Motivation des apprenants et valorisation des acquis dans les MOOC.( Télécharger le fichier original )par Eloïse JOYEUX Université de Poitiers - Master 2 Ingénierie des Médias pour là¢â‚¬â„¢Education 2015 |
5.2.2. Les effets sur la participation5.2.2.1. La signification des taux d'abandon dans les MOOC Les éléments d'achèvement dans les MOOC : Bien que le nombre de réponses reste relativement faible chez les participants des MOOC nous pouvons émettre l'hypothèse que la motivation suscitée par la confiance envers l'émetteur du MOOC joue un rôle important dans celle des apprenants à s'inscrire et finaliser leur MOOC. L'analyse des réponses qualitatives nous amène à approffondir cette même réflexion. Sur un total de 45 réponses fournies par un panel d'apprenants ayant achevé au moins un MOOC, les deux réponses ayant reçu plus de dix récurrences étaient « l'intérêt pour le sujet » et « la capacité d'obtenir une certification (ou attestation) par une école connue ». Nous ne reviendrons pas présentement sur les motivations intrinsèques liées au plaisir d'apprendre. Pour répondre à notre problématique nous allons davantage nous pencher sur l'analyse des motivations à l'obtention d'une certification. La Certification : Nous avons vu précédemment que les MOOC étudiés par l'intermédiaire de nos répondants délivraient majoritairement des certificats de réussite. Nous nous retrouvons donc dans le contexte de programmes d'étude certifiés. Ils répondent à des normes de validation de références définies par des institutions garantissant une reconnaissance officielle. En prenant l'exemple d'un certificat de réussite du MOOC d'OpenClassrooms (Figure 33) nous nous rendons vite compte que nous ne nous trouvons pas dans ce cadre de référence. Alors que le terme certificat induit la notion de reconnaissance, aucun organisme agréé n'a visiblement attesté la validité du programme pédagogique et le système de validation mis en place par OpenClassrooms. Nous ne sommes finalement pas dans un processus pédagogique certifiant et/ou qualifiant. Bien que le terme certification se soit banalisé et ne réponde plus aux exigences le caractérisant, certains MOOC utilisent encore ce terme à bon escient. Nous nous sommes précédemment attardé sur le profil d'un sujet en particulier ayant suivi un MOOC sur la plateforme simplon.co. Cette plateforme atteste bien que ses formations gratuites ne sont ni certifiantes, ni diplômantes à l'inverse de ses formations rémunérées certifiées par la Fafiec21. A l'image de ce type de formation, des MOOC certifiés ont fait leur apparition dernièrement. En délivrant des crédits ECTS, ces derniers cherchent à re-crédibiliser la validité 21 Pour rappel : OPCA de la branche numérique 73 de leur certification. En effet bien que les ECTS soient délivrés selon les normes de chaque école ou université, il entre notamment dans le cadre des programmes ERASMUS et ERASMUS MUNDUS et sont ainsi reconnus entre les institutions ayant signé un accord avec ces programmes. Figure 33 : Exemple d'un certificat de réussite délivré par la plateforme d'OpenClasseroms Nous pourrions nous demander pourquoi banaliser le terme certificat si les plateformes ne possèdent pas de réelle accréditation. Le processus de validation ayant pour but de valider les connaissances et les compétences se caractérisent par un renforcement de la confiance en soi et dans le cas de certaines validations des acquis (par exemple la VAE) peuvent permettre d'accéder à des emplois spécifiques ou des promotions, elles peuvent également permettre l'admission dans des programmes de formation ou l'obtention d'équivalences et/ou d'unités (ECTS par exemple). Ce terme a ainsi un fort pouvoir motivationnel lié aux motivations intrinsèques de la connaissance et de l'accomplissement. Au regard de la figure 22 nous pouvons ainsi rassembler les certificats de réussite et les attestations de réussite sous la même dénomination. Le troisième outil plébiscité par les MOOC est la délivrance de badges afin d'attester de l'obtention de compétences spécifiques. L'obtention de Badges : Le système d'obtention de badges est développé pour la première fois par la fondation Mozilla en collaboration avec la fondation MacArthur. Ces badges sont communément appelés `Open Badges' soit `badges ouverts'. Tous types d'acteurs peuvent émettre un badge, qu'il 74 s'agisse d'écoles reconnues ou de simples cours en ligne. Ces badges peuvent être délivrés à différents niveaux : symbolique, motivationnel ou de manière plus spécifique et rigoureuse. Ils sont décernés aux apprenants pour les connaissances et les compétences acquises et permettent une communication numérique des compétences acquises en les partageant sur une page personnalisée ou en développant un CV en ligne (souvent compatible avec les réseaux sociaux professionnels de type LinkedIn). Le principe motivationnel de ce type de reconnaissance est basé sur la valorisation des acquis par le biais de la ludification qui se caractérise par cinq points : la collection, le gain de points, la boucle d'engagement, les échanges entre « joueurs » et la personnalisation du service. Le principe est d'augmenter l'acceptabilité et l'usage des situations d'apprentissage en s'appuyant sur la prédisposition des personnes au jeu. Les données qualitatives relevées ne font pas mention d'un effet positif de cette méthode. Cependant, elle pourrait avoir des effets sur l'inconscient motivationnel des sujets, notamment la motivation intrinsèque à la stimulation. En effet cette méthode est régulièrement considérée comme une « technique de manipulation » voir de « cauchemar dystopique pervertissant le plaisir de jouer22 ». Les éléments d'abandon dans les MOOC : Comme nous avons pu le voir précédemment dans ce mémoire un grand nombre d'inscrits à des MOOC n'ont jamais été plus loin que la simple inscription. Ayant sondé des personnes actives sur les réseaux sociaux de MOOC, il est très peu probable que ce type de profil ai pu répondre au questionnaire. Nous laisserons donc cette catégorie en dehors de notre analyse et nous chercherons d'avantage à comprendre ce qui a pu pousser les 38% des apprenants à ne pas achever leur MOOC (figure 21). Sont-ils des « rôdeur », des « actifs modérés » ou des « «actifs mémorable »23 ? Selon nos retours qualitatifs il s'agirait d'avantage d'actifs modérés voir d'actifs mémorables en manque de temps pour mener à bien leur formation (16 récurrences). Leur abandon n'est donc pas spécifiquement lié à un manque de motivation (quelle qu'elle soit). A contrario, les abandons liés au manque de motivation, au manque de projets concrets ou à l'intérêt unique pour les ressources de la formation sont bien plus issus d'un manque de motivation intrinsèque (pour 6 répondants). Ce profil serait d'avantage associé à celui du rôdeur. Des outils facilitant la motivation attachés à la recherche de connaissance, à l'accomplissement de soi ou à la stimulation aideraient leur non décrochage. Pour les cinq autres apprenants un accompagnement plus personnalisé faciliterait leur réussite car ces abandons sont issus de difficultés techniques ou de la complexité de la formation. 5.2.2.2. La certification comme outil d'intégration Nous avons vu dans la partie 3 de ce mémoire que la certification peut avoir un impact sur l'intégration des apprenants. A l'image de la VAE, les certifications issues de MOOC pourraient trouver leur place dans la valorisation des acquis de l'expérience, notamment pour 22 Selon Ian Bogost du magazine Gamasutra 23 Selon la terminologie de Waard et al., 2010 75 les MOOC dispensant des crédits ECTS par exemple en les intégrant à un portefeuille de compétences certifié par un organisme ou une institution validant la qualité et les qualifications d'acquis professionnels. Plus précisément, un portefeuille de compétence est un dossier contenant les réalisations et les apprentissages passés qui indique selon un modèle spécifique les apprentissages et les expériences en association avec des objectifs pédagogiques sur un sujet où l'apprenant cherche à acquérir une validation. Tout comme chaque individu possède ses propres caractéristiques physiques, les parcours personnels, académiques et professionnels diffèrent. Grâce au portefeuille de compétences, ces spécificités sont mises en avant de manière organisée. Le profil principal des consommateurs de MOOC est un profil au bagage professionnel fourni (apprenants dans la vie active ou en formation continue). Ce portfolio professionnel est voué à suivre chaque individu tout au long de sa vie et a pour vocation la reconnaissance de compétences « informelles ». L'outil du portfolio (ou eportfolio) pourrait ainsi être une excellente réponse à la demande de reconnaissance des certifications des MOOC. En effet une compétence ne peut exister que si elle est observée et « fixée » dans la conscience de quelqu'un. Le principe du eportfolio se base sur la philosophie de Paul Ricoeur qui reconnait trois niveaux à la reconnaissance en apportant une conception sociale à cette dernière. La reconnaissance est portée à la fois par une personne mais aussi par les personnes l'entourant. - « l'identification : cela existe - La prise de conscience de soi : j'existe - La reconnaissance mutuelle : j'existe et tu existes » (Philippe-Didier Gauthier, Reconnaître les compétences, 2015) On retrouve d'ailleurs des termes similaires entre le MOOC, la réflexion de mise en place du eportfolio et notamment la notion de badge de compétences. Dans la logique eportfolio la place des certifications des MOOC prendrait une tout autre envergure et ces derniers deviendraient de véritables vecteurs d'intégration. Cela répondrait à la demande des étudiants (déjà consommateurs de MOOC ou non) et à leur principal élément décisionnel des choix de formation : la reconnaissance professionnelle (figures 16 et 24). 76 |
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