1.2.3. Le numérique favorise l'autonomie des
apprenants
Ces dernières années les MOOC ont fait leur
apparition suscitant un grand engouement et proposant des situations
d'autonomie aux apprenants avec des activités variées, dynamiques
et en mettant en place de nouvelles formes d'interactions avec les contenus.
Les apprenants sont libres dans leurs apprentissages. Grâce aux
technologies les apprenants sont situés au centre de leurs
apprentissages, ils peuvent choisir leurs objectifs et leur parcours
pédagogique et les réguler. Ces situations d'autonomie pour
l'apprenant se sont développées dès les années 2000
avec l'apparition des logiciels et des plateformes de e-learning. L'avantage de
ces nouvelles techniques est de permettre à l'apprenant d'accéder
au savoir à tout moment et depuis n'importe quel lieu connecté.
L'autonomie peut intervenir à deux niveaux : tout d'abord au niveau du
traitement des contenus et dans la construction du parcours
pédagogique.
La question de l'autonomie de l'apprentissage est mise en
exergue avec les réflexions de « formations tout au long de la
vie », que les formations soient formelles ou informelles (les
enseignants ou tuteurs s'effacent des formations). La question se pose donc de
savoir si les dispositifs technologiques développent le sens de
l'autonomie de ses utilisateurs, ou si au contraire ils nécessitent des
compétences préalables et des prédispositions à
l'autonomie d'apprentissage.
Nous plongeons donc dans les recherches menées sur la
question de l'apprentissage autorégulé. Selon Pintrich (2000)
« ... L'apprentissage autorégulé est un
apprentissage actif et constructif dans lequel les apprenants organisent et
tentent de superviser, de réguler et de contrôler leur
cognition, leur motivation et leurs comportements en fonction de leurs buts
et des caractéristiques du contexte. »
(F. Amadieu & A. Tricot, 2014, 27)
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Un apprentissage régulé fait appel chez
l'apprenant à différentes ressources motivationnelles,
métacognitives et cognitives (Ziemmerman, 1990) telles que la
capacité de gérer son temps et ses efforts. L'apprenant doit donc
avoir des capacités d'auto-analyse afin de remédier aux
disfonctionnements de ses stratégies d'apprentissage. Il doit ainsi
être capable d'analyser sa stratégie d'apprentissage, d'en
évaluer les inefficacités afin de pouvoir en changer. Les
apprenants sachant s'adapter et être autonome sont
généralement plus performants que les apprenants plus passifs
(Ziemmerman & Martinez-Pons, 1988).
L'autonomie face à l'apprentissage avec les
hypermédias (documents numériques dans lesquels les apprenants
construisent leur propre parcours) est un cas particulier. Selon Azevedo et
coll (2010), ils nécessitent clairement des compétences
métacognitives (connaissances et compétences que les apprenants
ont sur les tâches d'apprentissage). Leurs travaux font ressortir des
besoins pour les apprenants de contrôle de leurs connaissances et de
gestion de la planification, des buts, des efforts et des stratégies en
fonction du contexte (Azevedo & Cromley, 2004). Les connaissances
antérieures sont également des ressources importantes contribuant
à l'autonomie des apprenants. En effet, Moos & Azevedo ont
démontré en 2008 que les apprenants ayant plus de connaissances
antérieures sur le sujet étudié, savent davantage
planifier et réguler leur apprentissage dans un hypermédia.
Les travaux sur les cours en ligne aboutissent aux mêmes
conclusions. Il ressort des observations de Yukselturk & Bulut (2007) que
les apprenants en réussite sont ceux présentant un fort
engagement vis-à-vis de la formation, et supervisant leur propre
apprentissage. A l'inverse les élèves en situation d'échec
seraient des apprenants qui sous estimeraient le temps et les efforts
nécessaires pour un apprentissage en ligne réussi. En effet les
cours en ligne peuvent s'avérer plus exigeants que les cours en
présentiel du fait que l'accompagnement soit amoindri. On pourrait alors
croire que les apprenants en situation d'échec s'immergeraient dans une
illusion de facilité technologique.
Nous venons donc de voir que les environnements
numériques exigeaient des compétences afin de parvenir à
un apprentissage autorégulé. Cependant ces outils proposent de
plus en plus des systèmes d'accompagnement aidant les apprenants dans
leur autorégulation. Ces outils de guidage appelés «
prompts » par Lehmann, Hähnlein & Ifenthaler (2014)
peuvent se présenter sous forme de question simple, de phrases à
compléter ou encore de consigne d'exécution. Ils influent sur les
stratégies métacognitives, sur les stratégies
d'élaboration et de stimulation mentales et aussi sur les
motivations.
Finalement selon Amadieu et Tricot (2014), les contextes
d'apprentissages en ligne exigent bien des compétences préalables
envers la conduite d'apprentissages autorégulés contrairement aux
idées reçus. L'utilisation d'outils et de ressources
pédagogiques numériques doit se faire en tenant compte des
compétences des apprenants ou en réduisant les exigences en
mettant en place un accompagnement adapté (en mettant en place des
prompts par exemple).
« Au final, pour être autonome, il faut parfois
être plusieurs... »
(F. Amadieu & A. Tricot, 2014, 33)
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