IV- CREATIVE ET COGNITION
IV.1. Relation entre créativité et
cognition
Dans l'étude de De Young (2008) qui a examiné
les différences individuelles dans les capacités cognitives
contribuant à résoudre les problèmes d'insight,
trois des tests de Torrance de la pensée créative dite «
divergente » ont été utilisés pour évaluer la
pensée divergente.
Des trois différents indices de la pensée
divergente, la flexibilité et la fluidité était
corrélés à l'insight. Ce qui suggère que
ces indices peuvent être particulièrement importants dans la
pensée divergente (Runco et Chand, 1995).
Ses résultats démontrent aussi que l'insight
problème et la flexibilité de la pensée divergente
sont significativement corrélés avec l'ensemble des variables
cognitives (analytique, vocabulaire, mémoire de travail). Un lien existe
donc bien entre les habiletés créatives et cognitives.
Enfin, une corrélation positive entre la pensée
divergente et les performances créatives chez les enfants (à
l'aide du TTCT de Torrance, « verbal » et « figural » et
des problèmes « insight ») a été
retrouvée par certains auteurs (Torrance, 1988 ; Lubart et Sternberg,
1995; Davidson, 2003). Les performances sur des problèmes bien
définis (non insight), y compris ceux qui constituent les tests
de QI standard, sont associées aux performances sur les problèmes
mal définis (insight). Les résultats de leurs recherches
ont montré que, les enfants qui sont les plus intelligents, sont
également les plus créatifs.
Les résultats observés démontrent donc
que les personnes qui présentent des habiletés créatives
plus prononcées montrent aussi de meilleures habiletés
cognitives. Voici, dans la partie suivante, ce qui représente le coeur
de cette recherche : « Ces personnes les plus créatives
montrent-elles des effets de l'âge moins prononcés sur le plan
cognitif ? ».
IV.2. Interaction entre l'âge et la
créativité sur la cognition
Aucune étude chez les adultes n'a abordé la
problématique de différences cognitives liées à
l'âge en fonction de l'habileté créative des personnes.
Cette étude va donc permettre de
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connaitre si les personnes les plus créatives montrent
un déclin cognitif plus favorable c'est-à-dire des effets de
l'âge moins prononcés sur le plan cognitif.
Il a d'abord été expliqué qu'il existait
une certaine difficulté à mesurer l'activité stimulante.
Non au niveau du temps consacré à une activité mais au
niveau de la motivation, de l'expérience dans l'activité
exercée, ou du niveau des habiletés cognitives qui peuvent
être des facteurs individuels liés à cette dimension
stimulante.
D'après l'approche multivariée de Lubart (2003)
proposé, la créativité peut dépendre de certains
facteurs individuels tels que des facteurs cognitifs (intelligence,
connaissance), conatifs (styles cognitifs « manière dont une
personne génère les idées », traits de
personnalité et motivation), émotionnels et environnementaux.
Celui-ci explique qu'un état émotionnel peut focaliser des
énergies parce que l'acte créatif est un moyen d'évacuer
une énergie émotionnelle dans un travail productif. Il
suggère enfin que le potentiel créatif d'une personne serait le
résultat de la combinaison de tous ces facteurs. Ainsi, chaque individu
possèderait un profil d'aptitudes sur ces différents types de
ressources, lié à son potentiel créatif exprimé par
ses productions.
La stimulation de la créativité n'est donc pas
uniquement cognitive ; elle met en jeu aussi des aspects motivationnels qui
pourraient multiplier le caractère stimulant de l'activité
créative. Il est possible que cette production créative
multipliée puisse amener à une meilleure habileté
cognitive. D'où l'intérêt de s'intéresser à
cet index de créativité et non plus à un indicateur «
classique » de stimulation. En effet, la mesure de ce potentiel
créatif combinant tous les facteurs amènerait peut être
à des effets de l'âge moins prononcés sur le plan cognitif.
Et donc à un déclin cognitif plus favorable.
Voici, dans les chapitres suivants, la problématique et
les hypothèses, la méthodologie et les résultats de ce
travail de recherche.
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