INTRODUCTION
L'origine des crises économiques a toujours posé
à la théorie économique un véritable défi.
Dans les années 1960, la théorie de Keynes produisit des
résultats de la récession. Cependant, les années 1970 ont
vu apparaitre la stagflation c'est-à-dire la situation où
l'économie souffre simultanément d'une croissance
économique faible ou nulle et d'une forte inflation c'est-à-dire
une croissance rapide des prix. L'incapacité de la théorie de
Keynes a permis à la politique monétaire d'être un
principal pilier sur les objectifs de la politique économique ;
longtemps demeurée au second plan en raison des idées
Keynésiennes, qui lui ont donné un simple rôle de
complément de la politique budgétaire.
La politique monétaire recouvre l'ensemble
d'instruments mis en oeuvre par les autorités monétaires pour
atteindre les objectifs intermédiaires qui déterminent, à
leur tour, les objectifs finaux. En effet, la politique monétaire n'agit
pas directement sur l'activité économique. Elle se fixe des
objectifs intermédiaires sur lesquelles ses instruments agissent
directement et qui, à leur tour, influencent le comportement des agents.
Ces objectifs intermédiaires, permettent d'aboutir aux objectifs finaux
entre autres la croissance économique, le plein emploi, la
stabilité des prix et l'équilibre extérieur (Combes,
2003).
Le choix des objectifs intermédiaires de la politique
monétaire fait l'objet d'une controverse entre monétaristes et
keynésiens. Le keynésianisme préconise la maîtrise
des taux d'intérêt comme meilleur indicateur et conseille une
politique discrétionnaire suivant la situation économique
c'est-à-dire une politique active qui réagit sur
l'équilibre en fonction des informations qui arrivent. Les
monétaristes préconisent le contrôle de la masse
monétaire considérée comme liée à la
conjoncture et plaident pour une politique automatique des normes axées
sur une croissance monétaire stable (Cabannes, 1994).
Toutefois, les débats entre les classiques et les
keynésiens donnent un bref aperçu sur la nature de la monnaie et
expliquent par quels mécanismes la politique monétaire pourrait
agir sur la sphère réelle.
Pour la théorie classique, la monnaie est neutre.
L'offre de monnaie n'affecte que les variables nominales (prix exprimé
en terme monétaire) et pas les variables réelles (quantité
et prix relatifs). Si cette vision classique parait plausible pour
l'étude des phénomènes de long terme, elle ne permet pas
en revanche de comprendre le problème de court terme, notamment les
fluctuations économiques de court terme, dans lesquels les variations
d'offre de monnaie
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peuvent influencer tout au moins temporairement les variables
réelles de l'économie (production, le chômage).
Ainsi, reposant sur une dichotomie entre la sphère
réelle et la sphère monétaire, le modèle classique
ne permet pas d'expliquer les fluctuations de l'activité à court
terme alors que celles-ci participent à l'explication des mouvements de
long terme.
L'évolution de la vitesse de circulation de la monnaie
fournit de précieuses indications aussi bien conjoncturelles que
structurelles (Le Merrer, 2009). La maitrise de la politique conjoncturelle
parait importante en ce sens, elle permet de mesurer des actions à court
terme alors que la politique structurelle permet de mesurer des actions
à long terme. Lorsque une politique conjoncturelle se prolonge, par
exemple la stabilité de la masse monétaire, elle devient
structurelle dans le long terme en modifiant durablement le comportement des
agents. Le volume de monnaie en circulation pourrait donc être
considéré comme responsable de surchauffe en économie ; ce
qui suppose une compréhension des mécanismes par lesquels la
politique monétaire affecte l'économie.
L'évolution de la monnaie a connu plusieurs
perturbations qui ont marqué l'économie de la RD Congo. En effet,
la RD Congo a connu de taux de croissance du P11B faible entre 1981 et 1989
situés entre 2,2% et 0,5% alors que le taux de la croissance de la masse
monétaire se situait entre 52% et 67%. Après cette
période, le pays a enregistré des taux de croissance du P11B
négatif entre 1990 et 2001, alors que le taux de croissance de la masse
monétaire se situait entre 195,4% et 199,4%. Entre 2002 et 2010, on a
observé un taux de croissance de P11B positif pendant que le taux de la
croissance de la masse monétaire se situait entre 38,4% à 34,8%
(CD-Rom Banque Mondiale, 2013).
Depuis la fin de l'année 2002, les conditions
économiques se sont améliorées. Il s'est observé
une maitrise de la stabilité des prix, qui est l'objectif final de la
politique monétaire de la Banque Centrale du Congo (DSCRP, 2006).
Malgré cette stabilité des prix, la question sur le
contrôle de la masse monétaire reste encore un problème au
niveau de la Banque Centrale. En effet, au cours de la fin de l'année
2002, il s'est observé plusieurs défis sur le fonctionnement de
la politique monétaire entre autres :
? La politique monétaire finance le déficit
budgétaire (DSCRP, 2006)
? L'inefficacité de la politique monétaire due
aux problèmes financiers et structurels (Manegabe, 2006)
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Le présent travail se fixe l'objectif
général d'évaluer l'impact sur la croissance
économique de la politique monétaire axée sur les
agrégats de monnaie et de crédit. Aux termes de la loi n°
005/2002 du 07 mai 2002 portant constitution, organisation et fonctionnement de
la Banque Centrale du Congo, la politique monétaire a pour objectif
principal d'assurer la stabilité du niveau général des
prix, donc assurer la stabilité interne et externe de la monnaie
nationale. L'inflation et la déflation constituent d'importants
phénomènes économiques qui ont une incidence
négative sur l'économie. L'inflation se caractérise
essentiellement par une hausse généralisée des prix des
biens et services sur une période prolongée, qui conduit à
une baisse de la valeur de la monnaie et, par conséquent, du pouvoir
d'achat. La déflation caractérise la baisse des prix sur une
période prolongée. L'absence de l'inflation et de
déflation, conduit de parler de la stabilité des prix.
La constitution de la RD Congo de février 2006,
à son article 176, confère à la Banque Centrale du Congo
les missions suivantes :
- La garde des fonds publics,
- La sauvegarde et la stabilité monétaire,
- La définition et la mise en oeuvre de la politique
monétaire,
- Le contrôle de l'ensemble de l'activité bancaire
et de conseil économique et financier
du gouvernement.
Dans la réalisation de ses missions et attributions, la
Banque Centrale du Congo est indépendante et jouit de l'autonomie de
gestion (Constitution RDC, 2006).
Un certain nombre d'instruments sont à sa disposition
pour mener à bien sa politique monétaire et ainsi atteindre son
objectif chiffré de stabilité des prix.
On pourrait citer :
- La possibilité d'imposer la constitution des
réserves obligatoires des banques commerciales,
- Le fait de prêter ou recevoir à
discrétion des fonds dans le cadre d'opérations de
facilité permanentes et facilité de découvert en taux
directeur,
- Effectuer des opérations d'open market aux conditions
de marché « acheter et vendre, mettre en pension des
créances et titres négociables en intervenant sur le
marché de capitaux » (Banque Centrale du Congo, 2013).
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La politique monétaire étant l'un des principaux
piliers de la politique économique, elle contribue à atteindre
les objectifs de cette dernière. Si une certaine efficacité lui
est reconnue ces derniers temps en ce qui concerne la maîtrise de
l'inflation en RD Congo, son impact sur l'activité économique
reste l'objet d'un vif débat entre économistes. Ainsi, il y a
lieu de se demander dans quelle mesure la politique monétaire influence
la croissance économique en RDC.
La politique monétaire ayant l'attribution de
répondre aux objectifs finaux de la politique économique, elle
aurait utilisé ses instruments (encadrement de crédit,
réserves obligatoires et l'intervention sur le marché
monétaire) de façon adéquate, tout en stimulant les
objectifs intermédiaires (objectifs quantitatifs, de taux
d'intérêt, de taux de change), qui servent de canal de
transmission à partir duquel la politique monétaire agit sur la
croissance économique (Combes, 2000). Eu égard à ce qui
précède, il s'observerait que la politique monétaire
influencerait la croissance économique en RDC, dans la mesure où
les agrégats de monnaie et de crédit ont un impact positif sur
l'activité économique.
Ce travail présente un intérêt
avéré visant à traiter de la problématique de
l'étude et du contexte de la politique monétaire en RD Congo. Il
met l'accent sur les fondements théoriques de la politique
monétaire, fait un aperçu de la revue de la littérature
sur le plan international de même que dans le cas spécifique de la
RD Congo. Au niveau macroéconomique, ce travail apporte des critiques,
des suggestions qui pourront permettre aux autorités monétaires
d'utiliser les objectifs intermédiaires de façon convenable pour
l'atteinte des objectifs finaux.
Outre l'introduction et la conclusion, ce travail est
articulé en trois chapitres. La revue de la littérature comme
premier chapitre, présente deux sections : une première,
consistant à ressortir les controverses sur la nature de la monnaie
entre les keynésiens et les classiques, les monétaristes, les
postkeynésiens et la nouvelle école classique et une seconde
visant la rédaction d'une revue empirique. Ensuite, le second chapitre
porte sur la méthodologie de travail, présente la
spécification du modèle, la description des variables. Enfin, le
dernier chapitre fait la présentation et l'interprétation des
résultats.
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