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Le parrainage : un outil d'insertion professionnelle, l'exemple de Disneyland Paris et les jeunes diplômés de "nos quartiers ont des talents".

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par Moon Torbey
IAE Gustave Eiffeil - Master 2 Gestion des ressources humaines internationales 2013
  

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1.2. Le bilan post-parrainage

Deux sortes de bilans post-parrainage ressortent : d'un côté, les prises de conscience de certains parrains et marraines. D'un autre côté, les éléments pouvant constituer un obstacle au bon déroulement du parrainage.

- Les prises de conscience

Suite à son premier parrainage, une marraine a dit prendre conscience qu'elle « était utile » et qu'elle « amenait de la valeur très concrètement au-delà de la relation humaine qui se créée. »

Une autre marraine dit qu'elle a rencontré deux exemples qui lui montrent qu'il faut que ce soit la personne qui décide. Pour elle, « c'est ça qui est le plus important, il faut que les filleuls fassent leur chemin. »

Selon un des parrains, « il ne s'agit pas de leur changer leur nature mais plus de les rendre compatibles ou de leur permettre d'avoir les clés». Il explique son idée en disant qu'on est « dans une société de signes extérieurs : les signes de présentation, les signes de savoir-être ». Il insiste sur l'importance de savoir manipuler ces signes tout en gardant « sa nature propre ».

Finalement, un parrain relate son expérience en disant qu'il a essayé de montrer à sa filleule qu'elle avait beaucoup de qualités qu'il fallait qu'elle mette en valeur.

- Les éléments pouvant constituer un obstacle au bon déroulement du parrainage

Trois personnes interviewées ont insisté sur le fait que si les filleuls attendent que les parrains et marraines leur trouvent un travail, cela ne marchera pas. « Ce qui va marcher c'est que la personne ait vraiment envie qu'on l'accompagne dans cette démarche ». L'efficacité du parrainage repose ainsi sur sa compréhension et son appropriation par chacun des deux acteurs. Une marraine relate l'expérience suivante avec une pointe de regret :

« Une des filleules que j'ai encadrée n'avait pas envie d'apprendre, elle espérait que par mon réseau j'allais lui trouver un travail. Si elle m'avait convaincue j'aurais pu la prendre dans mes équipes. Si elle avait juste été plus ouverte j'aurai pu être efficace. »

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1.3. Les compétences nécessaires selon les parrains et marraines

Avant de présenter la liste des compétences mentionnées par les marraines et les parrains, je tiens à préciser que deux des interviewés se sont demandés si le terme « compétences » était le plus approprié. En effet, pour eux il s'agissait plutôt de qualités.

Selon EV, il ne s'agit pas de compétences car « un mentor en entreprise doit avoir des compétences bien supérieures à celles-là37. Dans le rôle d'un parrain il y a une notion d'accompagnement personnel. Je ne raisonne pas en termes de compétences mais plus en termes d'aptitudes et de caractéristiques. »

Une autre réponse s'est aussi démarquée du reste des réponses. Il s'agissait d'une marraine pour qui « aucune compétence n'est nécessaire sauf d'y croire ».

La synthèse des discours des quatre personnes fait ressortir neuf compétences qui, à leur avis, sont inhérentes à leur rôle. Certaines compétences ont été clairement nommées par les interviewés (telle que la capacité d'écoute, avoir de l'empathie, respecter la personne) alors que d'autres, non. Concernant ces dernières, je les ai moi-même nommées de la manière qui m'a paru la plus représentative de leurs propos. L'ensemble de ces compétences est détaillé ci-dessous :

- La capacité d'écoute et l'empathie

La capacité d'écoute a été évoquée par deux personnes :

« Il faut pouvoir écouter, poser des questions, ça permet au filleul de se recentrer et de se resituer. »

« Il faut avoir la capacité d'écoute c'est ça qui va d'abord créer le lien. Il faut évidemment répondre à leurs questions mais aussi aller un peu plus loin, essayer de ressentir la situation et les interrogations profondes que les gens peuvent avoir pour en parler et essayer d'apporter notre éclairage. Il faut être psychologue, c'est-à-dire essayer de comprendre la personne, par ce qu'elle dit mais aussi surtout par tout ce qu'elle ne dit pas. Essayer de comprendre un petit peu qui elle est et ce qu'elle attend et donner notre vision des choses. »

La majorité semble être d'avis qu'il faut un peu d'empathie. Ils l'ont tous exprimé plus ou moins explicitement. Pour certains, cela se caractérise par le fait d' « adapter son discours aux attentes de la personne qu'elles soient formulées ou pas. Il faut répondre aux questions mais aussi aller plus loin et derrière ce qui est dit ».

37 La liste de compétences sera détaillée dans la page suivante.

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D'autres décrivent cette compétences en la comparant au fait d' « être psychologue, c'est à dire essayer de comprendre la personne, par ce qu'elle dit mais aussi surtout par ce qu'elle ne dit pas. Essayer de comprendre un petit peu qui elle est et ce qu'elle attend. »

L'empathie a aussi été décrite par un parrain comme le fait « de ressentir la situation et les questions et les interrogations profondes que les gens peuvent avoir. »

- La rassurance et le soutien moral

« Comme ils sont souvent fragilisés par la situation et par l'échec, le fait de pouvoir leur dire `c'est normal' les rassure. Ce qu'ils me disent le plus souvent c'est que le fait de parler leur donne une bouffée d'oxygène, ils se sentent soutenus et ils peuvent regarder plus loin que la simple lettre de refus qu'ils reçoivent tous les jours. »

Tous les interviewés étaient du même avis en disant qu'il faut donner envie aux filleuls, il ne faut pas les décourager, il ne faut jamais les juger. Selon un des parrains, « il faut essayer de leur montrer qu'il y a du travail et que trouver du travail c'est un travail. »

Pour une des marraines, cela signifie se mettre au niveau des filleuls : « On va se parler d'égal à égal : il n'y a plus de titres, il n'y a plus d'expérience. Et ça met les filleuls à l'aise. »

- La subjectivité - et non pas la neutralité - bienveillante

Pour deux parrains, il est important d'adopter une attitude non seulement de bienveillance mais aussi de « modestie ». Quand je leur demande si une « attitude modeste » serait synonyme de neutralité, tous deux me disent qu'il ne s'agit pas vraiment de neutralité. Pour eux, dès lors qu'ils donnent leurs avis, ils rentrent dans une forme de subjectivité, mais sans nécessairement imposer leur avis. L'un des parrains explique ce processus de la manière suivante :

« Il faut avoir une subjectivité qui se présente extérieurement au filleul. Froidement dit : « voilà, ce qui à mon avis vous manque de tel point de vue, voilà ce qui à mon avis n'est pas à changer et voilà une zone grise qu'il faudrait peut-être qu'on change ensemble. »

Et la réponse évoquée par le deuxième parrain :

« Neutre, oui et non parce que lorsqu'on donne son avis on n'est pas neutre, mais on peut le faire avec beaucoup de doigté et de psychologie pour ne pas essayer d'imposer quelque chose.

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Ce sont des propositions qu'on fait, ce sont des idées qu'on lance et les gens les prennent ou ne les prennent pas. »

- Laisser le filleul faire son propre chemin

« Moi je dis souvent aux jeunes que je rencontre, ce n'est pas moi qui vais faire l'exercice, c'est vous. Moi je peux vous proposer une méthode de travail, un suivi personnalisé et je veux vous entendre me dire ce que vous avez fait pour vous-même. Je pense que c'est la seule qualité aujourd'hui qui doit ressortir. »

Les trois autres interviewés étaient du même avis. Pour eux, il est important que le filleul ait compris dès le début que ce sera à lui de faire le travail et que eux (les marraines et les parrains) sont là pour les accompagner, « leur donner une méthodologie, une écoute et un support. »

Une marraine relate une expérience qu'elle a eue avec une de ses filleules : « Il y a un poste de cadre qui lui est proposé et elle me demande ce qu'elle doit faire. Je lui dis que ce n'est pas à moi de décider. Elle a pris ce poste et elle a fini par mettre fin à la période d'essai toute seule parce qu'elle s'est dit que ce n'était pas ce qu'elle voulait. C'est un exemple qui me montre qu'il faut que ce soit la personne qui décide, il faut aller jusqu'au bout avec la personne dans ses choix. Je pense qu'au fond, au bout du bout, les gens savent ce qu'ils veulent. C'est ça qui est le plus important, il faut qu'ils fassent leur chemin. »

- La capacité d'être conscient de ses propres processus mentaux et de savoir dire les choses

« Il ne faut pas caser aux filleuls des poncifs : ` il faut absolument être comme ça pour y arriver, etc.' Il ne s'agit pas de lui caser un stéréotype en lui disant `ressemble moi, ça va marcherÇ mais bien de lui donner les clés. Par exemple, si c'est une question comportementale ou physique, il faut lui faire passer délicatement le message qu'en modifiant un petit peu quelque chose auquel il n'avait pas pensé, sa personne en tant que telle passerait mieux, sans changer sa nature. »

En résumé, pour garder cette attitude bienveillante, il semble important que les marraines et les parrains eux-mêmes aient une qualité de recul non seulement par rapport à eux-mêmes, mais

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aussi par rapport à la personne : « Il faut avoir fait la part des choses entre ce qui va être nécessaire au filleul et indispensable pour qu'il progresse et ce qui peut être laissé de côté. »

- La disponibilité

Deux interviewés ont mis l'importance sur le fait d'être disponible. Cette disponibilité se manifesterait en termes de temps consacré au filleul et en termes d'attention porté vers le filleul lors de l'entretien : « Il faut se dire qu'on passe du temps avec la personne et qu'on est intellectuellement focalisé sur elle, on ne pense pas à autre chose. Et il ne faut pas qu'on soit pressés. » Et ce parrain enchaine : « Il faut vraiment que ce soit un échange vrai où il se passe quelque chose, quelque part. »

- Le respect de la personne

La capacité de respecter la personne est ressortie dans tous les échanges de manière plus ou moins directe. Dans les propos des interviewés, cette compétence semblaient être assez proche de la compétence « attitude modeste ». J'ai tout de même fait le choix de les dissocier car les réponses dans cette catégorie évoquaient plus ou moins explicitement la notion de « respect ». La plus explicite étant qu'il faut respecter la personne qui est en face de nous, il faut essayer d'être extrêmement modeste et respectueux. Les réponses moins explicites impliquaient le fait qu'il faut, en tant que parrain ou marraine, essayer d'apporter notre éclairage : « Ce n'est pas essayer d'imposer quelque chose, de dire que c'est une bonne réponse. C'est la nôtre, c'en est une parmi d'autres et la personne va construire quelque part son puzzle à elle et va s'approprier certaines choses qui lui paraissent bonnes. »

- La capacité de demander de l'aide des autres

Cette idée a seulement été évoquée par un seul parrain. Selon lui « il faut savoir quelle sonnette activer, quel bout de compétence activer, certains appellent ça le réseau. Si on ne sait pas analyser un CV, on va voir le responsable RH pour comprendre. Il faut aussi avoir une sorte de réseau relationnel exploitable pour ceci ou au moins des connaissances sur lesquelles on pourrait s'appuyer pour avoir un avis objectif. »

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault