3. L'INFLUENCE DES DIFFICULTÉS SOCIALES SUR LES
PARIEURS
Si l'on jette un regard d'ensemble sur toutes les
sociétés humaines, l'on serait tenté de définir la
condition sociale comme étant l'ensemble des caractéristiques qui
régissent le rang social d'une personne. Dans une certaine mesure, elle
peut être assimilée à la place qu'occupe une personne dans
sa communauté et qui varie en fonction de son occupation, de son revenu,
de son niveau d'instruction ou encore des circonstances de sa naissance. De ce
fait, il serait bien de savoir si les difficultés qui émanent des
conditions sociales des parieurs peuvent influencer leur façon de jouer
au PMU.
Mais bien avant de parler de leur condition sociale, il
nous faut d'abord dire qui joue au PMU en Côte d'Ivoire. Selon une
remarque générale, le PMU en Côte d'Ivoire serait l'affaire
des personnes âgées. Ainsi, la présente étude ne
contredit pas cette remarque, car 79% des personnes que nous avons
interrogées ont un âge supérieur à 40 ans. Et elles
sont à 100% de sexe masculin. Pour Terminer cette identification, il est
impérieux d'ajouter que 66% d'entre eux vivent en couple.
Cette dernière caractéristique laisse
sous-entendre que de nombreux parieurs sont des chefs de ménage. La
responsabilité qui incombe à certains chefs de famille est
à la limite du supportable. En effet, en Côte-d'Ivoire, à
l'image des pays d'Afrique, la famille est très élargie. Selon
Adepoju (1994), elle comprend l'ensemble des personnes liées entre elles
par un lien de mariage, de filiation ou descendant de la même
lignée.
La prise en charge de cette cellule familiale, qui se
compose ainsi de plusieurs personnes, constitue un véritable
casse-tête pour leurs responsables. Ils ont la lourde charge d'assister,
moralement et économiquement, tous les membres de la famille. Ainsi, la
plupart des enquêtés ont des personnes à leur charge. 75%
d'entre eux ont au moins six personnes à leur charge. Face à une
telle pression psychologique, les lieux de paris deviennent des endroits de
repos où les échanges entre personnes ayant les mêmes
préoccupations sont un véritable soulagement. Le PMU se
présente quotidiennement comme un moyen qui les aiderait non seulement
à oublier leurs problèmes mais aussi à gagner de l'argent.
Ainsi les endroits réservés aux paris hippiques sont de
``véritables lieux de repos'', « car certains y trouvent une
raison d'être, un lieu où « vivre », une sorte de
famille d'accueil » (Achour, p. 341).
Ces chefs de famille fondent tout leur espoir dans le
jeu pour sortir des difficultés financières liées à
la gestion de la famille. Chaque pari est considéré comme le
miracle qui viendrait leur ouvrir les portes du bonheur.
La pression qu'engendre la charge familiale est donc
l'une des principales sources de motivation pour ces parieurs chefs de famille.
Elle les motive au point où même l'hostilité au jeu
manifestée par leurs proches (les membres de la famille et souvent de
certains amis) est vue comme un obstacle à la réalisation de leur
bonheur.
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