ABSTRACT
"Organization's Members shall refrain in their international
relations from resorting to the threat or use of force against the territorial
integrity or political independence of any State, or in any other manner
inconsistent with the United Nations ". Through this provision of the United
Nations Charter, states gathered around the UN created in 1945 on the ashes of
the League, were planning to establish for the future a world stripped of
violence, and peace-loving. This after the atrocities experienced during the
two deadliest world conflicts. The objective here was to outlaw the use of
force in relations between states, to maintain a climate of peace and security
in the international society. But seventy years later, and despite all these
precautions, the world is not safer. On the contrary, the threat remains, but
it has rather changed its face. The threat to him today is less that of
international armed conflict, but rather that of non-international armed
conflicts. Insurrections fit into this perspective and have experienced in
recent years an explosive growth. They briefly refer to the armed uprising of a
people against the ruling authorities. One can mention as an illustration, the
insurrections of 2011 in Libya and Syria. These pose serious difficulties which
are all the more elevated because insurgencies differ from one another. In
addition, armed groups in general and in particular insurgents are in principle
excluded from the sphere of international law. But given the risk they pose to
international peace and security, and humanitarian disaster resulting very
often insurgencies like those in Libya and Syria can not remain anonymous. This
despite a little context is favorable, and a vague legal framework. Indeed, the
response of the right to insurrection in Libya differs in several respects from
the one currently given to the Syrian case. However, the rule of law claims to
general and impersonal application. Thus, the central question that logically
emerges from this theme is to know what the legal regime applicable to the
insurgency is. On analysis, it has hybrid legal system shared supervision by
the domestic law on one hand and supervision by international law on the
other.
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Le régime juridique de l'insurrection: une
étude à partir des cas libyen et syrien
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS
A.F.D.I. : Annuaire Français de Droit International
AG : Assemblée Générale A.S.L :
Armée Syrienne Libre
CANI : Conflit armé de caractère non
international
CERI : Centre d'Etudes et de Recherches Internationales
C.I.C.R : Comité International de la Croix-Rouge
C.I.J : Cour internationale de Justice
CIRET-AVT : Centre international de Recherches et d'Etudes sur le
Terrorisme & l'Aide aux
Victimes du Terrorisme
C.M.S : Conseil Militaire Syrien
C.N.T : Conseil National de Transition
C.P.I : Cour pénale internationale
CS : Conseil de Sécurité
D.I.H : Droit International humanitaire E.I.I.L : Etat Islamique
en Irak et au Levant
F.I.T : Front islamique syrien
HCR : Haut-commissariat des Nations Unies pour les
réfugiés
L.G.D.J : Librairie Générale de Droit et de
Jurisprudence
M.S.F : Médecins Sans frontières
O.I.T : Organisation Internationale du Travail
ONU : Organisation des Nations Unies
OTAN : Organisation du Traité de l'Atlantique Nord
PAM : Programme Alimentaire Mondial
P.U.F : Presses Universitaires de France
R.B.D.I : Revue Belge de Droit International
R.C.A : République Centrafricaine
Res : Résolution
R.Q.D.I : Revue Québécoise de Droit
International
SDN : Société des Nations
T.P.I.Y : Tribunal pénal international pour
l'ex-Yougoslavie
U.A : Union africaine
Vol : Volume
INTRODUCTION GENERALE
Le régime juridique de l'insurrection: une
étude à partir des cas libyen et syrien
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Le régime juridique de l'insurrection: une
étude à partir des cas libyen et syrien
Un monde de paix, un monde où tous les peuples vivent
en bonne intelligence. Un monde débarrassé de violences. Tels
sont les voeux que formulèrent les Etats, au lendemain du conflit
armé le plus sanglant de toute l'histoire de l'humanité. Pour
faire migrer ces valeurs du monde de l'idéel pour le réel, le
concert des nations s'est aménagé un cadre juridique propice
à l'implémentation des promesses de paix de l'après 1945.
Résolument engagés sur les sentiers de la paix et de la
sécurité, décidés de jeter aux poubelles de
l'histoire les atrocités de la seconde guerre mondiale, les Etats ont
convenu de mettre hors la loi le recours à la force dans les relations
internationales.
Quelques décennies plus tard et en dépit de
toutes ces précautions, la menace sur la paix et la
sécurité dans le monde demeure. Elle a plutôt changé
de visage. La menace n'est plus principalement celle qui résulterait
d'un affrontement armé entre Etats. Elle est aujourd'hui est celle des
insurrections « printemps arabes », des soulèvements
populaires, celle des conflits armés intra étatiques,
animés par des groupes armés dont le foisonnement et le mode
opératoire justifient toutes les inquiétudes. Ces conflits
armés d'origine intra étatique sont numériquement les plus
importants aujourd'hui. Ils transcendent très souvent les
frontières des Etats. Ils ont tendance à s'internationaliser avec
pour corollaire, la criminalité transfrontalière, le commerce et
la circulation illégale d'armes, les vagues de réfugiés,
et bien d'autres fléaux. Les évènements de 2011 en Libye
et en Syrie, s'inscrivent dans cette dynamique. Face à la
diversité et la multiplicité de ces nouveaux types de conflits
armés, des problématiques qu'ils soulèvent, et des
réponses à géométrie variable qui leur sont
données, c'est de bonne guerre qu'un thème sur le régime
juridique de l'insurrection étudié à partir des cas libyen
et syrien intervient.
Pour mener à bien cette étude, un bon cadrage de
ce thème s'impose et commande que soit préalablement mis en
lumière, son cadre théorique (I) et son cadre opérationnel
(II).
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Le régime juridique de l'insurrection: une
étude à partir des cas libyen et syrien
I - CADRE THEORIQUE DE L'ETUDE
A - CONTEXTE
À la sortie de la seconde guerre mondiale, le concert
des nations s'est engagé à «préserver les
générations futures du fléau de la guerre
»1.Cette ambition de pacification de la
société internationale s'est concrétisée avec
l'adoption en 1945 de la Charte des Nations Unies. Cet instrument juridique
à vocation universelle, vise à instaurer un climat de paix dans
les rapports entre Etats en interdisant le recours à la force afin de
protéger la vie humaine. En dépit de toutes ces mesures, la paix
et la sécurité internationale ne sont pas pour autant garanties.
Les conflits mettant en péril cet idéal de paix et de
sécurité n'ont pas disparu. Ceux-ci ont connu de profondes
mutations. Le droit international norme arrimée aux variations du monde
et destinée à la régulation de la vie sociale à
l'échelle planétaire, a mis du temps avant de s'intéresser
aux conflits armés non internationaux. Car « Toute lutte
armée ne pouvait concerner que deux entités souveraines
»2
L'évolution et le développement du droit
international ont occasionné une application de plus en plus large de ce
droit, à des domaines considérés comme internes aux
États. Ceci en dépit du fait qu'il est censé
régenter les affaires extérieures des États entre eux.
L'on assiste à une montée des conflits non internationaux et une
décroissance des conflits armés internationaux. C'est d'ailleurs
ce que faisait remarquer SYLVIE-STOYANKA JUNOD en soulevant que, «
depuis la fin de la seconde guerre mondiale la majorité des conflits
armés il faut malheureusement en déplorer un grand nombre sont de
caractère non international »3 .Ces conflits armés se
sont diversifiés au cours des dernières décennies et
« ont engendré de grandes souffrances et causé de
nombreuses victimes »4.Ceci au point où, l'
idéal de paix de stabilité et de sécurité
internationale prêché et recherché par le concert des
nations, n'est plus menacé du seul fait des conflits qui adviennent ou
adviendraient entre Etats. C'est dans cet ordre d'idées qu'il convient
de situer l'insurrection, qui s'inscrit dans le registre des conflits
armés non internationaux. L'insurrection met généralement
aux prises les forces armées gouvernementales d'un Etat, contre un ou
plusieurs groupes armés ceci à l'intérieur des
frontières dudit Etat. Il s'agit d'une situation dans laquelle une
faction ou la totalité de la
1 Préambule, charte des Nations
Unies1945
2 ACTHE BESSOU (R), les conflits internes en
Afrique et le droit international, Thèse de Doctorat en droit,
Université de Cergy-Pontoise, 2008, p.16.
3 STOYANKA (J.S) commentaire du protocole
additionnel aux conventions de Genève du 12 aout 1949 relatif à
la protection des victimes des conflits armés non internationaux
(protocole II), Genève, Martinus Nijhoff Publisher, 1986, p.1349
4 Préambule, charte des Nations Unies
1945, op.cit.
Mémoire présenté et soutenu par MBAHEA
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Le régime juridique de l'insurrection: une
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population d'Etat, s'insurge avec une certaine ampleur contre
le pouvoir établi en prenant les armes. Ces groupes armés sont
« sont constitués d'individus sur lesquels l'État
où ils se trouvent souhaite garder un contrôle particulier
grâce à son droit interne »5. À titre
illustratif, l'on peut évoquer ici les cas d'insurrections en Libye, et
en Syrie.
En effet, la dynamique révolutionnaire qui a
soufflé sur le monde arabe en 2011 et ayant entrainé la chute des
régimes tunisien et égyptien, le changement de président
au Yémen, n'a pas épargné la Libye. Le 17 Février
2011, une insurrection éclate à Benghazi ville située au
nord-est du pays. De nombreux manifestants se sont rassemblés et dans
les jours qui ont suivi, plusieurs incidents de ce type se sont produits dans
diverses villes de la Libye. Très vite la situation s'enflamme. D'une
simple révolte populaire à visée sociale, la crise va
muter en un conflit armé. L'usage de la force contre les civils en Libye
ne s'est pas fait sans réactions de la société
internationale. De nombreux Etats et Organisations internationales ont
condamné avec énergie les violations graves et massives des
Droits de l'Homme et du droit international humanitaire et exiger « un
cessez-le-feu immédiat et la cessation totale des violences et de toutes
les attaques et exactions contre la population civile
»6.Toute chose qui a conduit le Conseil de
sécurité à adopté deux résolutions
importantes. Le 26 Février la résolution 1970 (2011), et le 17
mars la résolution 1973 (2011). Cette dernière plaide pour une
intervention militaire, et «d'interdire tous vols dans l'espace
aérien de la Jamahiriya arabe libyenne afin d'aider à
protéger les civils »7. A la suite de cette
résolution, et du sommet de Paris tenu le 19 mars, une coalition
internationale pilotée par l'OTAN dans le cadre de l'opération
« Unified protector » a entrepris des frappes
aériennes contre la Libye. Appuyés par les frappes de l'OTAN, les
insurgés libyens parviennent à renverser et à tuer le
colonel Kadhafi le 27 Octobre 2011.
Victime du même « printemps arabe »
de 2011 et de sa cohorte de contestations tel que vécu en Libye, le
pouvoir de Damas a également entrepris une vive répression de
l'insurrection. Mais contrairement à la Libye du colonel Kadhafi, la
Syrie de Bashar El-assad n'a jusqu'à ce jour connu aucune intervention
militaire, quatre ans après le début de l'insurrection. Tout ceci
en dépit, du nombre exponentiel de morts, de l'usage abusif de la force
contre des civils, et du désastre humanitaire. Devant une réponse
différentielle du droit international face à deux situations
similaires, il apparait opportun de faire la lumière sur le
régime juridique de l'insurrection en droit international
5 ZAKARIA (D) « les groupés dans un
système de droit international centré sur l'Etat »,
RICR, vol93, Genève, No 882, juin 2011, p 87.
6 CS/RES/1973 (2011) du 17 mars 2011,
para.1
7 Ibid. para.6
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Le régime juridique de l'insurrection: une
étude à partir des cas libyen et syrien
L'insurrection apparait donc comme un conflit armé non
international, qui rompt l'ordre ou l'intégrité territoriale d'un
Etat. Ces ramifications peuvent conduire à une internationalisation
dudit conflit mettant ainsi à mal la paix et la sécurité
internationale. Car « toute intervention exterieure introduit
necessairement un facteur international dans un conflit interne
»8.
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