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Le régime juridique de l'insurrection. Une étude à  partir des cas libyen et syrien.

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par Joseph Marcel II MBAHEA
Université de Yaoundé II - Master II  2013
  

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PARAGRAPHE II : LA PROBLEMATIQUE DU STATUT JURIDIQUE DES INSURGES LIBYENS ET SYRIENS : COMBATTANTS OU SIMPLES HORS LA LOI

Le régime juridique applicable aux insurgés syriens et libyens est tributaire d'une qualification bien précise. Le droit interne considère ces insurgés comme des troubles fait. Seulement, l'appréciation de leur statut n'est guidée par aucune contrainte en droit international. Leurs Etats respectifs et les Etats tiers restent libres de les reconnaitre ou pas.

149 Art 1er para2, Convention de l'Organisation des Etats africains sur les refugiés, 10 Septembre 1969.

Mémoire présenté et soutenu par MBAHEA JOSEPH MARCEL II Page 78

Le régime juridique de l'insurrection: une étude à partir des cas libyen et syrien

Ainsi, l'on peut dire que le statut juridique des insurgés dépend d'une appréciation discrétionnaire (A), laquelle appréciation produit des effets juridiques (B)

A - L'APPRECIATION DISCRETIONNAIRE DU STATUT JURIDIQUE DES INSURGES : LA RECONNAISSANCE

« L'insurrection interne, parce qu'elle remet en cause l'unité nationale et l'effectivité gouvernementale (...) oblige fréquemment les Etats tiers à prendre position en vue de protéger leurs intérêts »150. D'où la notion de reconnaissance. On entend par reconnaissance, « le procédé par le lequel un sujet du droit international, en particulier un Etat qui n'a pas participé à la naissance d'une situation ou à l'édiction d'un acte, accepte que cette situation ou cet acte lui soit opposable (...) »151 . L'exercice de cette compétence n'est assujetti à aucune contrainte, mais laissé à l'entière liberté des Etats sous réserve bien évidemment du respect dû aux normes impératives. Cette reconnaissance dans le cadre d'une insurrection peut donner lieu à une reconnaissance d'insurgés ou à une reconnaissance de belligérance.

Les insurrections en Libye et en Syrie n'ont donné lieu à aucune reconnaissance de belligérance aux insurgés de la part de leurs gouvernements respectifs (1) contrairement aux Etats tiers qui l'ont fait (2)

1 - La non reconnaissance du statut juridique de belligérants aux insurgés par les gouvernements légaux de Libye et de Syrie

La reconnaissance de belligérance est « l'acte par lequel le Gouvernement légal d'un Etat constate l'existence sur son territoire d'une situation de conflit interne et déclare en conséquence que les règles de la guerre sont applicables à ce conflit »152. Que l'on soit en Syrie ou en Libye, les Gouvernements légaux ont été intransigeants avec les insurgés. Ils leur ont refusé ce statut de belligérants qui confèrerait à leurs actions, une certaine légitimité.

Le Président Bashar El assad de Syrie mène une répression contre les insurgés. Il matte dans le sang ce soulèvement avec une surenchère de violences et d'atrocité. Les querelles, divisions et dissensions au de l'opposition syrienne, fragilisent considérablement l'organisation et la conduite de leur riposte. Ainsi se sont créés, l'Armée Syrienne Libre

150 DAILLER (P.), FORTEAU (M) et PELLET (A.), Droit international public, op.cit., p. 632.

151 Ibid.

152 SALMON (J), dictionnaire de droit international public, op.cit., p. 942.

Mémoire présenté et soutenu par MBAHEA JOSEPH MARCEL II Page 79

Le régime juridique de l'insurrection: une étude à partir des cas libyen et syrien

(ASL), le Conseil National Syrien (CNS), et d'autres groupes armés. La règle est claire « on ne pactise pas avec la rébellion, on l'écrase »153

Souscrivant pleinement à cette logique, le Colonel Kadhafi avait également entrepris une vaste campagne de répression contre les insurgés du fait de s'être soulevé contre le pouvoir établi. Le CNT a reçu à plusieurs reprises et compris le témoignage du sort que réservait le Colonel Kadhafi aux insurgés. Il fut stoppé dans sa lancée aux portes de Benghazi par les frappes des rafales, les avions de chasse français. Ce qui marque d'une certaine manière la reconnaissance des Etats tiers.

2 - la reconnaissance d'insurgés et de Gouvernement aux insurgés par les Etats tiers

La reconnaissance d'insurgés est l'acte par lequel un Etat, constate l'existence dans un autre Etat d'un conflit interne et accorde en conséquence aux insurgés une certaine protection humaine et donc il détermine de façon libre le contenu. Elle ne semble pas être sanctionnée par une règle de droit international général. La reconnaissance de Gouvernement quant à elle est l'acte par lequel un ou plusieurs Etats constate (ent) qu'une ou plusieurs personnes sont capables d'engager l'Etat qu'ils disent représenter, et traduisent leur désir d'entretenir avec qu'elle(es) des relations.

L'insurrection en Libye a vu la reconnaissance du CNT comme nouveau Gouvernement. Le discours officiel plaidait pour une intervention en faveur des victimes civiles dans les faits, l'on note un soutien apporté aux insurgés. En effet, dès le 10 Mars 2011, la France reconnait le Conseil de transition comme seul « représentant légitime du peuple libyen ». Suivie dans cette voie par le Qatar le 28 Mars, l'Italie le 04 Avril et sera d'ailleurs le premier pays à recevoir officiellement le Président du CNT MOUSTAPHA ABDEL JALIL. Ensuite la Gambie le 27 Avril, le Sénégal le 19 Mai, et enfin la Grande Bretagne le 17 Juillet. L'Union africaine a dans un premier temps, refusé de reconnaitre le CNT avant de finalement le faire le 20 Septembre, soit le même jour que l'Assemblée Générale de l'ONU.

La situation en Syrie est un peu différente. Juste quelques pays expriment implicitement leur soutien aux insurgés.

L'attribution et/ou la reconnaissance d'un statut juridique ne vont pas sans effets.

153 MEYROWITZ (H), le principe de l'égalité des belligérants devant le droit de la guerre, Paris, A. Pedone, 1970, p. 129.

Mémoire présenté et soutenu par MBAHEA JOSEPH MARCEL II Page 80

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