissances
générales (vocabulaire, connaissance) augmentent
considérablement jusqu'au début de l'âge adulte puis
restent relativement stables par la suite (Cattell, 1987 ; Schaie, 1998 ;
Salthouse 2004, 2010).
Ensuite, des recherches ont pu mettre en évidence que
les personnes exerçant des activités stimulantes plus intenses
présentaient des habiletés cognitives plus marquées
(Salthouse, 2006 ; Jopp et Hertzog, 2007 ; Soubelet, 2009 ; Small, Dixon,
McArdle et Grimm, 2011).
Puis, il a été expliqué la
difficulté à mesurer cette activité stimulante. Il n'est
pas certain que tous les participants exerçant des activités
stimulantes recherchent le même niveau de performance, y consacrent les
mêmes efforts (Lemaire & Behrer, 2005). Selon Soubelet (2009), cette
dimension stimulante peut être liée à certains facteurs
individuels comme la motivation, l'expérience dans l'activité
exercée ou le niveau des habiletés cognitives de la personne.
Concernant la créativité, sa stimulation n'est pas uniquement
cognitive ; elle met en jeu aussi des aspects motivationnels qui pourraient
multiplier le caractère stimulant de l'activité
créative.
Enfin, il a été montré le lien entre
l'activité stimulante et la créativité. Elles
nécessitent toutes deux une forte implication, stimulation et
nouveauté dans leurs expressions. Il a été
explicité l'importance de l'exercice mental qui est nécessaire
à l'acte créatif, ses deux concepts sont bien liés. Il
peut être plausible d'imaginer que face à un même contexte,
une même situation, les personnes créatives soient davantage
stimulées que celles manifestant une moindre propension à
utiliser un style de pensée créatif dit « divergent ».
Et mettent donc en
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jeu régulièrement leurs habitées
créatives plus prononcées, qui pourrait amener à des
effets de l'âge moindre, sachant qu'elle nécessite la mise en
oeuvre d'habiletés cognitives. La personne créative voit, comme
le disait Guilford (1950) ce que les autres ne voient pas. Par exemple, en
regardant un objet, une fleur, un individu, une image ou d'autres
éléments, le processus de pensée divergente se met en
place qui l'amène à trouver de nouvelles idées, concepts
et qui poussent cette personne à une stimulation cognitive et
créative plus constante. Alors que les autres individus, une fleur par
exemple reste une fleur et ne peut amener à aucune nouvelle idée
créative, nouveaux concepts liés à la couleur, la forme,
la taille ou le nom de celle-ci.
Des résultats de recherche sur la
créativité ont démontré, en effet, une
corrélation entre les personnes qui présentent des
habiletés créatives et cognitives (Lubart et Sternberg, 1995 ;
Torrance, 1988 ; Davidson, 2003 ; De Young, 2008).
Etre créatif, c'est donc être stimulée
cognitivement qui met en jeu aussi des aspects motivationnels ce qui explique
l'intérêt à cet index de créativité et non
plus à un indicateur « classique » de stimulation. L'objectif
de ce travail est donc d'étudier si les différences liées
à l'âge sur le plan cognitif sont fonction des habiletés
créatives des personnes. Ou si les mêmes différences
liées à l'âge sont observées quelque soit le niveau
d'habileté créative des participants.
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