1. Compétences politiques : ressources de
l'individu
1.1 Cadre théorique : la théorie de
conservation des ressources
La théorie de la conservation des ressources («
Conservation of Resources ») élaborée par Hobfoll (1989)
fournit un cadre théorique particulièrement adapté
à cette recherche, qui vise à étudier l'usage des
compétences politiques en tant que ressources individuelles ayant un
effet positif sur la performance et sur le niveau d'accomplissement personnel.
Selon cette théorie, la capacité des sujets à gérer
le stress auquel ils peuvent être confrontés dans leur
environnement est fonction des ressources de coping qu'ils ont à leur
disposition (Hobfoll, 1989, 2001, 2002). Hobfoll (2002) suggère en effet
que des caractéristiques personnelles du sujet peuvent constituer des
ressources ou « tampons » pour lui permettre de mieux gérer le
stress induit par des contraintes externes. Ces ressources peuvent être
de différentes natures (estime de soi, sentiment de réalisation,
temps, argent, objets, propriétés, statut sociétal ou
organisationnel...).
La théorie de conservation des ressources
conçoit le stress comme résultant non seulement de demandes
extérieures mais également de l'incapacité pour le sujet
d'agir pour limiter l'impact de ces demandes. L'épuisement professionnel
proviendrait ainsi selon cette théorie d'une exposition prolongée
de l'individu à une situation qui représente une menace pour ses
ressources d'action. Ainsi, selon la théorie de conservation des
ressources, l'épuisement professionnel peut être
interprété comme « l'état d'un individu qui ne peut
ni conserver, ni développer, ses ressources internes » (Doane,
Schumm et Hobfoll, 2012).
Plusieurs auteurs ont déjà abordé les
compétences politiques dans ce cadre théorique. Ils
conçoivent ainsi les compétences politiques comme un capital
social grâce auquel l'individu peut mieux faire face aux menaces
potentielles de son environnement, ce socle de compétences permettant de
développer un large réseau de connections et d'alliances. Ainsi
Ferris et al. avancent que « les personnes ayant un haut niveau de
compétences politiques sont tout à fait conscientes des
investissements personnels que représentent les connexions sociales
qu'ils créent, ce qui leur permet de démultiplier leur capital
social et leur réputation, et optimise de fait leurs chances de
réussite professionnelle. »
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On sait par ailleurs que les relations interpersonnelles, et
à fortiori le soutien social, sont une ressource à part
entière dans la mesure où elles limitent la perte de ressources
ou permettent d'en gagner de nouvelles (Hobfoll, 2002). Si les
compétences politiques permettent l'accès au soutien social,
alors il fait sens de les considérer comme une ressource pour le sujet
face aux menaces de son environnement. Dans ce sens, Jawahar et al. montrent
dans leur recherche que les compétences politiques et la perception de
support organisationnel limitent le risque d'occurrence d'un syndrome
d'épuisement professionnel.
Plusieurs auteurs ont travaillé autour du postulat que
les compétences politiques représentent un atout pour le sujet
face aux contraintes de son environnement dans le sens où elles lui
donnent une capacité d'action sur ce dernier. Le fait que les individus
ont la possibilité d'agir sur leur environnement en actionnant certains
leviers interpersonnels (comme les compétences politiques) de
façon à réduire leur stress ressenti est en effet
déjà bien établi (Harvey, Harris, Harris et Wheeler, 2007;
Hochwarter et al., 2009 ; Meurs, Gallagher et Perrewé, 2010).
L'étude des compétences politiques dans le cadre
de la théorie de conservation des ressources est par ailleurs
étayée par les nombreuses recherches qui les positionnent soit
comme une ressource propre lorsqu'elles étudient un processus
modérateur, soit comme un moyen d'accéder à de nouvelles
ressources en s'appuyant sur un réseau interpersonnel dans le cadre d'un
processus médiateur.
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