2. L'IMPACT DES DIFFICULTÉS FINANCIÈRES
SUR LA PRISE DE RISQUES CHEZ LES PARIEURS DU PMU.
Les jeux de hasard et d'argent, ou du moins ceux
reconnus par les autorités comme étant légaux, connaissent
une popularité considérable dans les moments de crise. C'est le
cas notamment du PMU en Côte d'Ivoire. Arrivé en pleine crise
socio économique, il est pratiqué par des personnes de toutes
les classes sociales, des plus riches aux plus défavorisées.
Néanmoins, il connait beaucoup plus de succès au sein des
populations qui ont des difficultés financières. Attirée
par l'appât du gain, cette tranche de la « population
relativement pauvre, souvent démunie et largement
délaissée par ailleurs » (Martignoni-Hutin, 1993),
nourrit l'idée de remporter un jour une des nombreuses cagnottes
proposées au PMU afin de se donner un statut social honorable.
Ainsi, les résultats issus de cette étude
ont montré que 65,5% des parieurs ont un revenu mensuel inférieur
ou égal à 60.000FCFA. Cette somme correspond justement
au nouveau Smig adopté le mercredi 20 novembre 2013. Cette
découverte statistique confirme la thèse selon laquelle le PMU
à Abidjan est plus populaire chez les personnes à faible revenu
économique.
Toutefois, le fait que des personnes à faible
revenu économique jouent au PMU n'est pas une déviance sociale.
C'est bien entendu la manière dont il pratique ce jeu, en termes
d'investissement financier, qui est préoccupant. Les statistiques
révèlent à cet effet que 62% des parieurs misent au
minimum 2000FCFA par jour ; et la moyenne majoritaire de mise
est de 90.000FCFA par mois. Ce qui représente un investissement colossal
dans le jeu pour cette catégorie de la population.
La particularité de ces statiques est qu'il
montre l'important investissement financier des parieurs dans le jeu. Le jeu
est en tout état de cause une priorité pour la plupart des
parieurs. Ils se sentent obligés d'avoir quotidiennement de l'argent
pour jouer. Parce qu'ils ne veulent pas laisser filer une chance de gagner.
Certains affirment qu' « un parieur doit se
débrouiller pour parier chaque jour, ...c'est le jour que tu n'as
rien (comme argent) que tu trouves les bons
numéros». Pour ne pas perdre une chance de gagner,
ils vont jusqu'à emprunter de l'argent, demander de l'aide à un
ami ou un parent pour placer des paris. Aussi les gains au jeu sont-ils
souvent réinvestis pour tenter de gagner plus.
Un amalgame se pose alors dans la compréhension
de leurs motivations. La recherche du plaisir de la satisfaction ludique se
confond de plus en plus avec la recherche de l'intérêt
économique. Les pertes sont alors négligées : «
Le plaisir du jeu est inséparable du risque de
perdre » (Caillois, 1958).
Le risque se précise. Certains joueurs engloutissent
une bonne partie, voire la totalité de leur revenu dans le PMU sans pour
autant avoir la certitude de gagner en retour. Tout simplement parce que le PMU
et plus généralement les jeux de hasard, ont cette
particularité d'être incertains quant au profit que l'on pourrait
se faire en les pratiquant.
Par ailleurs, il est important de noter qu'il est
difficile de trouver un montant référentiel de mise
au-delà duquel la pratique du PMU peut être
considérée comme étant excessive. Parce que cette somme
référentielle doit être calculée en fonction d'un
rapport de proportionnalité entre le revenu de chaque parieur et son
investissement en termes de mise sur une période donnée.
Pour clore cette partie consacrée à la situation
économique des parieurs, il faut noter que les pertes qui sont
indissociables à la pratique des jeux d'argent sont souvent à
l'origine de l'affaiblissement financier d'un certain nombre de parieurs et
précisément ceux qui n'arrivent pas à réguler leur
manière de jouer.
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