Conclusion partielle
L'État a créé la LONACI pour
organiser le secteur des jeux de hasard et d'argent. Elle a connu un certain
nombre de réformes. Dans sa configuration actuelle, elle est une
société mixte largement possédée par l'Etat. Son
chiffre d'affaire a connu une croissance rapide depuis l'arrivée de PMU.
Ce dernier est aujourd'hui la principale activité de jeu de hasard et
d'argent dans le pays. Il contribue à 80% des recettes
journalières de la LONACI.
Cependant, cette entrée fulgurante du PMU dans le
quotidien des ivoirien sa entrainé un certain nombre de personnes dans
d'une autre dimension sociale. A la recherche de leur pécule quotidien
en essayant de prédire l'ordre d'arrivée des chevaux sur des
courses hippiques organisées en France. Une incursion dans cet univers
qui s'est formé autour du PMU, a permis de recueillir des informations
sur les parieurs. Ces informations portent sur leur identité et leurs
conditions socio économiques. Les attentes d'une telle démarche
sont de rechercher à travers le reflet des parieurs les facteurs
à risque, ainsi que les conséquences d'une pratique excessive du
PMU.
TROISIÈME PARTIE
FACTEURS DE RISQUE
ET
CONSÉQUENCES
DE LA
PRATIQUE EXCESSIVE DU PMU
CHAPITRE V : LES FACTEURS DE RISQUE DE LA PRATIQUE
EXCESSIVE DU PMU
1. LE MANQUE D'ACTIVITÉ COMME FACTEUR
D'INCITATION AU JEU
La pratique du PMU réunit quotidiennement des
parieurs qui sont majoritairement sans contrainte professionnelle. En effet,
79,5% d'entre ceux qui ont été interrogés sont des
retraités ou encore des sans emplois.
Le PMU se présente donc comme une alternative
pour ces parieurs voulant échapper à l'oisiveté. Ils
voient au PMU une occupation temporaire pour certaines, mais définitive
pour d'autres, de « passer le temps » et aussi de gagner de
l'argent. Pour les plus jeunes qui pratiquent ce jeu, c'est un moyen de
s'éloigner de la délinquance. Ils disent : «
le PMU nous occupe ; on ne gagne pas toujours..., mais c'est
mieux qu'aller voler ». Quant aux parieurs
âgés, majoritairement à la retraite, le PMU se
présente comme une opportunité de rehausser leur revenu mensuel.
Ils disent souvent « on joue au PMU pour gagner de
l'argent..., c'est mieux que demander de l'argent à gauche et à
droite.»
Toutefois, l'absence d'occupation constatée chez
la grande majorité des parieurs est un véritable catalyseur de
leur implication dans le jeu. Cet état d'inactivité leur laisse
la possibilité de s'adonner presque quotidiennement à la pratique
du PMU. Ainsi, les 70.5% d'entre eux reconnaissent avoir au minimum six jours
de présence effective par semaine sur les lieux de paris hippique. Aussi
près de la moitié d'entre eux (soit 49%) passent au moins cinq
heures d'horloge à jouer au PMU. Cela est dû au fait que le PMU a
cette particularité de demander au parieur un suivi régulier.
Ainsi, le parieur doit constamment connaître « un grand nombre
de chevaux, de jockeys, d'entraîneurs, d'hippodromes, et lire
régulièrement la presse spécialisée [...] notamment
les pages hippiques de la presse » ( Martignoni-Hutin, 1993).
Ces statistiques précitées exposent et
établissent le lien entre l'assiduité de ces parieurs sur les
lieux de paris et le manque d'activité de ceux-ci.
L'inactivité pousse incessamment de nombreux
parieurs à s'impliquer davantage dans le jeu pour
«s'en sortir» selon leur propos. Elle les
amène progressivement à s'abandonner entièrement à
la pratique du PMU. Ainsi, le jeu s'incorpore dans leur emploi du temps. Leur
présence sur les lieux de paris devient une habitude et prendre des
paris devient au fil du temps une nécessité.
Les lieux de pari se transforment petit à petit
pour ce type de parieurs en un véritable «lieu de
travail ». Ce constat est très souvent fait au PMU PLR
organisé dans des endroits clos nommés « espaces
course », où l'ouverture est à 8 heures et la
fermeture à 21 heures correspondant respectivement aux heures
d'arrivée et de départ de certains parieurs. C'est le cas du
parieur ayant répondu au questionnaire n° 31, qui affirme qu'il
arrive souvent avant l'ouverture des lieux de paris et qu'il repart à la
fermeture de l'espace course.
L'investissement dans le jeu est total et les actions
posées en vue de continuer à jouer sont
« assumés individuellement, acceptés moralement,
vécus intensément [...] perçus comme des aspirations
légitimes à la réalisation de soi» ( Bromberger,
1998).
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