CHAPITRE I. REVUE DE LA LITERATURE
Cette revue de la littérature est abordée sous
deux angles. En premier lieu, on présentera la littérature
théorique (section I), et celle empirique dans un second lieu (section
II).
I.1 REVUE DE LA LITTERATURE THEORIQUE
La revue de la littérature théorique permet de
faire ressortir les interprétations des différents courants
économiques sur le rôle de la monnaie en économie. Par
ailleurs, cette section consiste de présenter les différentes
idées soutenues par les courants économiques entre autre
l'approche dichotomique classique et intégrationniste de Keynes, au
débat entre monétariste, postkeynésiens et en la nouvelle
école classique.
I.1 DE L'APPROCHE DICHOTOMIQUE A L'APPROCHE
INTERGRATIONNISTE
Les controverses sur la nature de la monnaie se poursuivent
depuis des siècles. Pour les classiques, la monnaie est externe au monde
de la production. C'est une marchandise particulière dont l'offre est
exogène (approche dichotomique). Pour les keynésiens, elle est la
contrepartie du crédit qui est indispensable à la production,
elle est donc interne; par conséquent son offre est endogène
(approche intégrationniste).
L'enjeu n'est pas que de pure théorie parce que la
monnaie est un levier de l'action collective pour réguler la
macroéconomie. Afin de mieux comprendre ce débat, il convient de
revenir sur les fondements des thèses neutralistes de la monnaie.
I.1.1 L'analyse neutraliste ou dichotomie des classiques
et des néoclassiques.
La théorie de la neutralité de la monnaie a
été confirmée par les économistes classiques qui
ont soutenu que la monnaie n'a aucune incidence sur l'économie.
Smith, en 1776, exprime le coeur de la théorie
quantitative traditionnelle pour la monnaie métallique. Il affirme que
l'or et l'argent ne font pas partie de la richesse des nations et n'ont pas de
valeur intrinsèque. La monnaie trouve sa valeur dans la quantité
des autres biens, ce qui suppose que la vitesse de circulation de la monnaie
est constante. Smith montre que l'or n'a pas d'utilité directe sur
l'économie, parce que l'élasticité de la quantité
d'or par rapport à son prix est égale à l'unité
(Jaudel, 2000).
La théorie quantitative de la monnaie soutient la
thèse sur la neutralité de la monnaie. Pour cette théorie,
il faut tout faire pour conserver cette neutralité. Autrement dit, il
est nécessaire de préserver un rapport entre la quantité
de monnaie en circulation et le volume des biens
![](Politique-monetaire-et-croissance-economique-en-RDC11.png)
6
![](Politique-monetaire-et-croissance-economique-en-RDC12.png)
7
échangés. De ce qui précède, la
monnaie est donc à la fois moyen de paiement et réserve de
valeur.
L'expression de la demande de monnaie est donnée par
l'équation quantitative de la monnaie MV+M'V'=PT. Avec M la masse
monétaire légale (billets et pièces) en circulation, M' la
masse monétaire de crédit (dépôt bancaire), P le
prix, T la transaction, V la vitesse de circulation de la monnaie légale
et V' la vitesse de circulation de la monnaie de crédit. La vitesse et
le volume sont stables (du moins à court terme) et le prix est donc
déterminé par la masse monétaire, et par conséquent
la masse monétaire n'a d'influence que sur le prix (Fisher, 1922).
La théorie quantitative de la monnaie affirme donc que
la monnaie n'a aucun effet sur l'activité économique, dans la
mesure où il existe une séparation stricte entre la sphère
réelle (consommation, investissement, emploi, production), et la
sphère monétaire (les agrégats monétaires). Le
fonctionnement distinct de la sphère monétaire et de la
sphère réelle fait perdre tout intérêt à une
politique voulant jouer sur la masse monétaire pour favoriser la
production et l'emploi. La seule conséquence constatée serait une
augmentation générale des prix. La politique monétaire est
donc incapable d'influencer l'activité économique (Diatkine,
1995).
I.1.2 l'approche intégrationniste de
Keynes
Keynes étudie les grandeurs globales (consommation,
investissement, revenu, épargne). Pour Keynes, ces variables sont
reliées entre elles. L'approche keynésienne est
macroéconomique. Keynes est persuadé que la monnaie est active.
Selon Keynes, la monnaie répond aux besoins de l'économie
réelle.
Dans la théorie générale, Keynes
considère l'offre de monnaie comme étant entièrement sous
le contrôle de l'autorité monétaire. Keynes montre que
l'offre de monnaie est vue comme répondant aux demandes de prêt
bancaire par les investisseurs et qu'un pas est fait pour rendre l'offre de
monnaie endogène (Boismenu, 1987).
La théorie de Keynes distingue trois motifs de demande
de la monnaie. Premièrement, Keynes, parle du motif de transaction qui
n'est rien d'autre que le besoin de la monnaie pour la réalisation
courante des échanges personnels et professionnels. Ce qui implique une
distinction entre le motif revenu (ménage) et motif entreprise (firme).
Deuxièmement, Keynes émet sa théorie par le motif de
précaution. Par conséquent, il exprime ses idées en
montrant
le désir de sécurité en ce qui concerne,
en argent, l'équivalent futur d'une certaine proportion de ses
ressources totales. En fin, Keynes parle du motif de spéculation,
c'est-à-dire le désir de profiter d'une connaissance meilleure
que celle du marché de ce que réserve l'avenir (Stoleru,
1970).
En ce qui concerne le motif de transaction et de
précaution, Keynes montre que la demande de monnaie notée L1
dépend du revenu Y. Soit la forme L1= uY avec u?0. Ensuite, Keynes
explique que la demande de monnaie pour motif de spéculation L2
dépend principalement de la relation entre le taux
d'intérêt courant et l'état de la prévision. Soit la
forme ci-après L2= vi+L0 avec u?0 qui se justifie par deux raisons :
- Plus le taux d'intérêt est faible, moins on a
intérêt à placer d'argent
- Plus le taux d'intérêt augmente, plus on a
intérêt à placer d'argent, ce qui incite l'opérateur
économique à détenir son épargne sous forme
d'encaisse monétaire plutôt que de prendre le risque croissant
d'essuyer des moins-values sur les obligations.
|