2. Les résultats des entretiens avec les
filleules
2.1. L'état d'esprit des filleules à
l'entrée dans le parrainage
Les trois filleules que j'ai interrogées, malgré
leurs diplômes, leurs expériences de stages et d'emplois et leur
motivation, recherchaient un emploi depuis plus d'un an. Il
m'intéressait donc tout d'abord de savoir dans quel état d'esprit
elles se trouvaient lorsqu'elles sont rentrées dans le dispositif du
parrainage.
Les avis des filleules étaient tous différents,
l'une évoquant l'espoir qu'elle a ressenti à l'idée que le
parrainage allait lui permettre de rencontrer des gens et de se faire un
réseau. Une autre plus sceptique car au début, pour elle, NQT
était une association comme une autre, « une autre alternative
au Pôle Emploi, dit-elle, qui va essayer de nous aider sans trop
d'efforts ».
Finalement, l'avis de la troisième filleule dans
l'encadré ci-dessous illustre bien son ressenti :
« Je me souviens que dans ma promotion on
était même prêts à enlever des lignes du CV pour
montrer qu'on était moins qualifiés pour trouver du boulot. C'est
pour te dire à quel point on cherchait du boulot, c'était
vraiment la crise. Donc quand tu reçois un mail de l'association te
disant qu'ils vont te mettre en relation avec un des vice-présidents de
Disneyland, c'est impressionnant. C'est une personne comme toi et moi mais son
titre fait que tu te demandes pourquoi il va perdre son temps avec moi.
»
JP entrée dans le dispositif en 2009 après un an
et demi de recherche d'emploi
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2.2. Le bilan post-parrainage
La majorité des retours des filleules étaient
positifs. Une des filleules a évoqué le fait d'avoir l'impression
de « vraiment exister » parce que quelqu'un a porté
de l'intérêt à ce qu'elle réussisse à sortir
du chômage.
Une autre filleule a décrit le dispositif du parrainage
comme étant « une sorte de roue de secours : on sait qu'il y a
une sorte de filet de sécurité qui fait que si on tombe on ne
tombe pas complètement à terre ». Pour elle, le
parrainage l'a rassurée et lui a permis « d'avoir conscience
qu'il y a des gens qui ont de l'empathie et qui s'engagent dans des
démarches aussi altruistes. Ça réconforte un peu dans la
dureté de la recherche », dit-elle.
Une troisième filleule se remémore
l'accompagnement de son parrain : « j'ai le souvenir qu'il m'ait dit
plus de points positifs que de points négatifs. Ça me confortait
dans ma présentation. Le fait qu'un vice-président te dise `tu as
une super présentation et un bel entretien', tu en es fière
».
Cette filleule semble avoir fortement apprécié
la motivation et l'implication de son parrain. Elle l'a décrit comme
étant quelqu'un de « génial, à l'écoute,
abordable et la mettant à l'aise ». Et ces qualités
l'ont motivée et lui ont redonné confiance en elle : «
Je trouve vraiment que j'ai eu beaucoup de chances parce que quand
ça fait un an et demi que tu cherches, et que tu vois qu'en l'espace de
2 mois tout se chamboule, tu ne peux dire que du positif. »
- Les déceptions
Néanmoins, cette filleule a également eu une
expérience qui a été décevante car sa
deuxième marraine n'avait pas été disponible : «
Elle a été très absente à la fois
psychologiquement et physiquement. Elle était très
débordée. Je pense que psychologiquement je suis assez
amère de cette deuxième expérience ».
- Les attentes satisfaites
Quand je leur ai demandé si elles considèrent
que leurs attentes ont été satisfaites, elles ont unanimement
répondu que oui. Ce qu'elles attendaient du dispositif du parrainage en
général et de leurs marraines et parrains en particulier
c'était de les mettre en lien avec un réseau.
Elles semblent toutes considérer que leurs attentes ont
été satisfaites dans ce sens-là en disant :
« Le parrainage m'a permis de développer mon
réseau ».
« Quand tu sors de l'école ce qui te manque
aujourd'hui c'est un carnet d'adresse, sauf si tu as la chance d'être
issue d'une famille qui a de nombreux contacts, ou si tu sors d'une belle
école même. Ce que j'attendais c'est des conseils et surtout un
carnet d'adresses ».
« Mon souhait c'était vraiment qu'ils me
mettent en relation avec les bonnes personnes. Je ne demandais pas un travail
je demandais un nom de quelqu'un dans une boite qui était peut
être intéresse par mon profil. Que derrière j'aille me
vendre, c'est tout ce que j'attendais. »
« Oui, parce que ma première attente a
été vraiment de rencontrer des gens et d'avoir son réseau
et aussi de savoir comment je pourrai me présenter au mieux pour coller
le plus possible aux offres d'emploi».
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