Conclusion
Au terme de cette étude, nous avons une vision plus
générale des diverses motivations des apprenants dans les MOOC.
Nous avons pu observer les impacts et les enjeux de la valorisation des acquis
sur la motivation des apprenants dans un contexte de formation gratuite ouverte
et massive.
Nous avons ainsi pu apporter des éléments de
réponses à la question que nous avions initialement
soulevée.
Pour ce faire nous avons dans un premier temps
étudié les évolutions des méthodes d'enseignements
à distance afin de resituer le concept des MOOC. Afin de ne pas nous
laisser guider par des mythes technologiques nous avons étudié
les pièges que le numérique tend à la formation à
distance ou à la formation hybride. L'étude de ses mythes nous a
également permis de prendre du recul sur l'impact du numérique
sur notre société de manière plus globale.
Pour répondre à notre problématique dans
son ensemble, nous avons également dû clarifier les
différents processus de certification et de validation afin d'en saisir
toutes ses subtilités. Des différents modèles
d'évaluation plus ou moins adaptables à une pédagogie
numérique de masse, aux processus de certifications et de
reconnaissances. Grâce à ces éléments
théoriques et conceptuels nous avons pu comprendre les
problématiques et les enjeux de la reconnaissance des acquis de
l'expérience et professionnelle.
Articulé autour de ces deux points clés nous
avons cherché à re-contextualiser notre problématique afin
d'émettre diverses hypothèses possédants trois
degrés d'intégration différentes des outils de validation
des acquis. :
- la certification vue comme une « monnaie de singe
»,
- les prémices de la reconnaissance des MOOC grâce
à la certification,
- le MOOC vu comme un outil d'intégration
professionnelle
Nous avons suivi de suivre une approche sociologique et non
qualitative du principe de certification.
Afin de répondre à notre problématique,
nous l'avons scindé en deux parties : les effets motivationnels
liés à l'inscription à un MOOC et les effets
motivationnels liés à l'achèvement de ce dernier. Nous
avons donc vu que le profil des apprenants de MOOC était principalement
des individus dans la vie active ou en formation continue. Deux
éléments motivationnels les ont poussés à
s'inscrire : une motivation extrinsèque identifiée à un
besoin de connaissance, augmenté d'une motivation intrinsèque
liée à la connaissance et au plaisir d'apprendre. Ces
différents types de motivation sont provoqués par
l'indéniable besoin de reconnaissance professionnelle et le plaisir
personnel du contenu étudié.
L'achèvement de ces MOOC requière des
motivations intrinsèques complémentaires liées à
l'accomplissement de soi (avec la volonté d'aller au bout du processus
pédagogique) et
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à la stimulation (motivation d'échanger avec les
acteurs du MOOC et motivation d'une valorisation personnelle).
Grâce à l'identification des besoins des
individus, nous avons pu chercher la place de la certification comme
réponse à ces besoins. Nous avons pu voir grâce à
notre enquête que la certification ne joue pas un rôle
déterminant dans le choix d'une formation par MOOC mais que ces derniers
subissaient vraisemblablement un manque de reconnaissance professionnelle,
requérant ainsi un fort besoin de motivation d'ordre personnel.
En revanche, ses effets sur l'achèvement du processus
d'apprentissage se fait d'avantage ressentir. Elle favorise la motivation
intrinsèque liée à l'accomplissement de soi, grâce
à son aspect symbolique de l'achèvement, à l'image de la
bannière d'arrivée d'une course. Elle joue également sur
la motivation intrinsèque de la stimulation grâce à son
aspect valorisant pour l'individu. En effet, la certification explicite une
certaine reconnaissance nominative pour un travail et un investissement
fournis.
Mais bien que l'on puisse trouver à la certification
(ou tout système de reconnaissance des acquis) des effets positifs sur
la motivation des apprenants, il réside tout de même des
incertitudes et des disfonctionnements. Le manque
d'homogénéité et de cadre pour la validation des acquis
dans les MOOC ne permettent pas une reconnaissance professionnelle ou
académique à ce jour. De plus, l'incapacité actuelle
à gérer de manière distancielle l'évaluation de
masse ne permet pas de garantir la même certification que celles
délivrées par le parcours apprenant traditionnel.
On voit cependant tendre une évolution vers une
normalisation du système de validation et de certification des MOOC
grâce à la possibilité d'obtention d'ECTS (normé au
niveau européen). Cette évolution reste donc à
analyser.
Actuellement le ministère de l'enseignement
supérieur en lien avec les chambres de commerces et autres institutions
publiques, porte le projet E-poertfolio pour une meilleure reconnaissance des
compétences académique, personnelles et professionnelles. En
couplant le processus de normalisation académique aux dynamiques
publiques, les MOOC pourraient se retrouver au coeur d'un projet de
valorisation des compétences. Ce projet portant des valeurs identiques
au concept du MOOC, de par sa notion de badge de compétences et de son
système de reconnaissance basé sur la conception sociale
décrite par Paul Ricoeur, apporterait une réponse à la
problématique première des MOOC : son manque de reconnaissance et
de visibilité professionnelle.
Ce projet étant encore en cours de réflexion,
nous ne pouvons nous positionner catégoriquement sur ses effets
bénéfiques pour le taux de participation dans les MOOC.
Au niveau académique, face à la
difficulté de positionner les MOOC sur un plan économique
établi, de nouveau schéma se dessinent. Nous pouvons voir chez
nos voisins (à l'Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne
- EPFL) que les MOOC intègrent des cursus complets de formation. Le MOOC
devient une partie inhérente à un parcours de formation pour
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des étudiants de l'école EPFL mais reste
accessible et de manière gratuite (avec la possibilité d'obtenir
2 crédits ECTS) pour toute personne souhaitant suivre le MOOC.
L'école intègre donc la réalisation du MOOC dans le
système de rémunération des enseignants,
complétée par la rémunération apportée par
la certification. Il permet en parallèle la promotion des cours de
l'EPFL.
Au regard de ces conclusions, nous ne pouvons nous positionner
catégoriquement sur l'une de nos hypothèses. A ce jour
très peu d'auteurs se sont penchés sur la question des effets de
la certification sur la motivation tant dans un contexte de formation continue
que de formation initiale. Le concept de MOOC se cherchant encore une
stabilité économique et pédagogique ne facilite pas les
recherches scientifiques. Ainsi ce travail de recherche pourrait être
amené à être complété ou revu dans les
prochaines années afin vérifier nos résultats.
Il avait été initialement prévu un
entretien complémentaire à l'enquête afin d'optimiser les
résultats qualitatifs de cette recherche. Malheureusement le temps
imparti à la réalisation de ce mémoire ne m'a pas permis
de mettre en place le protocole. Il s'agirait donc d'une piste possible afin
d'obtenir des résultats plus complets. De plus avec le recul de
l'analyse effectuée sur ce questionnaire, certaines données
pourraient être modifiées afin de faciliter les comparaisons des
profils étudiants et des profils d'apprenants de MOOC.
Malgré ces pistes d'amélioration, nous
positionnons les résultats de la recherche comme étant un
intermédiaire entre deux de nos hypothèses. A savoir : « les
prémices de la reconnaissance des MOOC grâce à la
certification » et « le MOOC vu comme un outil d'intégration
professionnelle ». Grâce aux débuts de la normalisation des
certifications des MOOC et au développement de projets plus large
plaçant ce type de formation au coeur des problématiques
publiques, la reconnaissance professionnelle des MOOC est en marche. A l'image
de la formation à distance le processus de reconnaissance sera long pour
obtenir une acceptabilité sociale. Cette reconnaissance reste
également très dépendante de projets plus vastes.
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