B - DELIMITATION DE L'ETUDE
Il est question ici de faire le périmètre du
sujet, de définir ses contours. Plus précisément, il
s'agit d'inscrire le sujet dans son triangle spatio-temporel et
matériel. La présente étude obéissant à
cette exigence, se déclinera donc en une délimitation
matérielle (1), temporelle (2) et géographique (3)
1 - DELIMITATION MATERIELLE
Elle consiste à définir le champ scientifique
dans lequel se déploie le sujet. C'est l'opération qui permet de
cerner le champ matériel d'investigation et qui peut s'entendre comme
« l'espace conceptuel et notionnel du sujet »9.
C'est l'ensemble des matières qui intéressent ou couvrent le
sujet. À cet effet, il y a lieu de dire que la présente
étude sur l'insurrection en Droit international au regard des cas libyen
et syrien porte en toute logique sur le Droit international public de
manière générale. L'étude de l'insurrection en
droit international, revêt une certaine transversalité. Ceci en ce
qu'elle se situe au confluent du droit interne et du droit international ce qui
commande la mobilisation du droit des conflits armés, du droit
constitutionnel, du droit pénal international, et du droit
pénal
Pour ce qui est du droit des conflits armés, il
s'entend comme l'ensemble des diverses règles qui «
régissent l'ouverture d'hostilités armées entre les
Etats ainsi que celles qui s'appliquent pendant la conduite des
opérations par les parties au conflit »10.Cette
définition fait ressortir deux points majeurs à savoir : les
règles sur le recours à la force armée, couplées
à celles sur la conduite des hostilités, et enfin les parties
prenant part au conflit. Il faut dire ici que le droit des conflits
armés ne s'applique pas uniquement dans les conflits entre Etats bien
que ceux-ci en soient les premiers intéressés. Ce droit couvre
également un domaine certes
8 BOUSTANY (K) « la qualification des
conflits en Droit international public et le maintien de la paix »,
R.Q.D.I, vol Québec, no 1, (1989-90), p.44.
9 ONDOA (M), cours de méthodologie de la
recherche, DEA de Droit Public Fondamental, 2009-2010
10 Lieutenant Colonel CARIO (J), le droit des
conflits armés, Panazol, Lavauzelle, 2002, p.31.
Mémoire présenté et soutenu par MBAHEA
JOSEPH MARCEL II Page 6
Le régime juridique de l'insurrection: une
étude à partir des cas libyen et syrien
limité des conflits se déroulant à
l'intérieur des frontières des Etats. Le droit des conflits
armés ou droit international humanitaire est constitué de deux
grands ensembles : le droit de Genève ou droit international humanitaire
proprement dit et le droit de la Haye ou droit de la guerre. Le droit de
Genève désigne les principes et les règles relatives
à la conduite des hostilités et à la protection des
personnes qui ne participent pas ou plus aux hostilités. Il s'occupe de
la gestion, des conséquences humanitaires des hostilités et de la
protection des personnes dans le besoin. Le droit de la Haye quant à
lui, se consacre à la réglementation des moyens et
méthodes de combat. Le droit des conflits armés est guidé
par deux principes à savoir : le principe de discrimination et le
principe de proportionnalité. Le premier vise à distinguer dans
les hostilités, les combattants et de la population civile, les
objectifs militaires des biens civils. Le second vise à «
trouver un équilibre entre des intérêts militaires et
humanitaires contradictoires, c'est-à-dire entre la
nécessité militaire et l'humanité »11.
Le droit des conflits armés est ainsi mobilisé dans cette
étude, pour comprendre les mécanismes de recours à la
force dans un conflit de type insurrectionnel, les moyens et méthodes
à mettre en oeuvre, et enfin le sort réservé à ceux
qui subissent les affres du conflit.
Le droit constitutionnel est également utile pour cette
recherche. Il peut se définir comme l'ensemble des règles
juridiques relatives aux institutions par lesquelles, l'autorité
s'établit se transmet ou s'exerce dans l'Etat. La convocation de cette
discipline est importante parce qu'en tant que loi fondamentale dans un Etat,
la constitution définit le régime politique, la forme de l'Etat,
et autres aménagements institutionnels.
Quant au droit pénal international, il désigne
« l'ensemble des règles gouvernant l'incrimination et la
répression des infractions qui soit présentent un
élément d'extranéité soit sont d'origine
internationale »12. C'est l'ensemble des normes
internationales qui définissent ou organisent la poursuite des
infractions les plus graves touchant la communauté internationale dans
son ensemble. Il interviendra dans ces travaux pour connaitre le traitement des
infractions pénales internationales, notamment les crimes de guerre,
crimes contre l'humanité, commis soit par les insurgés, soit par
les forces gouvernementales
Enfin, le droit pénal, en tant qu'« ensemble
des règles de droit ayant pour but la sanction des infractions
»13 est sollicité ici, pour connaitre la
réponse pénale en interne que chaque Etat réserve à
ceux qui ont pris les armes pour contester ou défier son
autorité. Cette
11 Lieutenant Colonel CARIO (J),
le droit des conflits armés, Panazol, Lavauzelle, 2002,
op.cit., p.78.
12 SALMON (J) dictionnaire de droit international
public, Bruxelles, Bruyant, 2001, p.391.
13 GUILLIEN(R) et VINCENT(J) et
autres, Lexique des termes juridiques, 13ème
éd, Paris, Dalloz, 2001, p.220.
Mémoire présenté et soutenu par MBAHEA
JOSEPH MARCEL II Page 7
Le régime juridique de l'insurrection: une
étude à partir des cas libyen et syrien
discipline permettra de savoir ce que les lois pénales
syrienne et libyenne prévoient contre les insurgés.
La délimitation du champ matériel de
l'étude faite, il convient à présent de se pencher sur le
cadre temporel de son déploiement.
|